7 - Premier cours

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Freya

camp d'Hallow

Aujourd'hui Thalion n'est pas là. Et avec la gueule de bois que j'ai, je pense que ça va être compliqué pour le reste. D'autant plus que j'ai toujours une petite douleur à mon bras. Je me traîne hors de mon lit, chaque pas résonnant douloureusement dans ma tête. Les rayons du soleil percent à travers les rideaux, m'aveuglant un instant et accentuant mon malaise.

– On va s'éclater, dis donc ! murmurai-je avec sarcasme, en tentant de trouver une motivation quelconque pour affronter la journée.

Je vais devoir assurer mon premier cours d'art martiaux seul. Je dois bien avouer que je flippe un peu de ce qui va se passer, normalement, il ne devrait pas y avoir de problème et puis je suis bien accompagné. Alors pas de stress !

Je me rends à un des lieux laissés à disposition pour les personnes voulant s'entraîner. Je remarque rapidement un petit groupe se dessiner dans le fond ainsi qu'un moniteur détenant une épée. Je crois que c'est mon groupe.

Le moniteur, un homme imposant avec une barbe poivre et sel, se présente avec une voix grave et autoritaire. Il nous explique le déroulé du cours avec une précision militaire, chaque mot semblant peser lourd de sens. Il nous classe ensuite par groupe afin de s'échauffer.

Les échauffements sont relativement classiques, très peu de différence avec les cours de tire à l'arc. Si peut être un peu plus de cardio ce qui fait très vite partir mon cœur dans les tours. Mon corps, encore alourdi par les excès de la veille, proteste à chaque mouvement. Les muscles de mes jambes brûlent et une sueur froide commence à perler sur mon front.

La pratique arrive finalement. J'ai clairement peur, tous mes coéquipiers ont déjà eu des cours tandis que je ne sais même pas comment prendre correctement mon épée. Ils vont se dire que je suis le cliché de la princesse – ils n'ont pas complètement tort.

Nous faisons d'abord de simples enchaînements, ce qui me permet de me familiariser avec mon adversaire. D'apprendre comment lui, il prend les petits coups que je lui donne et d'apprendre à enchaîner. Mon dos me fait tellement mal à force de les bouger dans tous les sens. Certes l'arc me donne une plus grande facilité et un peu de puissance, mais l'effort physique n'a rien à voir.

– Nous allons pouvoir commencer les vrais combats. Annonce le moniteur au bout de quelques heures d'entraînement.

À enchainer les coups, mes bras sont déjà meurtris, ça va être compliqué pour la suite. Pourtant, je garde ça pour moi, de ce que je sais, il faut sortir de sa zone de confort pour progresser, je suis très loin d'y être. Je dois avouer être assez déçu de voir que mes quelques mois passés dans la forêt ne m'ont pas beaucoup aidé à m'améliorer physiquement.

– Elin, je vais te demander d'être cool avec Freya. Affirme le moniteur, elle n'a encore jamais pratiqué le combat avec une épée et je souhaiterais qu'elle ne finisse pas à l'infirmerie.

– Ne t'en fais pas, je suis parfaitement capable de me débrouiller tout seul. Et puis de ce que je pratique, ça ne doit pas être si compliqué que ça, dis-je au moniteur.

– Ne t'en fais pas, je gère la situation.

– C'est bien ça le problème, à chaque fois que tu veux gérer la situation Elin sa part en vrille.

Elin ne réagit pas à son pique et se place en position. Faisant de même, je ne peux m'empêcher d'avoir un peu peur de ce qui va m'arriver, c'est de véritables armes, il suffit qu'il passe une mauvaise journée pour que mon corps en prenne les conséquences. Je regarde autour de moi, m'assurant qu'il y aura des gens pour m'aider et je me concentre. J'attaque en première, mon coup est maladroit, mais il a quand même le mérite de le surprendre. Les coups s'enchaînent sans que je risque quoi que ce soit. Je dois bien avouer que c'est principalement lui qui m'attaque et moi qui défends. Je travaillerai l'attaque plus tard.

