Les secrets du royaume [Réécriture]

48 - L'union des cœurs

Freya

Raymondin et moi nous tenons main dans la main, entourés par la lueur bleue de ma magie qui pulse doucement. L'air autour de nous semble charger d'une tension nouvelle, comme si le monde retenait son souffle. La forêt, auparavant si menaçante, semble soudain plus calme, presque apaisée par la lumière qui émane de moi. Pourtant, au fond de mon cœur, je sens une inquiétude grandissante. La révélation de Raymondin sur Jona tourbillonne dans mon esprit, laissant derrière elle un goût amer.

– Nous devons retourner au château, dis-je enfin, brisant le silence. Si ce que tu dis est vrai, alors Jona est en danger... ou pire.

Raymondin acquiesce, son expression grave.

– Il faut la retrouver avant que l'ombre ne prenne totalement possession d'elle. Nous ne savons pas combien de temps il nous reste.

Sans perdre une seconde, nous remontons en selle et faisons demi-tour vers le château. Le trajet semble étrangement court, chaque minute qui passe alourdit le poids sur mes épaules. L'idée que ma propre sœur puisse être impliquée dans une trahison me dévore de l'intérieur. Comment ai-je pu ne rien voir ? Comment ai-je pu être si aveugle ?

Lorsque nous arrivons aux portes du château, la nuit est tombée, enveloppant le paysage d'une obscurité oppressante. Les torches vacillantes éclairent faiblement l'entrée, projetant des ombres mouvantes sur les murs de pierre. Je descends de cheval avec une détermination renouvelée, sentant la magie bleue s'agiter en moi comme un écho de ma colère contenue.

Nous pénétrons dans le château, Raymondin à mes côtés. Les couloirs sont déserts, le silence seulement brisé par le bruit de nos pas résonnant sur les pierres froides. Mon cœur bat à tout rompre alors que nous approchons des appartements de Jona. Plus nous nous rapprochons, plus je sens cette ombre que Raymondin a évoquée. Elle est là, tapie dans l'obscurité, attendant son moment pour frapper.

Je m'arrête brusquement devant la porte de la chambre de ma sœur, la main posée sur la poignée. Un frisson parcourt mon échine.

– Raymondin... et si tu te trompais ? Si ce n'était pas Jona ?

Il pose une main réconfortante sur mon épaule, ses yeux plongés dans les miens.

– Freya, peu importe ce que nous trouverons de l'autre côté de cette porte, nous le surmonterons ensemble. Tu n'es pas seule.

Je hoche la tête, prenant une profonde inspiration avant d'ouvrir la porte. La chambre de Jona est plongée dans une pénombre inquiétante, la seule source de lumière provenant de la lune qui filtre à travers les rideaux à demi fermés. J'avance lentement, scrutant chaque recoin, cherchant des indices. Raymondin me suit de près, son regard alerte.

Puis, je la vois. Jona est assise sur le bord de son lit, les yeux fixés sur le sol, comme perdue dans ses pensées. Mon cœur se serre en la voyant ainsi, si vulnérable, si différente de la sœur que je connais.

– Jona ? Ma voix est un murmure, tremblant d'émotion.

Elle lève les yeux vers moi, et ce que je vois dans son regard me glace le sang. Ses yeux, d'habitude si doux, sont maintenant teintés d'une noirceur profonde, presque surnaturelle. Un sourire étrange, presque imperceptible, se dessine sur ses lèvres.

– Freya... Tu es revenue, murmure-t-elle, sa voix étrangement calme, mais teintée d'une froideur qui me fait frissonner.

Je sens la panique monter en moi, mais je la refoule, refusant de céder à la peur.

– Jona, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi es-tu... comme ça ?

Elle se lève lentement, comme si chaque mouvement lui demandait un effort considérable.