Chapitre 2O

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Retour PDV Ayole

Qu'elle est sympa Lucrèce, pendant que j'étais à l'hôpital avec Charlie elle m'a passé un coup de fil pour m'annoncer l'inquiétude de Dame Zoé qui s'est rendue chez moi à maintes reprises. Elle s'est permise de lui donner mes coordonnées téléphoniques en se fiant à la mine sincère que celle-ci affichait, elle s'est par la suite excusée, bien-sûr je lui ai dis qu'elle a bien fait et que cette dame était mon professeur de lycée. Dernièrement quand Lucrèce et moi nous sommes séparées en chemin, elle a tenu à garder contact et m'a demandé mon numéro de téléphone. C'est comme ça qu'elle a pu me joindre.

Je me souviens que ce jour-là, au carrefour, elle se dirigeait à l'endroit le plus sombre de la ville, les Bas-fonds de Velours, un lieu souillé par la corruption, où les marchands du sexe et les proxénètes régnaient en maîtres et les filles de joie vendaient leurs âmes dans les ruelles éclairées par des néons vacillants. Là-bas, tout n'était que vice, trafic et obscénité. Peut-être que je me trompe, mais Lucrèce mène sûrement une vie de débauche. Et son partenaire incommode.

Lucrèce avait insisté pour que nous allions faire un tour à Benlégance, le grand magasin où, selon elle, "les filles de Benlégas font du shopping et tout". Un magasin luxueux. Au départ, je n'étais pas vraiment d'accord. Faire du shopping n'était pas dans mes priorités du moment, mais j'avais une idée derrière la tête. Cette sortie serait l'occasion idéale pour poser enfin à Lucrèce la question qui me brûlait les lèvres : menait-elle vraiment cette vie de débauche, comme je l'avais entendu dire dans les ruelles des Bas-fonds de Velours ? Je devais en avoir le cœur net. Mais il y avait autre chose qui me préoccupait... Quelque chose de plus urgent encore.

Je voulais voir si, en dehors des agents de police en civil qui me suivaient, l'homme qui avait passé Charlie à tabac me prenait aussi en filature. Ce serait un plus pour l'enquête, un indice de plus à fournir aux autorités. J'avais besoin de réponses.

Quand Logan et Selma sont arrivés à l'hôpital, j'ai pris ma décision. Je devais y aller, mais pas sans en informer Logan. "Je vais faire un tour avec Lucrèce," lui dis-je discrètement. "Je veux vérifier quelque chose, mais garde un œil sur moi, d'accord ? Avec discrétion, bien sûr."

Il hocha la tête. Nous étions sur la même longueur d'onde. Je savais qu'il ne me lâcherait pas des yeux, et cette pensée me rassurait. Je me sentais plus en sécurité avec lui, même à distance. Pour ne pas surcharger Selma, nous lui avons simplement dit que nous avions un petit truc à régler, sans entrer dans les détails.

Alors que nous quittions l'hôpital, Selma est restée auprès de Charlie. Derrière nous, le commissaire Helmut, son père, arriva avec quelques agents. Je ne pouvais pas entendre ce qu'ils disaient, mais je devinais que le commissaire tentait de convaincre Charlie de porter plainte. S'il souhaitait que tout cela n'empire pas et ne mette pas davantage de gens en danger, il n'avait pas d'autre choix que de parler.


Benlégance, ce temple du luxe, resplendissait sous les lumières vives de ses lustres. Pas étonnant de l'un des trois grands bâtiments de haute gamme de la marque Desnudo. (Desnudo Pelluti, un étranger qui s'est fait un nom dans l'industrie de la luxure, est l'un des personnage important qui participe à l'économie du pays). En effet ici, les grandes infrastructures qui reflètent moins le côté indigent de la cité, sont celles qui jouissent aux acteurs d'activités les plus rentables la plus part du temps. Je parle là des activités illicites. 

Les murs miroités de l'établissement renvoyaient l'image d'un espace sans fin, tandis que les vêtements soigneusement disposés semblaient tous plus précieux les uns que les autres. Je me laissais entraîner à travers les rayons par Lucrèce, bien que mon esprit soit ailleurs.

