Conférence de presse

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- Léna, c'est bientôt l'heure, me souffla Laura Davis, mon attachée de presse, alors que nous attendions dans un couloir, prêtes à tout moment à franchir laporte qui m'ouvrirait la voie au monde de la Formule 1. Tu te souviens des réponses que nous avions convenues ensemble ?

J'avais rencontré Laura il y a de cela quelques mois, peu après la signature de mon contrat avec Alpine F1 Team, un rêve devenu réalité pour moi. Notre rencontre c'était plutôt bien passée, il fallait dire qu'après Daniel Ricciardo, je devais être un ange pour elle. D'autant plus que ce qui nous a tout de suite rapprochées, c'est notre amour pour le sport auto.

De ce que m'avait dit Laura, elle rêvait de devenir pilote petite, mais avait abandonné car autour d'elle, personne ne croyait qu'une femme pouvait réussir. Elle était donc heureuse pour moi, et pour mon contrat . Cependant, je savais que je devais beaucoup à Alain. En effet, il était l'un des décisionnaires principaux de cette écurie, et il avait plaidé ma cause, souhaitant que je puisse avoir ma chance, comme d'autres.

Toutefois, ce baquet dont j'avais toujours rêvé, je le devais aussi à mon pilotage et à mon adaptation rapide dans les catégories inférieures à la Formule 1. Après tout, il m'avait fallut un an pour passer d'une catégorie à une autre.

C'est ainsi que je me retrouvais aujourd'hui dans la catégorie reine à seulement dix-huit ans. Je savais que je n'était pas la plus précoce, puisque Max avait eu son baquet chez Torro Rosso à dix-sept ans, mais il s'agissait tout de même d'une petite victoire personnelle selon moi. D'autant plus que cela signifiait que je ne serai pas la seule rookie de la saison.

Mick Schumacher, que j'avais pu rencontrer lorsque nous étions tous deux en Formule 2 durant la saison 2020, avait lui aussi signer un contrat avec l'écurie Haas. Cela me rassurait, puisque la peur de mal faire, la peur de me retrouver seule face à tous ces pilotes que j'avais pu observer à la télévision, la peur de ne pas être intégrée, toute cette appréhension me donnais la désagréable impression de ne pas mériter tout cela. Ainsi, la présence réconfortante de Mick me permettrait peut être d'oublier, et surtout d'être apaisée.

- Oui, répondis-je à mon attaché de presse, me remémorant les longues discussions que nous avions eu depuis déjà quelques jours. Il faut que je soit honnête, tout en leur donnant les réponses qu'ils veulent entendre. Il ne faut pas que je les laisse penser qu'en tant que femme je ne mérite pas ma place, tout en étant aimable et souriante. Et surtout, il faut que je sois moi-même, récitais-je pour la rassurer.

- Tu n'es pas trop stressée ? me questionna-t-elle, une lueur de compassion dans le regard.
- Non. Absolument pas, affirmais-je, triturant mes doigts sans pouvoir m'en empêcher. Je suis morte de trouille.

Elle me fit un sourire encourageant, avant de me tendre ma casquette, que je ne pris pas, m'étant tressée les cheveux afin d'être un minimum présentable pour ma première interview en Formule 1. Prenant finalement une grande inspiration, je passais la porte et m'avançais dans la salle de conférence, observant les journalistes qui s'étaient retournés à mon entrée, et dont le regard semblait me suivre durant tout mon périple jusqu'aux chaises installées sur le devant de la pièce, à distance les unes des autres.

Je remontais le masque que je portais sur mon nez dans un geste nerveux, me rappelant de toutes les consignes de distanciation sociale qui nous avaient été transmises par la FIA avant le début de la saison. Je m'installais finalement sur un des deux fauteuils au milieu de la ''scène'', jetant un coup d'œil curieux aux sièges vides à mes côtés. Une chose était sûre : je n'étais pas en retard.

Ce n'est que lors de l'entrée de Mick et des deux autres rookies de cette saison quelques instants plus tard, que je me détendis enfin, expirant toute la tension que j'avais retenue jusque là en un souffle. Mick me fit un sourire en passant, ses yeux se plissant au dessus de son masque. Puis, après que je le lui eus rendu, je me concentrais sur mon voisin de droite. Il était plus petit que moi - ce qui était un exploit étant donné que je faisais un mètre soixante-quatre -, semblait être un pilote de la Red Bull junior Team Alpha Tauri et surtout, je reconnus tout de suite son origine asiatique. J'en étais extrêmement heureuse, puisque cela signifiait que je ne serait pas la seule sur la grille.

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