Les secrets du royaume [Réécriture]

11 - Entrainement

Freya

camp d'Hallow

Me voilà de nouveau à fouler le sol, comme à peu près tous les jours depuis que je suis au camp. Le terrain d'entraînement est un mélange de terre battue et d'herbe arrachée, usé par les innombrables combats et exercices qui s'y déroulent quotidiennement. Les armes s'entrechoquent, les cris de guerre et les rires des soldats résonnent dans l'air, créant une atmosphère à la fois oppressante et galvanisante.

J'ai pris l'habitude de le faire avec les amis de Thalion, mais vu le dernier incident, il a préféré rester à mes côtés pour cette fois et surement pour toutes les autres d'après. Ses yeux, habituellement pétillants de malice, semblent aujourd'hui plus sombres, empreints d'une inquiétude palpable. Quelque chose a vraiment changé entre nous. Nos échanges, auparavant légers et taquins, sont devenus plus profonds. Mais j'ai bien trop peur que s'il s'approche trop, il se brûlerait les doigts. Ou j'ai peut-être peur que ce soit moi qui brûle.

Aujourd'hui, on fait du combat au corps à corps, par chance. J'apprécie qu'il m'ait laissé ma dague, une arme avec laquelle je commence à me sentir à l'aise, malgré les cicatrices et les égratignures accumulées. La sueur perle sur mon front, glissant le long de mes tempes alors que je me concentre sur chaque mouvement, chaque posture. Mais je suis ravie de pouvoir m'améliorer avec ces armes. Je continue de m'entrainer avec mon arc et d'apprendre bien plus de technique que je ne connais déjà. C'est dans ces moments-là que tu te dis que finalement, les cours de tir à l'arc n'étaient pas si ennuyeux que ça. Ce n'est pas grave, ce n'est pas en m'attristant de mon passé que je vais arranger le futur. Au contraire, ce n'est qu'une perte de temps que je pourrai avoir à m'entraîner.

– Relève-toi Princesse. Ordonne Thalion en me coupant de mes pensées. Mais je suis tellement épuisée et à bout de force que je reste bien une minute de plus pour reprendre mon souffle. Le sol sous moi est rugueux, les grains de terre collant à ma peau moite.

– Tu sais que ton ennemi se foutra bien si tu es essoufflé ou non ? Il en profitera justement, il te poussera à bout. Ses mots, bien que souvent répétés, ne perdent jamais de leur impact. Ils résonnent en moi, un rappel constant de la dure réalité du combat.

Je n'écoute plus la fin de son discours, il dit toujours la même chose quand je suis à bout.

Comprenant que je suis fatiguée, il m'annonce que le cours est terminé pour aujourd'hui et commence à se reculer.

S'il savait que j'ai simulé depuis le début.

À peine a-t-il le dos tourné que je lui saute dessus pour le faire tomber sur le dos, posant ma dague sur son coup, son regard exprimant un mélange de fierté et de surprise.

Ne t'inquiète pas, je ne vais pas m'arrêter là.

– Règle importante dans le combat Lurique. Mes paroles sont accompagnées d'un sourire malicieux. Ne jamais tourner le dos à son adversaire. Et méfit toi, il est facile pour une femme de simuler. Lui dis-je accompagner d'un clin d'œil.

– Tu verras que ce sera la dernière fois que tu simules Princesse. Me répond-il avant de prendre mes hanches et de les balancer de l'autre côté. Il semblerait que je ne sois pas assez lourde pour le maintenir au sol.

Super maintenant, c'est moi en dessous.

Il s'allonge sur moi, maintenant mon corps fermement au sol, tenant plus loin mon bras contenant ma dague. La proximité de son corps, la chaleur de sa peau contre la mienne, tout cela est enivrant. Dans cette position, la seule chose que j'ai à faire, c'est attendre. Ou je continue de le provoquer encore un peu.

– On dirait bien que l'ego de Monsieur n'a pas souhaité que je me retrouve dessus.

– S'il s'agit de toi Princesse, ça ne me dérange pas. Sa réponse, douce et inattendue, fait monter le rouge à mes joues.