Point de vue de Selma :
Mon père m'avait ramenée à la maison quand, assoupie sur une chaise du commissariat, je m'étais endormie. Il est maintenant midi, et après une rapide douche, je m'apprête à y retourner. Avec tout cela, je n'avais pas pensé à répondre à Charlie qui voulait qu'on se voie aujourd'hui.
Après ma douche, je me suis préparé à manger. En m'asseyant pour déguster mon omelette, mon téléphone vibra signalant un nouveau message. C'était Charlie : « Tu sors ? Je suis près de chez toi. »
Je me dépêchai de finir et sortis le rejoindre. Il était en casual chic : une chemise blanche sur mesure, un jean bleu pâle et de belles chaussures. C'était encore nouveau pour moi de le voir sans notre uniforme de lycée de Charles Du Pond.
Je lui demandai où il allait habillé de la sorte. Retirant ses mains de ses poches, il dit : « On sort, demoiselle. »
Ce n'était pas possible car je devais me rendre chez mon père. Il était un peu déçu mais tenait à passer un petit bout de temps avec moi, donc il proposa de m'accompagner jusqu'au commissariat. Il avait extrêmement peur de mon père. Pour me moquer, je lui demandai de m'accompagner jusqu'à l'intérieur des bureaux, chose qu'il refusa catégoriquement. C'était drôle d'admirer son expression de poule mouillée. Nous nous dîmes au revoir et je rentrai dans le bâtiment.
Dans son bureau, papa était en pleine discussion téléphonique, avec une mine grave comme s'il venait d'apprendre une mauvaise nouvelle. Je pris place sur le siège en face de lui, impatiente de connaître la raison de cette expression.
Son appel terminé, je m'empressai de lui demander : « Du nouveau ? »
Il me répondit : « Un homme a été retrouvé aux alentours de 10h, mort près du port avec une balle au milieu du front. L'identification du corps a révélé qu'il s'agissait de Potino Ramírez, qui n'est autre que l'homme qui accompagnait Nadir ce fameux jour de leur enlèvement. Il n'est jamais venu faire sa déposition. »
« Ce qui veut dire que le père d'Ayole ne nous a pas tout raconté. Je m'en doutais bien. Mais alors, ça fait de lui un potentiel suspect ? » Répondis-je, toute bouleversée.
Mon père fronça les sourcils, réfléchissant profondément. « Nous ne pouvons pas sauter aux conclusions trop vite, Selma. Mais il est clair que Nadir cache quelque chose. Je vais devoir approfondir cette enquête. »
Je sentais l'inquiétude grandir en moi. « Papa, tu crois qu'il est en danger ? Et Ayole ? »
Il soupira, prenant une pause avant de répondre. « Je l'ignore. Mais il faut qu'on les retrouve au plus vite. Je vais mobiliser une équipe pour suivre toutes les pistes possibles. En attendant, je veux que tu restes à l'écart de cette affaire, c'est compris ? »
Je hochai la tête, même si l'idée de rester passive me paraissait insupportable. « D'accord, je comprends. »
Juste à ce moment, le téléphone d'Ayole, posé sur le bureau de mon père, se mit à sonner. Sur l'écran, il était indiqué "Tonton Ococha". Mon père échangea un regard avec moi avant de répondre à l'appel.
« Allô, Jawhar ? C'est Tonton Ococha. Où es-tu, ma petite ? Tu n'es pas venue travailler depuis quelques jours et je m'inquiète pour toi, » dit la voix mielleuse à l'autre bout du fil.
