Le Château De Feu

chapitre 2

8 ans plus tard...

Un oiseau tomba avec un bruit sourd entres les tais. Sans prendre la peine de baisser mon arc, je partis récupérer ma proie. Une corneille. Ce n'était pas une grande prise, mais malheureusement j’allais devoir m’en satisfaire.

L’ancienne Mahi n’existait plus. Elle était morte. celle qui avait apparu à la place, il y a tout juste deux ans, était une nouvelle Mahi, bien plus forte, plus indépendante. Une Mahi qui avait tenu sa promesse, et qui partait à l’aventure.

Je me redressai, l’oiseau dans une main et mon arc dans l’autre, et jetai un regard autour de moi. La forêt était dense, mystérieuse, ses ombres jouant entre les troncs imposants des arbres centenaires. Le chant des oiseaux résonnait, ponctué par le bruissement des feuilles et le murmure des ruisseaux cachés. Cette forêt, je l'avais traversée mille fois, mais aujourd'hui, elle semblait différente, plus accueillante, comme si elle m'invitait à découvrir ses secrets.

Je rangeai la corneille dans mon sac et repris ma route. Mon équipement léger me permettait de me déplacer rapidement et silencieusement. Les bottes que j’avais fabriquées moi-même à partir de cuir souple absorbaient les irrégularités du terrain. Mon regard aiguisé repérait chaque détail, chaque mouvement autour de moi.

Deux ans. Deux longues années à m'entraîner, à apprendre, à devenir plus forte. Les moqueries du petit David étaient désormais un lointain souvenir, remplacées par des récits de mes propres exploits. J’avais affronté des bêtes sauvages, découvert des ruines oubliées, et même rencontré d’autres aventuriers avec qui j’avais partagé quelques nuits autour du feu, échangeant des histoires et des savoirs.

Le soleil commençait à se coucher, projetant des ombres allongées sur le sol forestier. Je savais qu'il était temps de trouver un endroit pour passer la nuit. J’aperçus une petite clairière, protégée par des rochers couverts de mousse, et décidai que ce serait mon refuge pour ce soir. Avec des gestes experts, je montai un abri de fortune et allumai un feu.

Assise près du feu crépitant, je contemplai les flammes, réfléchissant à la route parcourue. La chaleur du feu et le crépitement du bois me réconfortaient, et je me remémorais les paroles des voyageurs qui m'avait tant inspirée, au plus grand désespoir de mes parents. Ses histoires de dragons et de fontaines magiques avaient été le point de départ de mon propre périple.
Je sortis de mon sac un morceau de pain et quelques baies cueillies plus tôt, accompagnant le tout de ma maigre prise. Le repas fut simple mais nourrissant. Tandis que je mangeais, mes pensées vagabondaient vers les prochaines étapes de mon aventure. La vallée des vents éternels, les montagnes d’Azgaroth, les cités souterraines des nains – tous ces lieux m’attendaient encore. Mon cœur battait plus fort à l’idée de ce qui m’attendait.

Les étoiles commencèrent à apparaître dans le ciel nocturne, et je m’enroulai dans ma couverture, écoutant les sons de la forêt. Une chouette hulula au loin. Je fermai les yeux, un sourire sur les lèvres. Cette nouvelle vie, ces aventures, c’était tout ce que j’avais toujours désiré.

.

J’avais atteint mes dix huit ans, maintenant j’étais une adulte libre, qui se réveillait pour partir à l’aventure. J’avais atteint des territoires que personne n’avait encore foulé avant moi, et cela ajoutait à mon excitation.

Le soleil levant baignait la forêt d’une lumière dorée, et je me réveillai avec un sourire, prête à embrasser une nouvelle journée d’exploration. Les oiseaux chantaient au-dessus de ma tête, et le doux murmure d’un ruisseau voisin créait une mélodie apaisante. Je rangeai rapidement mon campement, éteignis les braises du feu et pris une bouchée rapide de pain et de fruits séchés. Mon arc et mon carquois sur l'épaule, je me mis en route.

