Les jours suivants se déroulèrent dans une routine militaire rigoureuse. Chaque matin, je me réveillais avant l’aube, enfilais mon uniforme et rejoignais les autres recrues pour l'entraînement. La discipline était stricte, et nous n’avions que peu de temps pour nous-mêmes. Malgré la fatigue qui pesait sur nos corps, l'esprit de camaraderie commençait à se forger parmi nous.
Ma petite poitrine et ma carrure fine passaient inaperçues dans le groupe, mais cela ne me protégeait pas des moqueries. Mes compagnons de camp m'avaient rapidement affublée du surnom ridicule de "Crevette". Les commentaires et les rires moqueurs étaient monnaie courante, mais je les acceptais avec stoïcisme, me concentrant sur mes tâches et mes entraînements.
– Eh, Crevette, t'arrives à soulever cette épée, ou t'as besoin d'aide ? lançait souvent un des gars, accompagné des rires des autres.
Je serrai les dents.
C’était minable.
Et on verra bien qui rira le dernier.
Autrement j'avais appris à laver mes vêtements et à changer mes linges de manière discrète, profitant des rares moments de solitude. La tâche était simple au début, mais les choses se compliquèrent rapidement lorsque deux autres jeunes hommes furent assignés à ma tente. Le premier, Arik, était grand et costaud, avec un visage marqué par les cicatrices de batailles passées. Le second, Léon, était plus jeune, à peine sorti de l'adolescence, avec des yeux vifs et curieux. Il me faisait penser à mon frère.
L'arrivée de mes nouveaux compagnons de tente transforma ma routine en un exercice constant de vigilance. Chaque mouvement, chaque geste devait être calculé pour éviter de révéler ma véritable identité. Se laver, se changer, gérer mes règles – tout cela devint un défi quotidien.
– Bonsoir, Mohi, dit Arik en entrant dans la tente pour la première fois. On va partager cet espace, alors tâchons de nous entendre.
– Pas de souci, répondis-je en hochant la tête, tentant de masquer ma nervosité.
Les jours suivants furent marqués par une cohabitation prudente. Je profitais des moments où Arik et Léon étaient occupés ou endormis pour m'occuper de mes affaires personnelles. Se laver était particulièrement délicat ; je me glissais jusqu’au point d’eau à des heures où personne n’était susceptible de me surprendre.
Un soir, alors que la nuit tombait, je me dirigeai furtivement vers le point d’eau, jetant des regards autour de moi pour m’assurer que personne ne me suivait. Les bruits du camp s'estompaient peu à peu, remplacés par le murmure des insectes nocturnes.
Je m’agenouillai au bord de l’eau, tremblant légèrement de froid et de nervosité. Chaque bruit dans l’obscurité me faisait tressaillir, mais je savais que je devais être rapide. Une fois lavée, je retournai à la tente, espérant que mes compagnons ne s’étaient pas réveillés en mon absence.
Léon leva les yeux de son livre quand j'entrai.
– Tu étais où, Mohi ? demanda-t-il curieusement.
– Juste une balade, répondis-je en haussant les épaules. Besoin de prendre l’air.
– Fais gaffe, la nuit peut être dangereuse, répliqua Arik d'un ton bourru. On n’a pas besoin de complications.
– Je ferai attention, promis-je.
Les nuits où mes règles arrivaient étaient encore plus stressantes. J'avais caché des linges propres dans un coin de la tente et me faufilais dehors dès que possible pour les changer. La première fois, j'étais pétrifiée à l'idée d'être découverte, mais je réussis à gérer la situation sans attirer l'attention.
Malgré ces défis, je continuais à m'entraîner dur, déterminée à montrer ma valeur. Les exercices de tir à l’arc, de combat au corps à corps, et les longues marches d’endurance occupaient nos journées. Peu à peu, je gagnais le respect de certains camarades, même si les moqueries continuaient.
– T’as du cran, Crevette, dit un jour Léon après une séance particulièrement éprouvante. Je respecte ça.
– Merci, répondis-je en essuyant la sueur de mon front. Je fais de mon mieux.
Les jours se transformaient en semaines, et je m'habituai à la vie de soldat. Chaque jour était une nouvelle épreuve, mais aussi une nouvelle opportunité de prouver ma détermination et mon courage. Et bien que la peur de la découverte restait toujours présente, je savais que je devais continuer.
Environ une semaine après le début de notre entraînement, la routine militaire fut brusquement interrompue par l'arrivée du général. L'atmosphère changea immédiatement, devenant plus tendue et solennelle. Le général, un homme imposant avec une barbe grise et des yeux perçants, se tenait sur une estrade, regardant chaque recrue avec une intensité qui fit taire les murmures.
– Soldats, déclara-t-il d'une voix forte et autoritaire, la guerre est à nos portes. Notre première bataille approche, et il est temps de vous préparer. Aujourd'hui, vous allez recevoir vos affectations.
Un silence pesant s'installa alors que le général commençait à lire les noms et les affectations. Les recrues se tenaient droites, les poings serrés, chacune espérant obtenir une position favorable.
– Mohi, annonça le général en levant les yeux de la liste, tu es affecté aux archers.
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Le Château De Feu
RomancePlongée dans la guerre, Mahi n'a pas d'autre choix que de s'y engager. Au milieu des dangers, elle découvre le prince. Ce mystérieux personnage qui semble semble s'intéresser à elle. Elle vient d'avoir dix huit ans, et son destin est déjà tout tracé...