Mon père prit une inspiration profonde avant de répondre d'un ton ferme. « Ici le commissaire Helmut, qui est à l'appareil ? »
Il y eut un moment de silence, puis la voix d'Ococha reprit, légèrement troublée. « Ah, commissaire. Je suis Ococha Ralet, le patron d'Ayole. Je voulais simplement prendre des nouvelles de ma nièce. »
Mon père resta calme, mais je pouvais voir la tension dans ses yeux. « Ayole est actuellement introuvable. Nous menons une enquête. J'aurais quelques questions à vous poser, M. Ralet. Pouvez-vous passer au commissariat dès que possible ? »
Ococha hésita un instant. « Bien sûr, commissaire. Je viendrai immédiatement. »
Après avoir raccroché, mon père se tourna vers moi. « Ococha sera ici dans une heure. Je veux savoir tout ce que nous pouvons sur lui avant qu'il n'arrive. »
Je pris une profonde inspiration. « Papa, Ayole m'a envoyé un message. Elle est à Graloni avec son père, chez la famille Esméralda. »
Mon père haussa les sourcils. « La famille Esméralda ? Cela complique les choses. Nadir doit revenir à Benlégas pour s'expliquer sur l'assassinat de Potino. »
Je sentais l'urgence dans sa voix. « Nous devons les joindre et les convaincre de revenir. Ayole ne comprendra pas pourquoi son père est suspecté. »
Mon père acquiesça. « Je vais essayer de les contacter. En attendant, prépare-toi. Si nous devons aller à Graloni, tu viens avec moi. »
Nous rentrâmes à la maison, papa épuisé alla directement se coucher et moi dans ma chambre impatientais à l'idée de revoir mon amie. Bien-sûr je ne manquais pas à me poser des questions sur la suite des évènements, mais j'avais de l'espoir. Pourquoi Nadir était-il impliqué dans tout cela ? Une chose était certaine : nous devions protéger Ayole et découvrir la vérité avant qu'il ne soit trop tard.
Retour Pdv d'Ayole:
Après avoir passé plusieurs jours à Graloni, alors que Esméralda et son père étaient absents pour des affaires urgentes, je me retrouvais seule à la résidence des Esméralda. L'atmosphère était calme mais aussi chargée de mystères et de secrets. Je savais que c'était le moment de prendre les choses en main, de découvrir la vérité et de trouver un moyen de rentrer à Benlégas.
Assise dans la bibliothèque de la grande maison, je parcourais des cartes et des guides de la région, cherchant désespérément un moyen de transport. Benlégas était à des jours de route de Graloni, et bien que l'idée de partir me rende nerveuse, je savais que je devais retourner chez moi, voir Selma et m'assurer que tout allait bien là-bas.
Finalement, après des heures de recherche infructueuse, je décidai de sortir de la résidence pour explorer la ville. Les rues pavées de Graloni étaient animées malgré l'heure tardive. Des cafés étaient encore ouverts, des musiciens de rue jouaient des mélodies envoûtantes, et des passants se promenaient tranquillement.
Je m'arrêtai devant une petite librairie, attirée par les livres exposés dans la vitrine. En entrant, une cloche tintait doucement, annonçant mon arrivée. Le libraire, un homme d'âge moyen avec des lunettes rondes et grisonnantes, me regarda avec curiosité.
« Bonsoir, jeune demoiselle. Que puis-je faire pour vous ? » demanda-t-il poliment.
Je lui souris timidement. « Bonsoir. Je suis nouvelle ici à Graloni et j'essaie de trouver un moyen de retourner à Benlégas. Connaissez-vous des services de transport ou des routes que je pourrais emprunter ? »
Le libraire réfléchit un moment, tapotant son menton du bout des doigts. « Hmm, retourner à Benlégas... C'est une route longue et difficile. Vous pourriez envisager de trouver un covoiturage ou peut-être même un transport privé. Mais c'est assez rare dans ces contrées éloignées. »
Je hochai la tête, prenant note de ses suggestions. « Merci beaucoup. Savez-vous où je pourrais trouver plus d'informations sur les options de transport ? »
Il m'indiqua une petite agence de voyage située non loin de là et me donna quelques conseils supplémentaires sur les meilleures approches pour trouver un moyen de transport fiable. Reconnaissante de son aide, je le remerciai chaleureusement avant de quitter la librairie, déterminée à trouver une solution pour rentrer chez moi.
À l'extérieur, la nuit était tombée sur Graloni, enveloppant la ville dans une ambiance mystérieuse et paisible à la fois. Je m'engouffrai dans les rues, le cœur battant d'excitation et d'appréhension à l'idée de ce que l'avenir me réservait.
VOUS LISEZ
Comme un verre vide
RomanceÀ 17 ans, Ayole voit sa vie basculer après la mort tragique de sa mère. Renfermée et communicant difficilement avec les autres, elle trouve refuge dans son amitié avec Selma. Mais lorsque son père, Nadir, agit bizarrement après une mystérieuse absen...