La forêt s’ouvrit bientôt sur une vaste plaine, un océan de hautes herbes ondulant sous la brise matinale. Au loin, des montagnes majestueuses se dessinaient contre l’horizon, leurs sommets enneigés scintillant au soleil. Ces montagnes étaient mon prochain objectif. On disait que des créatures mythiques y résidaient et que des trésors oubliés attendaient ceux qui oseraient les chercher.

Ma marche était rapide et légère, mon cœur battant au rythme de mes pas. J’avais appris à naviguer en me fiant aux étoiles et à lire les signes de la nature pour trouver de l’eau et de la nourriture. Mes compétences de chasseuse s’étaient affinées, et mon instinct de survie était maintenant aiguisé comme la lame de mon couteau.
Traversant la plaine, je croisai des animaux que je n’avais encore jamais vus. De grands cervidés aux bois imposants broutaient paisiblement, levant la tête de temps en temps pour m’observer. Plus loin, un renard me suivait à distance, curieux de ce visiteur inhabituel. Le monde semblait s’élargir avec chaque pas.

En approchant des montagnes, je trouvai un sentier étroit et sinueux qui serpentait à travers les rochers. La montée était ardue, mais ma détermination était plus forte. Les légendes parlaient d’une ancienne cité naine, cachée quelque part dans ces montagnes. La perspective de découvrir des artefacts oubliés et d’entendre les échos d’un passé glorieux m’entraînait toujours plus haut.

Après des heures de marche, j’atteignis enfin un plateau surplombant la vallée. La vue était à couper le souffle. Devant moi, un lac cristallin reflétait les sommets enneigés, et des cascades dévalaient les flancs des montagnes dans un grondement sourd. C’était un endroit de beauté sauvage, intacte, et je me sentis privilégiée d’être la première à le contempler.

Mais quelque chose clochait. Je m’étais attendue à des découvertes extraordinaires, à des traces de l'ancienne cité naine. À part la beauté naturelle du paysage, je ne trouvai rien.

Mon cœur, autrefois rempli d’anticipation, se serra de déception. Je balayai le plateau du regard, espérant apercevoir une ruine, un artefact, quelque chose.

Je tombai finalement sur une grotte, une ouverture sombre dans la paroi rocheuse. Peut-être était-ce là le secret que je cherchais ? Je m’approchai prudemment, l’arc en main, prête à toute éventualité.

– C’est tout ? Une grotte ? dis-je à haute voix, ma voix résonnant contre les parois rocheuses. J’avais parcouru tout ce chemin pour ça ?

Je laissai échapper un soupir frustré. La lumière du jour commençait à faiblir, et je savais qu’il me faudrait attendre demain pour explorer l'intérieur. Pourtant, l’idée de passer la nuit sans avoir trouvé quelque chose d’extraordinaire me rongeait.

Je fis quelques pas à l'intérieur de la grotte, laissant mes yeux s’habituer à l’obscurité. L'air était frais et humide, et une odeur de terre et de pierre remplissait mes narines. Je jetai un regard derrière moi, vers la lumière déclinante du jour.

– Peut-être que ce n'est pas juste une simple grotte, murmurai-je pour me rassurer. Peut-être qu'elle cache quelque chose de plus grand, de plus précieux. Allez, Mahi, ne perds pas espoir maintenant. Tu es venue jusqu'ici, tu ne peux pas abandonner si près du but.

Je sortis une torche de mon sac et l’allumai, la flamme vacillant légèrement avant de se stabiliser. La lueur dansante éclaira les parois de la grotte, révélant des formations rocheuses et des stalactites. Je pris une profonde inspiration et avançai un peu plus loin, mon cœur battant à tout rompre.

– Allez, Mahi, continuai-je à me parler pour me donner du courage. Tu as affronté des défis bien plus grands que ça. Qui sait ce que tu pourrais découvrir ici ? Une caverne remplie de trésors, une entrée secrète vers la cité des nains...

Je m’arrêtai brusquement, tendant l’oreille. Un léger bruit de gouttes d'eau résonnait dans la cavité, et quelque part plus loin, un souffle d'air frais insinuait qu'il y avait peut-être une sortie de l'autre côté.

– Il y a quelque chose ici, je le sens, dis-je avec une conviction renouvelée. Ce n'est pas juste une grotte. C'est une piste, un début.