Les secrets du royaume [Réécriture]

19 - Sous surveillance

Thalion

4 mois plus tôt

Cela fait maintenant deux jours que Freya est partie, et chaque minute qui passe me plonge un peu plus dans la culpabilité. Le dernier souvenir que j'ai d'elle est gravé dans ma mémoire comme une brûlure : son regard plein de dégoût et de déception, un regard qui m'a transpercé jusqu'au fond de l'âme. J'ai vraiment tout gâché.

Aujourd'hui, j'ai prévu de retourner au château de Tayonne parler avec le roi. J'ai dans l'espoir de me racheter auprès de Freya alors, je compte commencer en annulant mon contrat avec le roi Herumor. Je savais déjà que ce contrat était nul dès lors que j'avais des sentiments pour elle alors, je ne vais pas continuer pour quelques pièces. D'autant plus que je ne sais même pas où elle est. Je l'aurais bien rattrapé et lui dire que je m'en veux, que je suis désolé et que je l'aime. Mais cela n'aurait servi à rien, c'est évident. Elle mérite bien plus que de simples excuses, lâcher comme ça. Elle est tellement plus.

Thalion, je crois que tu es accro.

Je retourne au royaume sous les premiers éclats de la lune. Elle commence à se lever dans le ciel, un signe que je vais probablement devoir passer la nuit ici.

La salle du trône du château de Tayonne est impressionnante. Ses vastes dimensions et ses murs ornés de tapisseries anciennes lui confèrent une grandeur austère. Au centre se dresse un trône majestueux, en or et en velours pourpre, actuellement occupé par le roi Herumor. Les gardes en armure s'alignent comme des statues, observant d'un œil vigilant les allées et venues.

– Que me vaut cet honneur, chère Thalion?

Entendre sa voix me fait grincer des dents. C'est vrai que c'est grâce à lui que j'ai rencontré et fait la connaissance de sa fille, mais c'est aussi à cause de lui que je l'ai perdu.

– Je souhaite revoir notre arrangement.

Il se redresse sur son trône, ses yeux perçants se plissant légèrement dans une expression de curiosité mêlée de suspicion.

– Et pourquoi donc mon enfant ? Il me semblait parfait, tu disposes de tous les avantages que tu souhaites en plus d'une bonne rémunération.

– Veuillez m'excuser, je voulais dire annuler notre arrangement.

Le roi affiche un sourire qui ne présage rien de bon. Un sourire qui s'élargit presque de manière malveillante.

– Je ne crois pas que ce soit possible mon garçon. Notre arrangement ne te convient plus ?

– Eh bien, c'est plus compliqué que ça, commençais-je.

Le roi descend lentement de son trône, sa démarche mesurée contrastant avec l'intensité de son regard. Même la dernière fois que je l'ai vu dans la forêt, il n'était pas aussi intimidant. Il paraissait plus heureux, une expression que je n'avais pas comprise sur le moment.

– Je savais que cette fille allait te causer du tort, souffle-t-il. Écoute-moi bien mon garçon. Je n'ai jamais stipulé dans notre engagement que tu pourrais décider de quand partir. Ce qui signifie donc que tu continueras à faire ce que je te demande et quand je te le demande.

Je serre les poings, la tension palpable entre nous faisant vibrer l'air. Cette conversation prend un tour beaucoup plus hostile que prévu.

– Je suis désolé, mais je ne suivrai plus vos ordres.

Avant même qu'il ait le temps de réagir, je fais un pas en arrière, presque poussé par l'adrénaline qui se déverse dans mes veines. Il est plus facile de tourner le dos à un roi influent comme Herumor que je ne l'aurais imaginé, même si une part de moi doute de sa sagesse. Peut-être suis-je devenu fou à ce point.

– Thalion Lurique! Cris le roi.

Je me retourne brusquement. Avant même que je puisse réagir, une force invisible me projette instantanément à ses côtés, comme si la magie elle-même me manipulait. J'avais presque oublié à quel point les pouvoirs se transmettent de génération en génération dans cette famille royale. Contrairement au reste de sa lignée, Freya n'a pas besoin de magie pour captiver et émerveiller ; elle est remarquable par sa seule présence.

– Tu vas bien écouter ce que je vais te dire Thalion Lurique, une de mets homme surveille chacun de tes fait et gestes tout comme ceux de ta Princesse. Alors, je me fiche de savoir si tu l'as perdu ou non, si tu as des sentiments ou non pour elle. J'ai juste à envoyé un ordre pour qu'elle se fasse tuer sur le champ, est-ce que c'est bien clair ?

Mon sang se glace dans mes veines alors que je hoche la tête, incapable de formuler une réponse. Le poids de ses paroles est écrasant, un fardeau qui me serre la poitrine.

– Bien, j'aime quand on trouve un terrain d'entente tous les deux, me sourit-il, ta chambre est libre pour cette nuit si tu en as besoin.

Je n'ajoute rien, me contentant de m'éclipser précipitamment. Je cours à travers les couloirs labyrinthiques du château, ma respiration haletante résonnant contre les murs froids et ornés. J'ai besoin de sortir, de trouver un moyen d'évacuer cette montée d'angoisse et de dégoût. Peut-être devrais-je vomir pour me libérer de cette nausée persistante. Il semble que je dois continuer à servir ce roi odieux, tout en sachant que ma Princesse est sous surveillance constante et en danger perpétuel. Le pire, c'est qu'elle court ce danger à cause de mes propres actions. Une vague de culpabilité m'envahit presque écrasante.

Il faut vraiment que je trouve ma Princesse.

Et surtout cette taupe.