Blind spot at Joha Joha society

Sur la plage ensoleillée, phéromones et crustacés...

Félix et Hyunjin étaient arrivés depuis déjà deux jours sur l'île magnifique qu'était Jeju. Les cérisiers avaient laissé place à l'eau turquoise et translucide d'un bord de mer humide et toujours ensoleillé tandis que leur venue ressemblait plus à une escapade amoureuse qu'un déplacement professionnel... Les deux hommes avaient profité de ces quelques jours pour faire, le soir, d'interminables balades sur le bord de mer qu'abritait leur hôtel et jamais ils n'avaient de nouveau franchi de limites physiques.

Leurs regards langoureux et leurs odeurs lascives, emportées par les embruns marins, parlaient pour eux, et pourtant, mais sans trop savoir pourquoi, ils s'y refusaient. Peut-être qu'ils devenaient plus timides maintenant que les choses étaient concrètes, qu'ils savaient où ils en étaient et où ils demeuraient aller, ensemble. Parfois, lors de leurs longues balades, leurs mains ne cessaient de se frôler, de se courtiser et Hyunjin aurait parfois juré avoir vu Félix songer véritablement à sauter le pas. Mais finalement, l'un et l'autre s'attendaient, aussi délicieusement qu'impatiemment.

Durant ces quelques moments privilégiés, Félix avait fini par sentir la véritable valeur et sincérité des sentiments de son aîné et jamais ce dernier n'avait cessé de le couvrir d'attention et de regards courroucés par ses yeux transis d'amour. Peut être que la distance d'avec Séoul aidait, il n'en savait trop rien. Ce qui était certain, c'était qu'en l'espace d'à peine 48h, ils avaient plus vécu en complicité et en gestes lascifs qu'en trois années à toujours flirter avec les limites.

La réunion la plus importante avait eu lieu dès le premier jour où ils étaient arrivés et malgré la fatigue du trajet et du changement de température, ils avaient dû s'y mettre rapidement. Il s'agissait d'une grosse réunion récapitulative avec les clients du complexe hôtelier et cette dernière portait notamment sur la réduction budgétaire dont ils avaient parlé au siège.
Hyunjin et Félix avaient dû leur annoncer que quelques changements étaient à prévoir, notamment quant aux investissements promotionnels initialement proposés. La nouvelle n'avait pas été mal accueillie, mais la rencontre ne s'était tout de même pas passée aussi bien qu'Hyunjin l'avait voulu. Tout ne pouvait pas toujours être sans embuche et cette fois-ci, face à ce client important, ce petit couac l'avait particulièrement affecté sans pour autant que cela n'entache la société. Finalement, c'était devenu plus personnel que professionnel.

Et c'est dans ce moment de trouble, une fois rentré à l'hôtel, que Félix avait su apaiser son epsilon, le rassurant de son aura douce et prévoyante tout en tentant de calmer son anxiété. Le directeur s'était alors laissé emporter et caresser par la douce odeur de l'être qui lui permettait avec bonheur de ne voir qu'à travers ses yeux charbonneux. Devant son oméga, il s'était montré vulnérable, accessible et plus que tout, humain. L'aire des jeux et des escarmouches était définitivement révolue et les deux hommes avaient bien saisi qu'ils se montreraient maintenant tels qu'ils étaient véritablement et non tels que l'ont attendait qu'ils soient. Cette constatation leur avait retiré un poids qu'ils n'avaient même pas su porter.

Leur relation était devenue si douce et paisible que ça en été devenu écoeurant de niaiseries pour quiconque les aurait observés. Pourtant, à ce stade de leur complicité et de toutes les difficultés qu'ils avaient traversés pour en arriver là, Félix et Hyunjin s'en fichaient bien. Ils étaient dans leurs bulles de bonheur et jamais ils n'avaient eu l'intention où bien même eu l'idée d'en sortir. Même quand le père d'Hyunjin l'avait appelé, tard dans la soirée, ce dernier avait ignoré la sonnerie avant de finir par mettre son téléphone en sourdine pour éviter d'être signifié du moment où il rappellerait, car oui, il finirait par le faire.

De toute manière, son seul numéro d'urgence demeurait celui de Jisung. Pour toujours et à jamais, comme ils se le disaient lors de soirées bien trop arrosées. Et probablement qu'après la dernière altercation avec sa mère, Jeongin en ferait parti lui aussi. Il le méritait, ils se méritaient.