J'échange de partenaire trois fois en recevant les félicitations du coach pour finalement tomber devant le camarade qui m'effraie le plus. Hormis le fait qu'il fasse trois fois ma masse – et je parle bien en muscle – il sait manier l'épée tellement bien que même Thalion ne doit pas la manier aussi bien.

Pourquoi je parle de lui ?

Passons, notre enchaînement de coups à l'épée commence et malgré la difficulté à parer ses coups, je tente néanmoins de montrer qu'elle point les Sylvaine se chauffent. Le choc de nos épées résonne dans l'air, chaque impact vibrant dans mes bras fatigués. Mon adversaire est impitoyable, ses mouvements précis et puissants. Mon souffle devient rapide et erratique, chaque respiration une lutte pour garder mon calme.

Soudainement, mon adversaire s'avance dangereusement de moi et m'assène un coup sur l'extérieur de la cuisse avant de retirer son épée. Une douleur vive me prend dans toute la jambe quand je vois une marée de sang mouillé ma tenue de sport. Un fort vertige me prend quand je tente de m'asseoir calmement. Autour de moi, les visages deviennent flous, les voix se mélangent dans un brouhaha indistinct. De nombreuses personnes se tournent vers moi, leurs expressions de panique ajoutant à ma confusion.

La douleur est tellement intense que mes forces m'abandonnent. Je sens mon corps devenir lourd et mes paupières se ferment malgré moi.

C'est le trou noir.

– Elle devrait s'en sortir Lurique.

Thalion est là ?

Une forte douleur me prend la tête quand je tente d'ouvrir les yeux. Éblouis par la lumière environnante. Je ressens une pression sur ma main droite, quelqu'un la tient fermement. Pourtant celui-ci enlève sa main. Probablement un infirmier voulant prendre ma tension ou vérifiant mes constantes. J'ouvre finalement les yeux et remarque Thalion, seul, à ma droite.

– Freya, est-ce que tu vas bien ? Sa voix est douce, empreinte d'une inquiétude inhabituelle pour lui.

Les événements récents me reviennent en mémoire en un flash brutal, ravivant la douleur de ma cuisse. Pourquoi n'ai-je pas simplement continué à utiliser mon arc ?

– Oui, je vais bien, je pense.

Je lève le regard vers les yeux de Thalion quand je remarque pendant une courte seconde de l'inquiétude. Mais cela fut de courte durée quand son air impassible revint.

– Freya, qui t'a fait ça ?

Cette fois si, c'est de la colère que je vois dans ces yeux, une flamme ardente et intimidante.

– Je rêve ou le grand Thalion Lurique s'inquiète pour une petite princesse telle que moi ? Je tente de plaisanter, mais la gravité de la situation me rattrape rapidement.

Je le vois serrer les poings et reculer un peu du lit, la tension palpable dans l'air. Je m'autorise finalement à décaler la couverture afin d'observer ma blessure, malheureusement pour moi, elle est bandée dans un tissu blanc.

– Il faudra le changer tous les jours Princesse. Commence Thalion, et il faudra que tu arrêtes pendant quelque temps les cours de sport, du moins ceux qui sollicitent ta jambe.

Super déjà que j'ai des capacités physiques réduites. Il ne manquait plus que l'on me poignarde la jambe.

– Fais chier. Chuchotais-je entre mes dents.

– Je t'ai entendu, et je croyais que les Princesses avaient un meilleur vocabulaire.

Le voir avec son sourire en coin me donne bien envie de le lui enlever.

– Pas quand elle traîne avec un homme tel que vous.

Pas sûr que ça le rembarre beaucoup, mais passons.

– Oh, on se vouvoie maintenant Princesse.

Mon Dieu, il me fatigue.

– Laisse-moi donc me reposer au lieu de m'importuner dans ma chambre.

– Si vous le voulez, Princesse. Je reviendrai plus tard pour te changer ton bandage.

Je soupire intérieurement, me demandant si je n'ai pas gagné un nouveau père. Au moins, il est plus affectueux que mon père biologique.

Les secrets du royaume [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant