chapitre 14

1 1 0
                                    

Je me réveillai le lendemain matin avec un sentiment de confusion persistant. La rencontre avec le prince, sa menace et son insistance pour me retrouver étaient encore frais dans ma mémoire.

Après m'être assurée que Caleb était toujours endormi à côté de moi, je sortis de la tente pour me rendre au rendez-vous avec le prince.

À l'entrée de la tente royale, deux gardes me saluèrent et m'invitèrent à entrer. Le prince était assis à une table en bois, une carte déployée devant lui. Il leva les yeux quand je franchis le seuil, et un léger sourire apparut sur son visage habituellement impassible.

– Bonjour, Mohi, dit-il poliment. Non, restez debout.

Je restai donc debout, me sentant soudainement mal à l'aise sous son regard intense. Il congédia ensuite tous les gardes d'un geste de la main, laissant la tente vide à l'exception de nous deux.

– Je suis désolé de vous avoir causé des ennuis, commençai je, je n’aurai pas du...

Le prince posa un doigt sur mes lèvres, interrompant mes excuses.

– Ne t’excuse pas. C’est ma faute, j’aurai du t’interdire de participer à la bataille d’aujourd’hui.

Mon cœur battait la chamade alors qu'il s'approchait de moi, sa main glissant le long de mon visage. Je frissonnai légèrement sous son toucher.

– Qui a abîmé ton visage ainsi ? demanda-t-il finalement

– Euh... L’ennemie, pourquoi ? répondis je en reculant

– Reposez-vous aujourd'hui, soldat Mohi, dit-il finalement, rompant le contact visuel. Vous avez besoin de récupérer.

J'hochai la tête, avant de me rappeler.

– votre altesse ? demandais je, attirant son attention. il faut que je vous dises ce que j’ai vu hiers.

– C'était... étrange, commencé-je, choisisant mes mots avec soin. J'ai vu un château de feu. Fait de pierre noire, sculpté dans la roche, avec de la lave en ébullition tout autour. Il était irréel, comme sorti d'un conte de fées, mais en même temps, effrayant. Et quand je me suis réveillée ce matin, il avait disparu.

Le prince écouta attentivement, sans interrompre.

– Avez-vous vu autre chose ? Des signes, des symboles ?

Je secouai la tête.

– Non, rien d'autre. C'était... juste le château.

Le prince ne sembla pas convaincu. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, comme s'il trouvait amusant ce que je venais de dire. Puis, il me fit signe de sortir de la tente.

– Ce que j’ai vu était vrai ! m’exclamai je agacée

Je secouai la tête avec force. Mais le prince garda son sourire, cette fois-ci, il semblait plus irrité que moqueur.

– Mahi, tu dois comprendre que ce que tu as vu n'est pas possible. Un château de feu dans la forêt ? ça n'a aucun sens.

Je sentais la frustration monter en moi. Toute cette situation, la bataille, les blessures, le château... J'étais fatiguée, épuisée, mais je ne pouvais pas laisser cela passer.

– Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que je mens ? m'exclamai-je, sentant les larmes monter à mes yeux.

Le prince soupira, ses épaules se baissant légèrement.

– Je ne dis pas que tu mens. Je dis simplement que ce que tu as vu était probablement une illusion causée par la fatigue et le stress de la bataille.

Je me sentais humiliée, en colère et blessée. Je ne voulais pas qu'il me traite comme une enfant. Alors, sans réfléchir aux conséquences, je m'approchai de lui, le fixant droit dans les yeux, et pointant un doigt sur sa poitrine.

– Vous êtes arrogant ! Vous pensez que vous savez tout, mais vous ne savez rien de ce que j'ai vécu ! m'écriai-je, les larmes coulant maintenant librement sur mes joues.

Le prince sembla surpris par ma réaction. Il resta silencieux un moment, peut-être hésitant sur la façon de réagir. Tout ce que je voulais, c'était qu'il comprenne. C'était trop, tout était trop pour moi.

– Vous ne comprenez rien ! Vous ne comprenez rien du tout ! m'écriai-je à nouveau, mes émotions me submergeant.

Et puis, je ne pus plus résister. Je m'effondrai sur lui, mes épaules secouées par les sanglots. Je fus prise d'un tourbillon d'émotions, submergée par la frustration, la colère et la tristesse. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine alors que je me laissais aller, mes larmes inondant mes joues brûlantes. Je ne pus retenir un cri de détresse alors que je sentis toutes mes défenses s'effondrer.

Et puis, soudainement, je me sentis enveloppée dans une étreinte réconfortante. Les bras du prince se refermèrent autour de moi, me tenant avec une tendresse inattendue. Je m'abandonnai à cette étreinte, me sentant protégée, apaisée, pour la première fois depuis longtemps.
Il me porta avec précaution jusqu'à son lit, déposant avec délicatesse mon corps épuisé sur les draps doux. Ses gestes étaient empreints de douceur, comme s'il savait exactement ce dont j'avais besoin à cet instant.

Je me blottis dans les couvertures, les larmes continuant de couler sur mes joues. Le prince voulut sortir, mais inconsciemment je l’en empêchai, les yeux fermés, agrippant sa main.

– Non, reste...

Il s'arrêta, surpris par ma demande, mais il ne résista pas. Lentement, il s'assit à nouveau sur le bord du lit, sa main toujours dans la mienne. Il ne dit rien, mais je sentais sa présence, réconfortante et chaleureuse, pendant que je me sentais sombrer dans le noir.

Le Château De FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant