chapitre 5

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Le milieu de la nuit enveloppait notre maison dans un silence paisible, interrompu seulement par les bruits légers des insectes nocturnes et le souffle régulier de ma famille endormie. Je me redressai lentement dans mon lit, le cœur lourd mais résolu. La convocation reposait sur la table de chevet, le parchemin marquant un futur incertain pour ma famille et notre royaume.

Je savais ce que je devais faire. Avec des gestes précautionneux pour ne pas réveiller les autres, je pris la convocation et me faufilai dehors, la lune brillant faiblement dans le ciel étoilé. L'air nocturne était frais et portait avec lui un parfum de terre et de rosée.

Je me dirigeai vers la grange, mon sanctuaire d'enfance, maintenant témoin de ma transformation. Une fois à l'intérieur, je trouvai une vieille paire de ciseaux, usés mais encore tranchants. Tremblant légèrement, je pris une profonde inspiration. Chaque coup de ciseaux résonnait dans le silence de la nuit, un son déchirant qui semblait faire écho à l'intérieur de moi.

Des mèches de cheveux dorés tombaient au sol, emportant avec elles les souvenirs de l'enfant que j'avais été.
La douleur émotionnelle était intense, chaque mèche coupée était un adieu à ma vie passée. Une larme roula sur ma joue, mais je ne laissai pas la tristesse m'envahir. Je devais être forte, pour eux, pour notre royaume.

Une fois mes cheveux coupés courts, je m'habillai en silence. J'avais volé des vêtements de mon frère plus tôt dans la journée, les cachant dans la grange. En les enfilant, je sentais leur poids et leur texture différente, un rappel constant du rôle que j'allais jouer. Je serrai la ceinture autour de ma taille, ajustant la tunique et les pantalons, puis enfilai des bottes robustes.

Je me tournai vers un miroir ancien accroché à un mur de la grange. Mon reflet me parut étranger, mais je voyais aussi une détermination dans mes yeux. Une mélodie douce et mélancolique résonnait dans mon esprit, une musique imaginaire qui accompagnait chaque mouvement, chaque décision. C'était comme si le monde entier retenait son souffle, observant ma transformation.
Lentement, je sortis de la grange, laissant derrière moi les mèches de cheveux éparpillées sur le sol. La lune illuminait mon chemin tandis que je me dirigeais vers l'extérieur du village. Le poids de ma décision pesait sur mes épaules, mais je savais que c'était la seule voie possible.

En passant devant notre maison, je m'arrêtai un instant, regardant les fenêtres sombres. Mon cœur se serra à la pensée de quitter ma famille, mais c'était pour leur bien. Je leur écrivis une lettre plus tôt, expliquant mes raisons, priant pour leur compréhension.

Je continuai mon chemin, la convocation serrée dans ma main. Chaque pas m'éloignait un peu plus de mon passé, m'approchant de mon destin. Les larmes roulaient silencieusement sur mes joues, emportées par le vent nocturne. La nuit profonde m'entourait, mais une nouvelle aube se profilait à l'horizon. Je levai les yeux vers les étoiles, cherchant du courage dans leur éclat éternel. La musique dans mon esprit atteignait un crescendo, marquant le début de mon voyage.

Et ainsi, déguisée en homme, les cheveux courts et le cœur lourd, je marchai vers l'inconnu, prête à affronter les défis qui se dressaient devant moi.

.

Le lendemain matin, l'aube pointait à peine, projetant une lumière douce et dorée sur le château. Je me tenais devant les grandes portes en bois, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Les gardes étaient déjà en poste, surveillant attentivement les alentours. Je pris une profonde inspiration, sentant le poids de ma décision m'écraser un peu plus. Le retour était désormais impossible.
Je m'approchai des portes, ma main tremblant légèrement alors que je tendais ma convocation. Les gardes me regardèrent avec suspicion, mais ils prirent le parchemin sans poser de questions. Un des gardes, un homme à la carrure imposante et au visage buriné par les années de service, examina attentivement le document avant de lever les yeux vers moi.

- Nom et lieu d'origine ? demanda-t-il d'une voix grave.

- Mohi, répondis-je, ma voix ferme malgré la nervosité. Du village de Thamar.

Il hocha la tête, enregistrant l'information. Il fit signe à un autre garde d'ouvrir la porte, et je pénétrai dans l'enceinte du château, laissant derrière moi la vie que j'avais connue. Mon cœur était lourd, empli de tristesse et d'inquiétude, mais je devais rester forte. Pour eux, pour moi-même.
L'intérieur du château grouillait d'activité. Des soldats allaient et venaient, transportant des armes et des provisions, tandis que les officiers aboyaient des ordres pour organiser les nouvelles recrues. L'atmosphère était tendue, chargée d'une énergie palpable. Je suivis le garde à travers la cour principale, essayant de me fondre dans la masse.

Finalement, nous arrivâmes devant une tente qui semblait servir de centre de recrutement. À l'intérieur, un officier sévère, au visage barré d'une cicatrice, supervisait l'enregistrement des nouveaux soldats. Il leva les yeux lorsque nous entrâmes, me scrutant avec un mélange de curiosité et de scepticisme.

- Nom ? demanda-t-il d'un ton brusque.

- Mohi, répétai-je, me tenant droit.

Il griffonna quelque chose sur un parchemin avant de lever un sourcil.

- Tu sembles jeune pour un soldat, observa-t-il, ses yeux perçants me dévisageant.

- J'ai l'âge qu'il faut pour me battre, rétorquai-je, essayant de cacher mon appréhension.

Il me jaugea un moment de plus avant de hocher la tête.

- Très bien, Mohi. Bienvenue dans l'armée de Lord Baldrik. Suis le sergent Harlan, il t'indiquera ton poste.

Le Château De FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant