Manigances

Chapitre 11

Chapitre 11

Venir à Dakar pour mère Ya Faye n'était pas simplement le fruit d'un hasard. Voir comment sa fille était installée dans cette maison était en réalité la principale raison de sa venue.

Elle se sentait déjà odieuse, oui elle se sentait mal de devoir laisser sa fille payer les pots cassé de son passé à elle. Elle s'en voulait mais surtout elle avait mal au cœur.

Elle évitait de penser à cette histoire et surtout à ce mensonge dont elle en était la première instigatrice.

Ne pouvant pas regarder Tida dans les yeux, elle avait préféré passer un court moment avec elle et ensuite passer le reste de la nuit chez son fils.

Paradoxale, mais vrai.

Elle était venue pour elle, mais impossible de rester avec elle... elle se sentirait honteuse, gênée et surtout coupable.

Elle souffla puis regarda autour d'elle. Ismaila avait bien caché son jeu, s'était elle dit avant de se lever. Il avait pris un appartement, et le luxe qui se dégageait de cet endroit laisse présager qu'il avait bien préparé cette histoire de remariage.

Bien évidemment, elle n'avait pas le droit de s'interposer dans ses décisions. Ismaila était son ainée mais il était un homme très adulte et responsable.
Que pouvait elle faire maintenant ? cette femme qu'il lui a présenté la veille faisait maintenant partie de la famille au même titre que Marianne. Son role de mère voulait qu'elle les mette au même pieds d'égalité maintenant.

Quelques coups à la porte la tira de ses reflexions. Marie Codou à l'entrée lui lança.

- Bonjour maman ! tu as bien dormi ?

Elle leva doucement la tête, et vit sa belle-fille. Elle avait fait sa connaissance et n'avait pas d'avis particulier sur sa personne. Elle semblait correcte, pensait-elle en se levant de la natte où elle était assise depuis fajr.

- Bonjour Ma fille, je vais très bien merci. J'ai bien dormi. Entre !
Elle pénétra docilement dans la chambre, avec un geste de politesse que maman Ya Faye appréciait particulièrement.

- Qu'est-ce que tu as l'habitude de manger le matin ?

Mère Ya Faye n'était pas vraiment compliqué. Elle lui demanda de ne pas se fatiguer et demanda après son fils.
- Il est sorti. D'habitude il va voir ses amis et ne reviens que vers 16 ou 17h.
Un peu déroutée par cette information, mère Ya Faye lui répondit : appelle-le et demande lui revenir tout de suite, j'ai besoin de lui parler.

Marie Codou ne se fit pas prier. De toutes les façons, qu'il soit là ou pas ne lui importait guère. Ismaila avait soudainement changé d'attitude depuis ce fameux jour chez Waziz.
Elle se réfugia dans sa chambre et allait composer le numéro de son mari quand elle entendit des bruits de pas puis la serrure qui tournait. Elle comprit que c'était lui avant de déposer le téléphone et de se lever.

- Tu es vite rentré

Sans un regard pour sa femme, il lui souffla : Ou est ma mère ?
Sans attendre de réponse, il se dirigea dans la chambre et s'y enferma avec sa mère.

Marie souffla de dépit puis retourna dans sa chambre avec l'espoir que cette tension entre eux disparaisse bientôt.
Pourtant, plus les jours passent et plus elle se demande comment elle a pu entrer dans ce ménage qui, elle le savait bien, ne ferait que la détruire.

Elle avait cependant la réponse. Car oui, dans son for intérieur, tout ce qui contribuait à détruire son âme était considérée comme une punition qu'elle s'infligeait.

Et se marier avec Ismaila en était une.

Oui !

Se portant coupable de la mort de ses enfants, marie Codou avait décidé de ne plus revivre un semblant de bonheur dans sa vie et que tout ce qui pourrait lui faire mal était une aubaine, une punition qui lui permettrait d'expier son âme.