"Allez, Ayole, je t'assure, ça va te faire du bien ! Regarde cette robe, elle est parfaite pour toi", s'exclama Lucrèce, pleine d'enthousiasme. Elle agitait sous mes yeux une robe étincelante, visiblement ravie par cette sortie shopping.

Je me forçai à sourire, mais une autre idée me taraudait. J'avais accepté de l'accompagner ici pour une raison bien précise : comprendre si réellement elle vivait comme une dépravée. Ce jour où elle m'a accueilli chez elle, pendant le petit chemin qu'on a fait, les gens me regardaient bizarrement et chuchotaient. Deux trois hommes l'ont sifflotée comme pour l'appeler, j'ai fais mine d'ignorer. Je devais donc éclaircir ce point avant d'aller plus loin. De plus, il me fallait aussi garder un œil sur chaque personne dans ce magasin, à la recherche de l'homme qui avait agressé Charlie. Sa main mordue était un indice précieux que je ne comptais pas ignorer.

Je pris une grande inspiration avant de poser la question. "Lucrèce, je dois te demander... Est-ce que c'est vrai ? Tout ce qu'on dit sur toi ?" Je fixai son visage, guettant la moindre réaction. "Je veux dire, cette histoire que tu mènes une vie... compliquée."

Lucrèce se tourna vers moi, visiblement surprise, mais elle haussa rapidement les épaules, comme si cela ne la touchait pas. "Qui te raconte ça ? Sérieux, les gens parlent trop, surtout dans un endroit comme Benlégas." Elle fit une pause, reposant la robe qu'elle examinait. "Oui, j'ai fréquenté des gens pas très nets, et j'ai peut-être fait des choix que certains jugeraient... discutables. Mais je sais ce que je fais, Ayole. Ce n'est pas aussi dramatique que ce qu'on raconte."

Je fus soulagée par son ton détendu, même si je savais que cela ne répondait qu'à moitié à ma question. Mais ce n'était pas le moment de la confronter davantage, pas ici, dans ce magasin plein de clients.

"Si tu le dis..." murmurai-je, feignant de me concentrer à nouveau sur les vêtements.

Mon autre mission, en revanche, n'était pas aussi facile à reléguer au second plan. Je me souvenais de ce que Charlie m'avait raconté avant que je parte. Pendant qu'il se faisait tabasser par l'usurier, il avait réussi à mordre violemment sa main gauche. Cet homme devait porter un pansement ou un bandage, et c'était là mon indice clé.

Mes yeux, tout en faisant semblant de suivre Lucrèce, scannaient discrètement les clients autour de nous. À chaque homme que je croisais, je jetais un coup d'œil rapide à ses mains, cherchant un signe distinctif. Rien pour l'instant. Mais je ne comptais pas relâcher ma vigilance. Cet homme pourrait être n'importe où.

"Regarde cette robe-là !" Lucrèce me tira de mes pensées en agitant une nouvelle pièce sous mes yeux. Elle semblait sincèrement décidée à me divertir, mais je n'arrivais pas à me détendre complètement. Je me forçai à sourire et à suivre la conversation, bien que mon esprit soit focalisé sur autre chose.

De temps à autre, je m'autorisais un bref regard vers l'entrée du magasin. Je savais que Logan, fidèle à sa promesse, restait dans les parages. Sa présence discrète me réconfortait, même si j'espérais ne pas avoir besoin de lui faire appel.

Nous continuâmes notre exploration des rayons, Lucrèce passant en revue des tenues extravagantes tout en plaisantant à propos des autres clients. Je faisais de mon mieux pour paraître détendue, mais au fond, j'étais sur mes gardes. Derrière les vitrines brillantes de Benlégance, la ville semblait paisible, mais je savais que sous cette façade, les vérités les plus sombres se cachaient encore. Il suffisait d'un indice, d'un moment d'inattention de l'usurier, et je le trouverais. Et là tout d'un coup...

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 15 ⏰

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