Le Château De Feu

chapitre 4

La taverne était paisible dans le petit matin, baignée par la douce lumière de l'aube.

Je m'attablai, savourant mon petit déjeuner dans cette atmosphère tranquille, lorsque soudainement, la porte s'ouvrit violemment, laissant entrer un messager tout essoufflé.

Tous les regards convergèrent vers lui alors qu'il avançait d'un pas hâtif vers le comptoir. Son visage était pâle, marqué par la gravité de sa mission.

– Par tous les dieux, que se passe-t-il ? demanda le tavernier, son tablier taché de bière.

Le messager prit une profonde inspiration, rassemblant ses mots avec difficulté.

– Le Seigneur Arthor vient de déclarer la guerre au royaume de Valoria ! s'exclama-t-il d'une voix tremblante.

Un murmure d'inquiétude parcourut la taverne, et mon cœur manqua un battement. Valoria... C'était mon royaume.

– La guerre ? répétai-je, mes mains serrant instinctivement ma tasse.
Le messager hocha la tête avec gravité.

– Oui, mademoiselle. Le Seigneur Arthor a annoncé la mobilisation générale. Tous les hommes en âge de combattre ont reçus une convocation.

Mon esprit tourbillonnait, les pensées se bousculant dans ma tête. Mon frère, mon père... Ils étaient tous deux des hommes d'honneur, prêts à répondre à l'appel de leur seigneur. Mais la guerre... C'était une chose cruelle et impitoyable, où même les plus braves pouvaient périr.

– Mon frère... Mon père... balbutiai-je, sentant la panique monter en moi.
Le messager m'adressa un regard compatissant.

– Toutes nos prières sont avec vous, mademoiselle, dit-il doucement. Que les dieux veillent sur vous et vos proches.

Je me levai brusquement, mon cœur battant la chamade. La guerre était imminente, et je devais agir. Je devais retrouver mon frère, protéger mon père. Sans un mot de plus, je quittai la taverne, mes pensées tourbillonnant dans ma tête.

À l'extérieur, l'air frais du matin me gifla le visage, me ramenant à la réalité brutale de la situation. Les rues encore endormies du village semblaient me regarder avec une tristesse silencieuse, comme si elles savaient ce qui m'attendait.

Mes jambes me portèrent instinctivement vers l'écurie la plus proche. Je savais qu'il me fallait un cheval, et il me le fallait maintenant. Arrivée à l'écurie, je ne pris pas la peine de demander la permission. Je m'approchai d'un magnifique étalon alezan, ses muscles puissants luisant sous le soleil naissant.

– Excusez-moi, murmurai-je, en lui caressant doucement l'encolure. J'ai besoin de toi aujourd'hui.

Je saisis le licol et l'enroulai autour de sa tête, sentant sa force et sa vigueur sous mes doigts. L'étalon parut comprendre l'urgence dans ma voix, car il se tint calme pendant que je le sellais et l'équipais. En quelques minutes, j'étais prête.

D'un bond agile, je me hissai sur son dos, me sentant soudainement légère malgré le poids que je faisais sans doute. Mes mains caressèrent le cou musclé de l'étalon, sentant sa puissance prête à être libérée.

– Allons-y, murmurai-je à l'animal, mes yeux fixés vers l'horizon.

Sans attendre, je pressai mes talons contre ses flancs et nous partîmes au galop. Le vent fouetta mon visage tandis que nous traversions le village à toute vitesse. Les rues s'effaçaient derrière nous, les gens se retournant pour regarder avec étonnement une jeune femme chevaucher aussi résolument vers l'inconnu.

Les kilomètres défilaient sous nos sabots, laissant derrière nous la vallée verdoyante et montant vers les terres plus sauvages du nord. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine à chaque instant. Deux ans s'étaient écoulés depuis que j'avais quitté le château familial pour chercher ma propre voie, mais maintenant, mes pensées ne tournaient qu'autour de la sécurité de ma famille.
Les souvenirs de mon père me racontant des histoires magiques, et de mon frère me montrant comment manier son arc, se mêlaient dans mon esprit. La famille et la loyauté étaient tout ce qui comptait pour eux, et ils se battraient jusqu'au bout pour notre royaume.