Blind spot at Joha Joha society

L'orchidée.

Hyunjin et Félix s'étaient de nouveau trouvés dans cet ascenseur central en même temps. Accidentellement cette fois-ci et le monde qui affluait dans ce dernier en ce temps de pause repas ne pouvait les faire mentir.

Hyunjin était installé tout au fond de ce dernier. De toute manière il descendrait en dernier alors inutile pour lui de se poster à l'avant. Malgré la sympathie qui régnait dans la société, chacun veillait à laisser une distance respectable d'avec le grand patron, autant que possible au vu de l'espace.

Pour Félix, les choses étaient différentes, quelques personnes le collaient un peu trop et même si cela n'avait rien de tendancieux ou d'harcelant, Hyunjin s'en sentait irrité. Il se détestait d'être jaloux d'un rien quand il s'agissait de l'oméga, mais plus le temps passait et plus il avait le sentiment que cela était profondément inscrit dans sa personnalité.

Pour autant, il ne savait pas trop sur quel pied danser, comme toujours lorsqu'il s'agissait de Félix. Et alors que celui-ci prenait cela pour du désintérêt, espérant secrètement que celui-ci réagisse enfin, Hyunjin, lui, se sentait éprouver au plus haut point. Bloqué entre deux feux qui ne cessaient de brûler en lui. Celui de l'action brûlant à souhait ou encore, le plus sage, celui qui lui intimait de lui laisser de l'espace et de ne pas se présenter en chevalier servant.

Félix se fit légèrement bousculé lorsque l'ascenseur s'arrêta à un étage supplémentaire et ce dernier recula jusqu'au fond de l'habitacle, cherchant un peu d'air frais en ces températures humides. Évidemment, il avait repéré l'epsilon depuis le début, pourtant il ne souhaitait pas lui donner le plaisir immédiat de son attention. C'était enfantin, mais il ne savait pas comment se faire désirer autrement. Alors, avec une distance respectable, il s'appuya contre la barre de fer qui se logea tout contre la chute de ses reins. Ses longues mèches blondes collaient légèrement contre son front alors que sa chemise rouge, retroussée sur ses avants bras, rendait déjà fou son supérieur.

Une nouvelle secousse se fit et d'un geste instinctif, Hyunjin positionna immédiatement son bras derrière le dos de son aimé avant qu'il ne se fasse mal contre le métal froid. Il attrapa la barre de son poing et ainsi, Félix put légèrement appuyer son dos contre le bras gainé et tendu de son futur amant. Ce dernier se raidit au contact, tentant de ne rien laisser paraître et lorsqu'ils atteignirent enfin leur étage, l'epsilon fit doucement glisser sa main du métal aux doigts de son oméga, les survolant à peine. Le secrétaire en avala de travers sa salive, surpris.

De manière lascive, Hyunjin déplaça avec habileté le bout de ses doigts sur la hanche de Félix pour la caresser avec légèreté avant de venir frôler le profil de sa main qu'il trouva si petite proche de la sienne. Cette constatation éveilla tous ses instincts les plus primaires, il aimait cette sensation, celle de savoir qu'il pouvait le protéger autant que Félix le faisait avec lui. Cependant, et avant même qu'il ne puisse y penser pleinement, il constata l'odeur presque musquée du muguet qui enveloppait maintenant leur présence.

Cela le fit sourire, pas peu fière et avant même que Félix ne puisse se retourner pour le regarder, les joues rougies et les tempes perlantes, Hyunjin agrippa sensuellement ses doigts avant de les lâcher pour sortir de l'ascenseur. Sans un regard en arrière, mais la démarche bien plus assurée, il se dirigea vers son département.

Hyunjin était fou de joie, il avait osé. S'il ne savait pas avant comment gérer ses sentiments ou son attirance, c'était maintenant du passé car l'epsilon comprit quelque chose d'essentiel ;

Il ne souhaitait pas chasser ou être chassé, il voulait faire fondre, il voulait qu'il le désire, qu'il le choisisse, et non parce qu'ils s'aimaient déjà, mais parce qu'ils étaient enfin prêts.
Alors au lieu d'y aller frontalement, il allait se dévoiler, moins brutalement qu'auparavant et d'une manière qui finalement et enfin, lui ressemblait. Loin des diktats, loin des idéaux, loin des castes et bien plus proche de lui-même et de son epsilon qui, de son côté, glapissait de bonheur.