Blind spot at Joha Joha society

Pluie torrentielle sous son lit de prise de conscience.

Jisung et Jeongin s'étaient fait moins fougueux et c'est sous un abribus désert, trempés par une averse qu'ils avaient plus vu venir que leurs sentiments, que les deux hommes attendaient. Ils se donnaient pour excuse d'espérer que la pluie se calme bientôt avant de pouvoir regagner leurs logements, en silence. La vérité c'est que Jisung était fou de joie, cela faisait des jours qu'il attendait de pouvoir sentir de nouveau le bêta à ses côtés.

Après sa déclaration, Jeongin avait de nouveau cherché à fuir lors de la sortie du travail et Jisung ne voulait pas lui en laisser l'opportunité. Pas cette fois-ci. Il faut croire qu'il n'avait pas la patience d'Hyunjin et encore moins celle de Félix... Alors, même s'il était censé se sentir gêné par la pluie torrentielle ou par la proximité nouvelle entre les deux hommes, il était plus heureux que jamais. Un sourire perlait avec certitude et attitude sur l'angle de sa bouche, comme le garant de promesses et de secrets qui lui étaient propres.

En effet, Jisung s'était montré calculateur, tel qu'il pouvait parfois l'être et avec le plus de discrétion possible il s'était permis d'appeler Hyunjin pour être conforté ou infirmé dans ses désirs. Et tel le meilleur ami qu'il était, ce dernier l'avait vivement rassuré. À vrai dire, il avait même été formel, Jeongin était amoureux de lui, intensément et depuis longtemps. Cependant, Hyunjin s'était refusé à lui révéler pourquoi il se montrait si réticent à lui laisser sa chance. Cela ne le concernait pas et ceci venait toucher à une limite qui ne concernait que Jeongin. À lui de décider d'en parler, ou pas. Peu importe qui était Jisung pour lui, le bêta demeurait son ami également et ils avaient confiance l'un en l'autre.

Lui donner un coup de pouce ne justifiait pas l'idée de trahir sa confiance, alors Jisung avait raccroché un peu bougon. Même s'il comprenait, il demeurait frustré, il voulait savoir. Ce refus catégorique lui semblait explicable d'aucune manière que ce soit, surtout s'il partageait ses sentiments.

Pourquoi cherchait-il autant à le repousser ? Jisung avait suffisamment confiance et conscience de lui-même pour savoir qu'il n'avait pas commis d'impair majeur et il avait beau retourner le puzzle dans tous les sens, à aucun moment il ne faisait sens.

Alors l'heure n'était peut-être plus aux escarmouches et aux dérobades rocambolesques, ils devaient discuter et l'alpha voulait une réponse. Qu'elle soit positive ou négative, il l'accepterait, mais il avait besoin d'en avoir une, cela devenait vital, viscéral. Depuis les jours écoulés, sa maison brillait de mille feux et tous ses dossiers étaient à jour et même au-delà. Il ne pouvait plus attendre, il en allait de sa santé autant physique que mentale.

La pluie tiède et bruyante battait en biais les paroies de verre de l'abri avec violence et malgré tous les efforts qu'ils y mettaient, les deux hommes étaient trempés. Jeongin n'osait pas vraiment regarder son ami pour en rire alors qu'habituellement, il l'aurait fait. Les deux hommes avaient toujours été d'une complicité sans faille et voir ce changement si brutal entre eux les blessaient tous les deux. L'homme de chiffre l'observa en biais et il remarqua que son ami était tremblotant. À vrai dire et même si l'eau ne demeurait pas gelée comme lors d'un mois de décembre, il faisait nuit et il pleuvait des cordes. Évidemment que Jeongin devait avoir froid. Alors, d'un geste rapide, Jisung retira son blazer malgré tout mouillé avant de venir le placer sur les épaules du bêta, le paralysant par l'action si intime que l'alpha venait de lui offrir. Ses arômes, sa chaleur.

Son odeur de vanille légèrement musquée le recouvra d'une douceur qui lui donna envie de pleurer alors même qu'il détestait cela et que jamais il ne s'y autorisait. Jisung était bien placé pour le savoir et pourtant... C'est mêlé aux gouttes qui s'abattaient contre son visage que Jeongin laissa toute sa haine et sa frustration se déverser de manière surprenante contre son visage, ravageant toute la beauté qu'il portait en lui. Balayant toute la confiance que ses yeux sûrs et solides déployaient toujours sur ses proches.