It's light out and away we go

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Tout était allé trop vite. Beaucoup trop vite. Les mots que m'avait annoncés mon ingénieur résonnaient en boucle dans ma tête, me donnant une envie de vomir incontrôlable. Cependant, la vague de larmes qui me submergea ne pu attendre plus longtemps, et je laissais les billes salées s'agglutiner contre mes paupières et rouler le long de mes joues, et-

Je suis allée trop vite, c'est ça ? Bon très bien. Reprenons depuis le début.

Précédemment :

- Neuvième ! Je pars neuvième demain !

Et je sus à l'instant où je lui annonçai mon résultat que si je n'avais pas encore assez confiance en mes capacités, lui serait toujours là pour me soutenir.

Cela se confirma quand il me souleva de terre, me faisant tournoyer dans les airs sous les yeux du monde entier.

« Et pour sa première course en Formule un, Éléna Lemarchal se positionne en neuvième position aux côtés de Lance Stroll, à plus de une seconde et cinq dixièmes de son coéquipier Esteban Ocon, nous montrant clairement que l'ancienneté n'est pas un facteur dominant dans le sport automobile » annonça David Croft dans les speakers, sa voix résonnant à travers tout le circuit, parvenant même à se frayer un chemin à travers mon casque audio, duquel jaillissait le seul air entraînant qui parvenait à me motiver, Eyes of the tiger de Survivor.

Ma main battait le rythme sur ma cuisse, tandis que mon dos et ma tête reposaient sur les murets qui entouraient le circuit, me permettant d'avoir une assise assez confortable. Mon physio était à mes côtés, tenant un parapluie au-dessus de nous pour éviter que nous ne soyons exposer au soleil brûlant de Bahreïn, et donc à une trop forte chaleur. Entre mes pieds se trouvait ma gourde, le tuyau qui me permettait de boire étant placé entre mes doigts, ce qui était extrêmement pratique pour boire rapidement, sans avoir un réel besoin de mouvement.

Je tentais tant bien que mal de faire abstraction du bruit autour de moi, des commentateurs qui semblaient ne pas vouloir arrêter de vociférer dans les micros, et surtout, des fans qui hurlaient à chaque mouvement que pouvaient faire Lewis ou Sebastian.

Je pris une profonde inspiration, l'air gonflant mon ventre, faisant ralentir les battements affolés de mon cœur, puis je soufflai, expulsant toute la pression que je contenais en moi depuis hier soir.

Mes yeux s'agitaient derrière mes paupières, et je me retrouvais en quelques fractions de seconde dans ma monoplace, sillonnant et gravant en moi chaque courbe, chaque bosse que j'avais pu ressentir ces trois derniers jours, chaque léger dénivelé qui serait d'une importance capitale lors de la course.

Mes mains s'activaient dans le vide, se plaçant sur un volant invisible, m'aidant à visualiser où je devais rétrograder et accélérer, comment je devais prendre tel ou tel virage, l'angle que je donnerais dans quelques longues minutes au volant.

Mon corps était ma mémoire, tous les mouvements que j'avais pu avoir dans la monoplace me revenant à l'esprit, ce qui me faisait me remémorer les conseils donnés par mon ingénieur. Les petites erreurs que j'avais pu commettre s'effacèrent, ne laissant que les bons freinages, les bons moments où j'avais rétrogradé, ainsi que les bons angles de volant.

Pour résumer, ma mémoire musculaire avait enregistré toutes les données que j'avais récoltées ces derniers jours, ce qui avait créé une sorte de simulateur mental dans lequel je pouvais réviser le circuit et ses subtilités.

Il n'était pas nécessaire que j'ajoute que j'étais stressée, et que ces exercices mentaux me renfermaient dans une partie cachée de mon esprit dans laquelle je ne m'isolais qu'en cas de force majeure. Et il fallait croire que ma première course en était bien une.

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