8 - Dans l'obscurité du palais

5 1 0
                                    

Thalion

Le soir de l'évasion de Freya

Je ne sais pas vraiment ce que je fais, il fait nuit noire et je me balade dans le château de Tayonne. Je ne sais pas ce que je fais. Il fait nuit noire et je me balade dans le château de Tayonne. Les couloirs, éclairés faiblement par quelques torches vacillantes, sont empreints d'une atmosphère lugubre et oppressante. Le château, vaste et ancien, semble murmurer des secrets à chaque coin sombre.

Aujourd'hui est un jour comme les autres, à mon plus grand désespoir. Il n'y a pas longtemps, il y a eu une fête, encore une autre. Il y a comme toujours des gens de la haute société pensant qu'à eux. J'espère qu'il ne pense pas que porter des robes plus coûteuses les unes que les autres aideront les gens. Ces tenues luxueuses, brodées de fils d'or et de pierres précieuses, contrastent cruellement avec la réalité. Il y a des gens qui meurent dehors, qui réclament leur aide, même minime, pour nourrir leur famille et se réchauffer. Et eux, il danse et porte des toasts.

Je ne comprends pas ce que je fais ici !

D'habitude, je lis des livres le soir, soit pour apprendre, soit pour me divertir. Mes préférés sont ceux qui se finissent mal, j'ai l'impression de mieux retenir l'histoire et d'être tellement plus marqué sur le moment.

On se souvient toujours des moments négatifs d'une vie que les joyeuses.

Mais ce soir, je voulais du changement, ce soir, j'avais besoin d'un peu de liberté et de réfléchir à l'avenir. Je travaille pour le roi, j'ai une place importante. Je suis dans la garde royale. Mais je ne sais pas, aujourd'hui c'est trop.

Il y a toujours une journée où c'est trop.

Alors est-ce que sortir m'aidera peut-être à mettre mes idées au clair. Probablement que je risque de me faire engueuler. Après tout, il n'y a pas longtemps, on m'a demandé de rejoindre une "secte" pour combattre Lord Raymondin. Bon, je ne sais pas vraiment si c'est vrai. C'est le barman de la taverne du coin, Rocs, je crois, qui m'a proposé de les rejoindre un soir où j'ai encore décidé de boire pour oublier mes problèmes.

Je continue de me balader, faisant évader mon esprit.

Certains ont besoin d'écrire, d'autre de parler ou encore d'autre de frapper dans quelque chose. Personnellement marcher et mettre les idées au clair ça m'aide.

D'autant plus que le problème de ma succession commence à arriver. De plus en plus de personne de ma famille commence à me reprocher de ne pas avoir de femme à mon âge et de me fixer trop sur mes objectifs.

Mon Dieu, je fais ce que je veux !

Ce ne sont pas eux qui sont dans mon corps ou dans ma tête.

Il rigolerait bien eux si je disais qu'il se concentre trop sur leur famille et leur succession à la con.

Soudain, je vois au loin une silhouette, indistincte, dans la lueur tremblante des torches. Impossible de savoir vraiment de qui il s'agit. Malheureusement pour moi, cette silhouette porte une longue cape m'empêchant de distinguer les formes du corps. Les ombres accentuent le mystère, rendant la scène presque irréelle. Je me rapproche alors discrètement, laissant mes pensées de côté. Je m'y occuperai plus tard.

C'est drôle, mais j'ai l'impression qu'elle veut s'échapper.

Dommage pour elle, je ne vais pas la laisser s'échapper tranquillement, ou du moins pas sans lui parler.

Elle se rapproche doucement de la muraille et sors son grappin et alors qu'elle commence à le tourner pour pouvoir l'envoyer sur le rempart, je le lui attrape et la fait se rapprocher de moi. Se collant ainsi à mon torse. Son capuchon tombant sur ses épaules me montre son visage.

J'ai l'honneur de vous dire que c'est une fille ! Ses yeux, brillants de détermination et de surprise, me fixent. Sa peau est pâle, presque éthérée, et ses cheveux, libérés de leur prison de tissu, cascadent en boucles blondes sur ses épaules. Le parfum subtil de fleurs sauvages émane d'elle, contrastant avec l'odeur de la pierre froide et des torches fumantes.

– Je peux vous aider demoiselle en détresse ?

Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens directement à l'aise avec elle, pourtant je ne lui ai jamais parlé. Quelque chose en elle me semble familier, presque magnétique. Elle est blonde, avec des yeux bleus perçants, de quoi en faire tomber plus d'un. Sa silhouette élancée se découpe nettement sous la lumière des torches, révélant une grâce féline.

Mais pourquoi veut-elle s'échapper ?

– Je ne suis pas une demoiselle en détresse. Et non, je ne veux pas de votre aide ! s'insurgea-t-elle en se reculant de moi.

– Vous comptez vous échapper du palais ?

– Qu'est-ce que ça peut vous faire ?

Ça veut dire oui.

– Vous savez que vous avez juste à prendre la porte la journée.

Elle ne répondit pas. Elle semble plongée dans ses pensées, son regard bleu fixant un point au loin, au-delà des murs oppressants du château. Ses mains fines, mais habiles, s'activent à relancer son grappin. Le cliquetis métallique résonne doucement dans le silence nocturne. Elle assure son grappin et commence à grimper avec agilité. Une fois en haut, je ne peux pas m'empêcher de lancer :

– Demoiselle en détresse ?

Elle se retourne, ses cheveux blonds flottant légèrement dans la brise nocturne.

– Fais attention à toi d'accord.

Elle me fait un signe de la tête et m'offre un sourire mystérieux qui illumine son visage un instant avant qu'elle ne disparaisse derrière la muraille.

Je ne sais pas vraiment pourquoi je lui ai parlé, mais j'avais envie. Et puis elle m'a comme attiré, ou peut-être que juste, j'ai voulu embêter quelqu'un encore. Son départ laisse un étrange sentiment de vide, un mélange de curiosité et de regret.

Je continue de marcher un peu, mes pensées tourbillonnant autour de cette rencontre, avant de finalement décider de retourner me coucher. La nuit est calme, mais je sais que la journée de demain allait être longue et remplie de responsabilités.

À mon réveil, un des gardes royaux me secoue violemment, sa voix pressée rompant le silence de ma chambre :

– Réveil toi et vite le roi te demande. La Princesse a disparu !

Et merde !

Mon esprit encore embrumé par le sommeil se réveille en sursaut. La réalité s'impose brusquement. La blonde aux yeux bleus... La Princesse ? Mon cœur s'emballe alors que je me précipite hors du lit, essayant de comprendre comment cette nuit mystérieuse allait bouleverser nos vies.

Les secrets du royaume [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant