35 - L'étreinte du passé

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Freya

Montagne d'Orlon

Un mélange d'émotions se bousculant en moi. Sa présence réveillait des souvenirs que j'aurais préféré oublier, des souvenirs de ce que j'avais été, de ce que nous avions été. Je l'installai sur le canapé, tentant de contrôler les tremblements qui menaçaient de trahir mon agitation intérieure. Tandis que je me précipitais vers la salle de bain pour prendre ma trousse de soins, je sentis la colère que j'avais essayé de réprimer, monter en moi. Sa présence ici, blessé et pourtant toujours aussi assuré, faisait bouillonner en moi un mélange de tristesse, de rage, et quelque chose d'autre que je n'étais pas prête à affronter.

Quand je revins avec la trousse, mes mains tremblaient légèrement. Je m'efforçai de garder une façade calme en m'approchant de lui. Je m'agenouillai à ses côtés, et en sentant la chaleur de son corps si proche du mien, mon cœur se serra un peu plus. Lorsqu'il me remercia doucement, utilisant ce surnom qu'il m'avait donné autrefois – "petite fleur" –, je fus envahie par un frisson que je tentai désespérément de réprimer. Ce surnom, simple en apparence, réveillait des souvenirs douloureux, une part de moi que j'avais tenté d'enterrer.

Je pris une profonde inspiration, me concentrant sur la tâche à accomplir. Je versai de l'alcool sur une compresse et commençai à désinfecter ses plaies, essayant de m'en tenir à des gestes méthodiques, presque mécaniques. Cependant, chaque fois que nos regards se croisaient, je sentais mon cœur battre plus fort, un rappel insidieux de l'effet qu'il avait encore sur moi. Malgré les blessures, il restait incroyablement séduisant, et cette pensée intrusive me déstabilisa plus que je ne voulais l'admettre.

Je coupai brusquement notre échange de regards, retournant mon attention vers son bras pour bander la plaie. Le silence qui s'ensuivit était lourd, chargé de tout ce que je ne pouvais pas dire, de tout ce que je ne voulais pas ressentir.

– Alors raconte-moi ce qu'il s'est passé.

Raymondin prit un moment pour répondre, un temps que je mis à profit pour me lever et me diriger vers la cuisine. Je lui servis un peu de mon souper, chaque geste un effort conscient pour garder le contrôle. Pourtant, même en m'efforçant de rester distante, mes pensées se précipitaient, se bousculaient. Je sentais en moi une détermination froide, une flamme qui s'était ravivée malgré moi. Je voulais comprendre ce qui s'était passé, mais plus encore, je sentais une envie naissante de riposte.

– Eh bien, c'est une longue histoire.

– Sa tombe bien, j'ai toute la soirée.

Quelque chose en moi avait changé, une dureté nouvelle, une résolution qui prenait forme dans l'ombre de ma tristesse. Raymondin semblait le remarquer, car je vis une lueur de confusion traverser son regard avant qu'il ne sourie à son tour.

Il se lança alors dans son récit, parlant des elfes noirs qui avaient repris leur ronde, de son retour à son royaume, de son rôle de roi détesté. Je l'écoutais, mais une partie de moi restait détachée, observant ses mots sous un angle différent, un angle plus froid. Quand il évoqua les elfes noirs, je hochai la tête distraitement, répondant presque machinalement.

– Oui, et je dois dire qu'ils ne m'ont pas manqué.

Ce n'était qu'une vérité simple, mais en la prononçant, je sentis une fissure dans l'armure que j'avais érigée autour de moi.

– Je sais, mais je reste le roi que tout le monde déteste. Il faut bien entretenir cette réputation.

– Tout le monde ne te déteste pas, murmurai-je en me retournant, les mots franchissant mes lèvres avant que je ne puisse les arrêter. Pourquoi avais-je dit cela ? Une partie de moi se détestait de montrer cette faiblesse, mais il était trop tard. Je priai pour qu'il n'y prête pas trop attention.

Les secrets du royaume [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant