Grill the grid

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Précédemment :

- Je crois que nous n'avions pas fini notre discussion tout à l'heure, murmura Charles tout contre ma peau, sa voix rauque s'insinuant en moi.

- Charles, soupirai-je en laissant rouler ma tête dans le creux de son épaule.

J'inspirai son odeur envoûtante qui me montait à la tête, et laissai échapper un souffle tremblant. Je n'avais croisé cet homme que trois fois avant aujourd'hui, mais chaque moment avec lui avait été unique. Cependant, cette constatation me rappelait aussi que nous étions des étrangers avant jeudi, et cette fameuse rencontre dans ce couloir.

- Charles, murmurai-je en me redressant, tentant tant bien que mal de m'éloigner de lui, malgré notre proximité extrême. Je ne sais pas de quoi tu veux me parler, mais sache que je ne suis pas prête à me lancer dans une relation, qu'elle soit platonique ou non avec toi. Je ne te connais même pas et-
- Chut, je sais, me coupa-t-il, posant son index contre mes lèvres, avant de s'écarter de moi, et s'accoudant à mes côtés sur le rebord de la piscine. Si tu veux tout savoir, depuis la première fois que nous nous sommes rencontrés, dans ce couloir, je n'ai pas arrêté de penser à toi.

Il riva son regard vert dans le mien, permettant un rencontre entre l'eau turquoise des côtes de Monaco, et la terre, source de vie, de mes prunelles.
- Au départ je pensais simplement apprendre à te connaître, mais quand je t'ai vu ce soir, je- bordel... T'imagines pas à quel point je m'en veux de t'avoir abordée ainsi... J'espère que tu m'excuseras Éléna, pour mon mauvais comportement, et pour t'avoir autant manqué de respect.
- Léna, tu peux m'appeler Léna, le repris-je en souriant, lui signifiant que tout était pardonné.

Ses yeux s'illuminèrent de joie, me montrant qu'il avait compris le message, et il me rendis mon rictus, ses fossettes se dévoilant sous mon regard émerveillé.

Nous restâmes ainsi, à contempler la vue et les étoiles, l'air encore chaud de Bahreïn nous permettant de rester dans l'eau sans pour autant avoir froid.
- Je-
- Tu-

Nous nous regardâmes, parlant en même temps, ce qui nous fit tous les deux rire, et je rougis légèrement, ce son me faisant ressentir des sentiments que je ne connaissais pas.
- Vas-y, je t'en prie, soufflai-je à son encontre, le laissant prendre la parole.
- Je voudrais te proposer de venir chez moi, à Monaco, après le Grand Prix, me dit-il avec une pointe d'hésitation qui me fit fondre. Je sais que ça peut te paraître précipité - ou totalement inconscient - mais j'aimerais te faire visiter ma ville, l'endroit où j'ai grandi. Cet endroit est très important pour moi, et je... j'apprécierais vraiment que tu découvres la principauté.

Je me sentais émue par une telle confession, mon cœur loupant un battement. Cet homme ne se rendait pas compte de l'effet qu'il avait sur moi, ou alors, il en jouait sérieusement, ce qui me paraissait tout de même improbable.
- J'apprécierais beaucoup, murmurai-je, en souriant timidement. Je t'avoue que je voulais te proposer d'apprendre à se connaître, et de nous... enfin, plutôt de me laisser du temps.

Je me tournai cette fois complètement vers lui, souhaitant lui transmettre toute ma sincérité. Il dû sentir mon mouvement, puisqu'il en fit de même, et nous nous retrouvâmes face à face, quelques centimètres nous séparant.
- Je sais que c'est encore un peu tôt, souffla-t-il, mais pourquoi hésites-tu autant ? Est-ce que... Est-ce que je ne te plais pas, ou peut-être... Peut-être est-ce à cause de Max ?

Mes yeux s'écarquillèrent, et je m'avançai d'autant plus, attrapant sa main avec les miennes, dans un geste mécanique.
- Quoi ? Non ! Charles, je... Jamais il n'a été question de Max, ou d'un autre pilote, d'ailleurs. C'est juste que... Je ne suis pas prête, avouai-je en baissant la tête. Je ne te connais pas beaucoup, et même si ça avait été le cas, je souhaite me concentrer sur ma carrière, au moins le temps de faire mes preuves. Je suis une femme. Et en tant que telle, beaucoup doutent de moi, de mes capacités, et j'en fais partie. Je veux montrer que je mérite ma place, me rassurer sur le fait que tout ça est dû à mon talent. Et pour cela, j'ai besoin de temps.

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