44 - Le dernier espoir

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Freya

Drales

Le crépuscule enveloppait le palais impérial d'une lueur dorée tandis que je me préparais à faire mon entrée sur le balcon. Chaque pas que je faisais sur les mosaïques fraîches du salon semblait résonner dans le calme précaire de la soirée. En traversant la pièce ornée de tapisseries et de meubles d'époque, je sentais l'adrénaline monter en moi. Je savais que ce discours était crucial.

Quand je poussai les grandes portes en bois du balcon, la lumière du soleil couchant se déversa autour de moi, illuminant ma robe de velours pourpre brodée d'or. Les bijoux qui scintillaient à mon cou et à mes poignets paraissaient presque faiblir face à l'agitation en contrebas.

La grande place était un tourbillon de mouvement et de bruit. Les villageois criaient et gesticulaient, manifestant leur mécontentement avec une intensité que je n'avais pas anticipée. Les cris d'angoisse et de frustration se mêlaient en un brouhaha chaotique. Les visages marqués par la colère et la confusion levaient les yeux vers moi avec une haine à peine dissimulée.

Je m'avançai jusqu'à la balustrade, tentant de percer le tumulte de la foule. Les murmures avaient cédé la place à une clameur bruyante, une mer de voix mécontentes qui déferlait vers moi.

– Mes chers sujets, commençai-je d'une voix claire et assurée, je suis ici pour vous parler, pour écouter vos voix et partager avec vous les décisions importantes pour notre avenir.

Je fronçais les sourcils m'arrêtant dans mon discours. La réponse de la foule fut un mélange de cris discordants et de slogans de protestation. Le désordre était manifeste. Chaque appel à l'ordre que je lançais était englouti dans le vacarme grandissant. Mon cœur s'emballa en réalisant l'ampleur du problème. Mes yeux se tournèrent alors vers l'intérieur du palais, cherchant désespérément Raymondin. J'avais besoin de comprendre ce qui se passait réellement.

À ma grande consternation, je le vis en train d'être retenu par deux gardes. Deux gardes le retenaient, l'empêchant de venir me parler. Ils doivent être là pour nous protéger, étant donné l'agitation à l'extérieur du château.

Je n'hésitai pas un instant. Faisant appel à ma magie, j'étendis les bras, et un éclat de lumière bleutée jaillit de mes paumes. Les gardes furent projetés en arrière avec une force impressionnante, se heurtant aux murs du palais et laissant Raymondin libre. Je courus vers lui, chaque pas résonnant dans l'air lourd de tension.

– Raymondin pourquoi ne m'as-tu rien dit ? m'écriai-je, mes mots presque engloutis par le vacarme.

Raymondin, bien que légèrement essoufflé, se redressa avec une dignité qui n'avait rien de commun. Un sourire en coin flottait sur ses lèvres, tandis que ses yeux sombres croisaient les miens avec une intensité qui me fit vaciller. Sa réponse, malgré la gravité de la situation, avait une légèreté déroutante.

– Je suis désolé petite fleur, dit-il d'une voix teintée d'un amusement discret. J'étais déjà occupé à te regarder.

Il m'observe. Depuis combien de temps ? Et pourquoi ce regard posé sur moi me trouble-t-il autant ? Une partie de moi veut protester, lui dire de ne pas me distraire avec ses jeux alors que nous sommes en pleine tempête. Mais une autre partie, plus profonde, se sent étrangement flattée. Comme si, pendant un instant, malgré tout ce qui nous entoure, je suis devenu le centre de son attention.

– Raymondin, dis-moi ce qui se passe réellement, insistai-je, la voix chargée d'une urgence croissante.

Il baissa les yeux un moment, cherchant les mots justes. Lorsqu'il releva la tête, son expression était empreinte de sérieux.

