Homme de joie

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Les micros étaient désormais branchés, quand Gabriel se pencha un court instant, mais un instant assez long pour Jordan qui n'en loupa pas une miette.

Les yeux de Jordan détailler la silhouette de son adversaire, sans avoir de pensées nettes.

Quand le Premier ministre se redressa, Jordan détournait le regard. Faisant semblant de trier ses feuilles.

Manuel Bompard, c'est vous qui commencez. Dis la présentatrice. Marquant le début du débat.

Donc ce duel qui est au final un duo.. Articula Manuel en sortant les dents.

Bah voyons ! Releva Attal gardant la tête baissée. Pour éviter les yeux de Jordan, qui tentait désespérément de capter son attention.

Après plus de dix minutes, la tension entre le Premier ministre et le député européen, envahissait l'air, comme un parfum un peu trop prononcé.

C'est un mensonge monsieur Bardella.
— Oulala il est tendu monsieur Attal, ça doit être le fait de faire ses cartons qui le tend.

Rétorquait calmement Jordan. Sachant qu'il venait de le déstabiliser.

Bah vas-y ! Criai-je d'un ton tranchant, avant de réaliser que je venais de tutoyer mon adversaire.

Lui, se contentait de sourire bêtement face à cette erreur. Me déstabilisent fortement depuis le début de ce putain de débat.

Lorsque je tentais de le ridiculiser, il arrivait toujours à reprendre le dessus. Me volant quelques sourires. Me voilà enfin face à un adversaire de taille, légèrement plus jeune, mais il maîtrisait ses sujets et ses regards.

Mais vous n'êtes pas professeur ce soir monsieur Attal.

Professeur...?

Mes pensées commencèrent à dériver lentement. Ma nuque était humide montrant à quel point, je transpirais. Ce surnom insignifiant résonna dans tout mon corps comme un écho.

Que m'arrive-t-il ?

À ce moment précis, les mains de Gabriel tressaillaient, il ne pouvait s'empêcher de se mordiller la lèvre inférieure, pour calmer son corps.

— Les factures baisseront pour qui est augmenteront pour qui ? La voix de Manuel énervé de plus en plus les deux hommes.

Les factures vont augmenter pour les classes moyennes enfin il ne faut pas être...pour comprendre !

Excusez-nous monsieur le professeur.

S'immisçait Jordan d'un air exaspéré par la situation.

À l'entente de ce surnom, l'oreille de Gabriel siffla. Il pivota légèrement sur sa droite, pour jeter un coup d'œil rapide en direction du député, qui gardait son calme.

Bardella c'est à vous, vous avez un peu de retard. La présentatrice coupa la parole au Premier ministre pour la donner à Bardella qui put commencer à s'exprimer.

Oui donc vous nous vendez du rêve.
— C'est un lar...large.. Bégaya Jordan car son adversaire commentait chacune de ses phrases.

Volant un sourire à Attal, fière de son coup.

Et c'est la fin de ce débat, merci à tous et bonne soirée.

Manuel vint à la rencontre de Jordan, pour le saluer, ce qui déplut fortement au Premier ministre qui plaça discrètement son pied devant la trajectoire de Manuel au front brillant.

Quand celui-ci arrivait presque au niveau de Jordan, il tomba la tête la première sur les chaussures du député.

Vous allez bien ? S'inquiéter Bardella en l'aidant à se relever.

Manuel en profitait pour s'accrocher aux bras de Jordan. Étant très proche d'une pièce de théâtre.

Ça va merci, et si nous allions boire un verre pour se détendre après ce débat ? Proposait Bompard à Bardella d'un ton enjôleur.

Bonne idée. La voix tranchante de Gabriel résonna derrière les deux hommes. Aller, c'est moi qui paye la première tournée !

Alors les trois hommes partis se poser dans bar proche de la campagne, pour éviter tout scandale.

Un café, un thé et tu veux quoi Manuel ? Demandait le député européen.

— Un whisky.
— Et un whisky s'il vous plaît.
— Avec ceci ?
— Ce sera tout merci.
— Je reviens tout de suite.

Le serveur étant déjà loin, une discussion plutôt sympathique avait pris possession de la table.

Sauf le Premier ministre qui dévisageait continuellement les deux politiciens.

Excusez-moi, je vais juste aux toilettes.
— Bien sûr.

Gros crâne brillant, quitta la table pour se diriger a l'intérieur du bar.

Tu t'amuses bien ? Dit Gabriel, les dents serrées.
Oui, Manuel est assez sympathique au final. Cette affirmation arracha un juron à Gabriel, qui ne se retenait pas de montrer sa jalousie.

Monsieur le professeur, Jordan insistait longuement sur le surnom. cessez donc d'être tendue...

— Ce qui me tend est cet homme.

Bardella glissa son pied à côté de ceux de son adversaire.

Allons... Manuel s'assit au même moment, coupant le député.

Sinon toi ça va avec Nolwenn ? La question augmentait la chaleur de la soirée.

Bardella sans rompre le contact avec Gabriel répondit. Bien je suppose. Complètement désintéressé du sujet.

La discussion continuée, et ce contact doux et provocateur commençait à faire perdre patience aux deux ennemis. Qui ne se languissait que d'une seule chose, être juste, tous les deux.

Bon, je vais régler l'addition.
— Et moi aux toilettes. Les deux quittèrent la table pour se retrouver en toute discrétion dans les toilettes.

A quoi tu joues Jordan ? Chuchoter Attal, trop loin de son adversaire, l'empêchant de sentir son eau de Cologne.

Ne me dis pas que cela te déplaisait ? Ils se reprochaient instinctivement, sans se toucher pour autant.

Je risque gros bordel !
— Parce que moi, je ne risque rien ?

Une dispute éclata.

Et avec ton monsieur le professeur, tu m'insupportes ! Soudain. Leurs bouches s'entrechoquèrent.

Les deux politiciens venaient d'oublier tout le reste.

Tandis que Manuel attendait depuis déjà dix bonnes minutes.

— Gabriel tout va bien ? Cria crâne luisant. En s'approchant de plus en plus d'eux.

Et merde.

Gabriel se libéra rapidement de l'emprise de Jordan pour sortir des toilettes à toute hâte.

Je suis là !

Jordan, lui, attendit un peu avant de pointer le bout de son nez. Pour ne pas semer de doute.

Ah un revenant !
— J'ai eu un appel urgent désolée. Ce mensonge décrochait un rictus au Premier ministre.

Se tutoyer peut-on essayer ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant