Les secrets du royaume [Réécriture]

24 - Au bord du désespoir

Thalion

Drales

Je vais tous les tuer.

Lorsque Freya a accepté d'embrasser « l'empereur » pour faire des recherches sur la provenance de ses pouvoirs, j'ai ressenti une rage brûlante monter en moi. J'avais envie de me battre avec Raymondin. Quand Freya s'est retrouvée seule avec lui, Tic et moi avons été propulsés dans une autre salle, sombre et oppressante, éclairée uniquement par une vitre nous donnant une vue sur Freya. À côté de cette fenêtre, une porte robuste que j'ai tenté d'ouvrir pendant une dizaine de minutes, mais en vain. Tic et moi avons dû la regarder se faire vider de son pouvoir et de son énergie. Ça m'a rendu fou !

Au départ, je pensais qu'elle savait ce qu'elle faisait, et puis il a commencé à devenir de plus en plus insistant alors que Freya se vidait d'elle-même. Finalement, l'empereur s'est révélé être Raymondin. Tic et moi avons sauté sur la porte et donné cœur et âmes pour l'ouvrir, tellement obsédés par notre tâche que nous n'osions plus regarder Freya par la fenêtre. La porte enfin ouverte, Tic et moi avons figé une seconde. C'était bien lui, Raymondin. Tic a bondi sur lui, mais il s'est évaporé en fumée tandis que je courais vers Freya qui s'effondrait au sol.

– Pitiez Freya, réveille-toi, hurlais-je. Je t'en prie, mon cœur, j'ai besoin de toi.

Tic a accouru à mes côtés, mais il n'a rien fait, me laissant dans ma panique. Tandis que je criais et que je la serrais contre moi, espérant la réveiller, Tic a posé une main réconfortante sur mon épaule et a dit :

– Thalion, il faut l'emmener à l'infirmerie.

Je n'ai pas levé les yeux, continuant à la tenir, une larme coulant sur la joue de Freya. Ce n'était pas la sienne. Mon Dieu, est-ce que ça m'a autant changé de voir Freya partir ? Je l'ai portée dans mes bras, encore sous le choc, tandis que Tic cherchait quelqu'un pour nous guider à l'infirmerie. L'infirmerie était une immense salle blanche et dorée, remplie de lits alignés. Dès notre arrivée en trombe, les infirmières ont pris Freya en charge. Je suis resté là, les bras ballants au milieu de la salle. Tic m'a attrapé le bras et m'a emmené dehors. Alors que je soufflais profondément pour évacuer mon stress, Tic m'a rassuré :

– Elle va s'en sortir Thalion.

– Je sais Tic.

– Je t'aurais bien fait un câlin, mais j'ai peur que ton état soit contagieux. Dit Tic alors qu'il se recule d'un pas, fier de sa vanne. Elle a le don de me faire sourire au moins.

J'essaie de me rassurer en me disant que les infirmières d'ici sont bien plus compétentes que celles que nous avons à Hallow. Celles-ci viennent de Aviris, le soin fait partie de leur pouvoir. Elle ne devrait donc pas avoir de problème à se remettre.

– Donc Raymondin dispose d'un peu de pouvoir de Freya.

– Malheureusement oui, et en plus il nous l'a bien amoché.

Je souffle et m'assois sur un banc alors que Tic me rejoint.

– Ça te dit, on fait un pierre feuille ciseaux ?

Il est fou !

– Vas-y, pour faire passer le temps.

Je suis tout aussi fou. Je pense qu'il a raison, c'est contagieux.

Le premier tour, Tic fait une pierre tandis que je fais une feuille. Le second Tic fait ciseau tandis que je fais feuille. Enfin Tic fait pierre alors que je fais feuille.

– J'ai gagné, sursaute Tic.

– Il est nul ton jeu de toute façon.

Tic n'a pas le temps d'ajouter quelque chose qu'une infirmière nous interrompt en nous annonçant qu'il est possible de voir Freya. Après cette annonce, mon stress remonte en pique alors que je cours rejoindre l'infirmerie suivie de près par Tic. Je m'approche du lit et pose ma main sur la joue de ma Princesse. Sa peau est froide et pâle, marquée par des cernes profonds. Elle est sacrément mal en point, et le pire dans toute cette histoire, c'est que nous n'avons aucune nouvelle du véritable empereur ni de réponse à nos questions. Tout ça, c'est ma faute. Si j'avais été plus attentif, j'aurais dû voir que l'empereur se jouait de nous.

– Et mec, ce n'est pas ta faute. Il a bien joué son coup, on ne pouvait pas le voir venir.

– À l'avenir, je le verrai venir. À cause de mes conneries, on n'a pas nouvelle du véritable empereur et ma princesse va mal.

Tic baisse les yeux au surnom que j'ai donné à Freya.

– Je vais voir si les gardes ont des nouvelles, annonce Tic avant de partir, me laissant seule avec ma princesse.

Je m'assois sur une chaise à côté et tombe dans les bras de Morphée, ma main posée sur celle de Freya.

Je sens une main me faire des papouilles sur la mienne ce qui me fait me sortir de ma rêverie. Je relève la tête en sursaut alors que je vois Freya me regarder avec ses yeux doux.

Elle est réveillée !

Je me lève précipitamment de la chaise et me place à côté du lit, scrutant chacun de ses traits pour déterminer si elle va bien. Sa peau est toujours pâle, ses yeux moins pétillants, et sa main manque de force.

Je continue de regarder si elle va bien alors que ma colère commence à monter à mesure que je regarde si elle va bien.

– Ça va Thalion?

Sa voix est faible et douce.

– C'est plutôt moi qui devrais te retourner la question Princesse.

– On dirait que tu as vu un cadavre.

Désolé Princesse, mais on n'y est pas loin.

– Mon cœur, je te promets de le retrouver pour lui faire payer ce qu'il t'a fait. Dis-je, déterminer à faire changer la situation, il a touché à la femme que j'aime. Très bien, c'était la seule et unique fois. Maintenant, il aura affaire avec moi.

– Thalion, je vais bien. Me rassura Freya alors qu'elle se mit à tousser.

– Non Princesse, tu ne vas pas bien. Quoi qu'il arrive maintenant, tu ne seras pas seul. Il y aura toujours quelqu'un avec toi. Et je jure de remuer ciel et terre pour faire payer Raymondin ce qu'il t...

Avant que je n'aie le temps de poursuivre ma phrase. Freya prend le col de ma chemise et m'embrasse langoureusement. Ce geste n'a duré qu'une petite seconde, et pourtant je suis déjà accro.

Freya m'a embrassé bordel !

– C'est bon, tu vas te taire maintenant ?

Je la regarde interdit, elle n'a fait ça que pour me taire ? Mais cette fille me tuera un jour. Et maintenant qu'elle m'a fait goûter à ces lèvres, je veux y goûter encore.

– Je ne suis pas en sucre Thalion. Je vais m'en sortir, tu sais, après une bonne douche et un bon repas, je serai remis sur pied ne t'en fais pas.

Toujours sous le choc, j'arrive seulement à lui dire :

– Ce soir, on part pour Perpices.

Après cet aveu, je sors précipitamment de la salle. Il faut que j'aille m'aérer les esprits.