Chapitre 19

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FLASHBACK AYOLE :

Le lendemain de la déposition de Logan, il a été accusé, lui et les Esméralda de nom, de complicité dans l'affaire de Nadir Jirul. La loi aurait voulu, chose légale, que les principaux concernés portent plainte – Monsieur Esméralda pour l'enlèvement de son fils, Tato pour le décès de Potino – suite à l'écoulement de sang poursuivant le drame de cette même affaire. Mais rien de tout cela n'a été fait.
En vertu des pouvoirs de Monsieur Helmut et de l'influence du maire de Graloni, les noms de Logan et de son père ont été blanchis, évitant ainsi de nuire à leur réputation sociale. Mon père, quant à lui, subissait la tempête médiatique, porté par le poids de cette histoire.

Logan s'est vu formellement interdire de quitter la région, et des policiers en civil ont été affectés à sa surveillance. Pareil pour moi. Monsieur Esméralda a dû faire une déposition. Une question me taraudait : pourquoi n'avait-il pas porté plainte après la disparition de son fils ? Peut-être ne voulait-il pas impliquer la police, doutant de leurs compétences. Mais alors, pourquoi n'avait-il pas signalé ce bain de sang ? Les choses auraient pu se dérouler tellement différemment.

FIN DU FLASHBACK

Aujourd'hui, avec Logan, nous avons continué à jouer notre rôle dans la mascarade que nous organisions. Le personnage de Gordone Arélas, un homme à la carrure de mannequin, vêtu de ses chemises blanches éclatantes, me troublait à chaque regard. À chaque fois que je le regardais, mon cœur battait un rythme tambourinant si fort que je craignais qu'il l'entende. Pour dissimuler ce trouble grandissant, je maintenais une distance de quelques pas entre nous. Cet homme avait un charme indéniable.

Alors que nous avancions dans notre plan, la triste nouvelle arriva. Le téléphone de Selma vibra, et son visage se figea avant qu'elle n'annonce que Charlie, son copain, venait d'être hospitalisé Chez les Blouses. C'est ainsi que nous appelons, ici à Benlégas, le grand hôpital de la ville.
Une boule d'inquiétude monta en moi. Que se passait-il pour Charlie ?

Nous sommes arrivés Chez les Blouses en fin d'après-midi. Le soleil déclinait, projetant une lumière orangée sur les murs pâles de l'hôpital. Selma ne disait plus un mot depuis que Charlie lui avait annoncé la nouvelle. Son silence parlait plus fort que n'importe quelle parole. Logan et moi la suivions en direction de la chambre 217, là où ils avaient admis Charlie. Le silence était pesant, même les couloirs de l'hôpital semblaient étrangement calmes. Seul le bruit des pas de Selma résonnait sur le sol brillant.

Quand nous avons ouvert la porte, l'odeur familière de désinfectant m'a frappée. Charlie était allongé là, affaibli, des bandages autour de sa tête et un œil presque fermé par l'enflure. On aurait dit qu'il avait reçu une raclée, et pas des moindres. Selma se précipita à ses côtés, tandis que Logan et moi restions en retrait, observant la scène.

« Qu'est-ce qui s'est passé, Charlie ? » demanda Selma d'une voix brisée.

Charlie hésita un moment avant de répondre, sa voix rauque, comme s'il s'était battu avec ses propres mots. « Je me suis battu avec un usurier... Celui à qui j'ai emprunté de l'argent. » Il détourna le regard, presque honteux. « Il m'a frappé jusqu'à ce que je tombe. Je ne vais pas porter plainte, je... je le mérite. Je lui devais cet argent, et je n'ai pas pu le rembourser. »

Quelque chose dans sa voix me dérangeait. Il avait l'air si... résigné. Comme s'il acceptait d'être dans cet état, comme si cela était une punition juste. Je fronçai les sourcils. « Pourquoi tu as emprunté de l'argent à un usurier, alors que tes parents auraient pu t'aider ? » demandai-je, incapable de cacher mon scepticisme. Ses parents étaient bien nantis, je le savais. Il n'avait pas besoin de se mettre dans ce genre de situation.

Comme un verre videOù les histoires vivent. Découvrez maintenant