Charles Leclerc
J'ai aperçu pour la première fois Éléna Lemarchal un jour d'août en deux-mille-vingt, sur le circuit de Silverstone. Elle était divine, debout sur sa monoplace, les bras tendus vers le ciel, alors qu'elle venait de gagner le Grand Prix le plus historique de cette saison. Ses yeux pétillaient derrière son casque, et son allure majestueuse, surplombant la foule de sa frêle et pourtant si remarquable silhouette, m'avait tout de suite interpellé. Tout chez elle était spécial, et son cri de victoire avait été un avertissement pour tous : elle était comme un vent de fraîcheur au sein d'un milieu exclusivement réservé aux hommes.
Et aussitôt que je l'avais contemplée, elle disparut de ma vie, ne revenant que le temps de quelques instants, me permettant de l'admirer de loin. Toujours de loin. Jamais je n'avais pu l'approcher, tant son aura et sa prestance me pétrifiaient. Éléna Lemarchal n'était pas une femme que l'on pouvait manier à notre guise. Elle était libre et unique. Indépendante et forte. Elle était tout ce que je rêvais de choyer.
Il ne m'avait fallu que quelques courtes minutes avant de connaître son nom. À peine avais-je eu le temps de me remettre de ce coup de foudre, de cligner des yeux le temps d'un instant, que déjà son nom résonnait tout autour de moi, m'enveloppant dans une atmosphère aussi excitante que douce. Éléna Lemarchal. Mes lèvres se courbèrent pour prononcer son nom, appréciant sa forme sur ma bouche et son goût sur ma langue.
Éléna Lemarchal. Sa stature nous avait dominés alors qu'un hymne inconnu nous parvint, son impérialisme écrasant étant d'une beauté à couper le souffle. Tout en elle nous prouvait sa supériorité et sa puissance, nous laissant tous présager le futur. Cette femme parviendrait en Formule un, et elle allait en écraser certains.
Du haut de la plus haute marche du podium, son sourire devint éclatant, et sous les gouttes de champagne qui la recouvraient, elle sembla s'illuminer. Oui. Éléna Lemarchal n'était pas ordinaire.
Ma curiosité envers elle fut exacerbée à partir de ce jour. Toutes les courses qu'elle avait pu mener, je les avais regardées. Je vibrais en même temps que ses victoires, mes pensées l'accompagnant aussi lors de ses défaites.
J'avais cru mourir lorsque mon ex petite amie avait osé me tromper, mais je revivais en regardant la jeune pilote avancer dans ce milieu. Elle était ma délivrance.
Et puis, vint le jour où le deuxième événement le plus attendu de l'année deux-mille-vingt se produit : après Lewis Hamilton, se fut à Éléna Lemarchal d'être sacrée championne du monde. Tous deux représentaient un symbole si fort que le monde avait retenu son souffle quand la jeune pilote avait passé la ligne de départ-arrivée. Sous les yeux de tous, elle s'était effondrée dans les bras de son équipe, le visage ruiné par les larmes.
Si on me demandait quand j'étais tombé sous le charme de la jeune femme, j'aurais répondu que c'était cet instant. Ce moment hors du temps, à la fois si émouvant, alors que les larmes roulaient sur ses joues, et si grandiose. J'étais tombé sous le charme d'Éléna Lemarchal comme on admire un papillon sortir de sa chrysalide.
J'avais attendu, espéré pendant des semaines, essayant de la voir au détour d'un motor-home, en vain. Elle était repartie aussi vite qu'elle était apparue, ne me laissant que des souvenirs comme preuve de son existence.
Et puis, le temps avait passé. La fin de la saison approchait à grands pas, me laissant désespérer d'un jour la revoir. Chaque jour qui passait nous rapprochait de la pause hivernale, me faisant regretter les mots que j'avais dit. Peut-être ne viendrait-elle jamais en Formule un. Peut-être avais-je laissé passer la seule chance qui m'avait été donnée de lui parler.

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Une vie
FanfictionÉléna Lemarchal est en apparence la femme parfaite. Depuis ses débuts en Karting, elle force l'admiration de ses pairs, et paraît être la future légende de son sport. Pilote de Formule 1 à seulement 18 ans et disciple d'Alain Prost, elle s'est impos...