– Le mécontentement parmi le peuple est bien plus profond que je ne le pensais, Freya. Ils se sentent trahis et ignorés. Aviris a été laissé trop longtemps sans gouverneur, ce qui a créé un immense chaos. Le Conseil a jugé bon de t'avoir, mais pas le peuple.

Je regardai la foule en contrebas, où les cris et le chaos continuaient d'augmenter. Le désespoir et la colère de mes sujets étaient palpables. Je sentis Raymondin se rapprocher, son regard maintenant attaché au mien avec une intensité qui mêlait admiration et anxiété. Sa présence était à la fois un réconfort et un rappel des défis à venir.

– Il faut qu'on trouve un plan.

Raymondin et moi descendîmes les escaliers avec une hâte inquiète. Le chaos qui régnait dans la place se répercutait jusque dans les couloirs du palais, et chaque pas semblait résonner dans une atmosphère chargée d'urgence. Nous nous dirigeâmes vers la salle du conseil, espérant y trouver un semblant d'ordre au milieu de la tourmente.

Lorsque nous atteignîmes la grande porte de la salle du conseil, je la poussai sans attendre. Ce que je découvris à l'intérieur était loin de ce que j'avais espéré. La pièce, généralement impeccablement ordonnée, était désormais un champ de désolation. Les chaises étaient renversées, les papiers éparpillés comme des confettis, et les membres du conseil semblaient se battre pour se faire entendre au-dessus du brouhaha général. Les cris de frustration et les éclats de voix se mêlaient à la clameur qui régnait à l'extérieur, créant une cacophonie désespérante.

Raymondin et moi traversâmes la pièce en marchant rapidement, cherchant à établir le calme parmi ce désordre. Je pris une grande inspiration et me rendis devant le groupe, essayant de percer à travers les voix discordantes.

– Silence ! commandai-je, ma voix perçant enfin à travers le chaos. Nous devons nous organiser et trouver une solution à cette crise.

Les murmures cessèrent peu à peu, et les membres du conseil se tournèrent vers moi avec des expressions de soulagement mêlées de fatigue. Raymondin se positionna à mes côtés, affichant une posture de soutien.

– Nous devons réfléchir à un plan pour apaiser le peuple, dis-je, les yeux parcourant la pièce. Avez-vous des suggestions ?

Un vieil homme aux cheveux argentés, assis près de la table, leva lentement la main. Il avait l'air fatigué, mais déterminé, et ses yeux brillaient d'une lueur inattendue.

– Votre Majesté, dit-il d'une voix rauque, mais ferme, il existe quelqu'un qui pourrait nous aider. Un vieil homme à la réputation de prophète, qui vit à l'écart, en dehors de la ville. Ses prédictions étaient souvent considérées comme des vérités, et il pourrait nous éclairer sur la meilleure manière de restaurer l'équilibre.

Je tournai la tête vers Raymondin, cherchant confirmation dans ses yeux. Il hocha la tête avec une expression de compréhension.

– Nous devons y aller immédiatement, dit-il. Si cet homme peut nous fournir des conseils, il est essentiel que nous le trouvions. Les choses ne peuvent pas empirer davantage.

Je sentis un mélange de soulagement et d'appréhension. Je savais que le temps pressait, et que chaque décision devait être prise avec soin. Nous nous préparâmes à partir, avec une rapidité qui contrastait avec l'énervement ambiant. Raymondin et moi nous dirigeâmes vers la sortie, déterminés à trouver ce prophète et espérant qu'il pourrait nous offrir une lueur d'espoir dans cette crise grandissante.

À l'extérieur, la lumière du crépuscule s'éteignait lentement, laissant place à l'obscurité croissante. Nous empruntâmes un chemin qui nous mènerait hors de la ville, vers la demeure isolée du prophète. Le silence de la nuit semblait se remplir de promesses et d'incertitudes alors que nous avancions ensemble, les épaules chargées du poids de notre mission et de nos propres pensées entrelacées.

Les secrets du royaume [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant