Chapitre 8

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« Comment ça, je dois rester ? »

Le Docteur Jones faisait face à Peter avec les résultats de ses derniers scanners. Il feuilletait les comptes-rendus d'analyses d'un air distrait, tandis que Peter s'impatientait, et le laissait volontairement transparaître. Au bon de quelques instants qui parurent démesurément longs, M. Jones réajusta ses lunettes et regarda Peter dans les yeux, avant de lui annoncer calmement :

« Monsieur Johnson,

Lorsque nous vous avons reçu il y a une semaine, vous étiez inconscient suite à un traumatisme crânien sévère. Nous vous avons plongé dans un coma artificiel durant six jours, pendant lesquels nous avons eu le temps de faire beaucoup de choses. Nous avons tout de suite lancé la procédure habituelle, qui consiste à réaliser des scanners en premier lieu afin de vérifier que le choc subi n'avait pas laissé de séquelles cérébrales.

Votre cas présentait un hématome sous-dural aigu, et nous avons dû procéder en urgence à un drainage chirurgical, c'est-à-dire évacuer cet hématome par un phénomène de capillarité à cause d'une hypertension intracrânienne. Cela explique vos points de suture à la tête.

Durant l'intervention, nous avons constaté que votre os pariétal, situé à l'arrière de votre boîte crânienne, présente une fracture linéaire d'environ cinq centimètres. Heureusement pour vous, il s'agit d'une fracture fermée, ce qui ne nécessite pas d'intervention chirurgicale supplémentaire. Cependant, nous souhaitons vous garder en observation quelque temps pour nous assurer qu'aucun autre problème, tel que l'apparition de séquelles cognitives, ne survienne. »

Peter n'avait compris qu'un mot sur deux. Il n'y connaissait vraiment pas grand-chose en médecine : chacun son domaine. En revanche, il savait que si on commençait des explications en citant votre nom calmement, c'était mauvais signe, et que si on ajoutait des mots scientifiques tous les trois mots, il fallait même s'attendre au pire.

« ... Soyez rassuré, votre état paraît stable pour le moment. Vous avez eu beaucoup de chance que M. Lewis arrive sur les lieux de l'accident quelques minutes seulement après que l'automobiliste qui vous est rentré dedans ait plié bagage. »

Peter poussa un soupir de soulagement. Le plus grave était donc passé. Lui qui avait été jusqu'à présent attentif et en accord avec son médecin, protesta :

« Écoutez, si je suis resté six jours dans le coma, cela signifie que j'ai été absent bien trop longtemps. J'enseigne les mathématiques à l'Université d'Harvard, je venais tout juste de revenir d'un clm d'une durée de quatre mois. Le programme de mes élèves est chargé, je ne peux pas me permettre d'attendre patiemment ici, voir si je développe des séquelles cogni-machin chose ! »

M. Jones ne cilla pas.

« Séquelles cognitives. Nous comprenons votre désarroi, monsieur Johnson, mais il ne s'agit que de trois petits jours de plus.

— Trois jours ?!

— Vous avez bien entendu.

— Mais je ne peux pas ! Qui fera cours à mes élèves ?

— Ne vous en faites pas pour ça : l'Université nous a appelés hier dans la matinée, pour nous informer qu'ils vous avaient déjà trouvé un remplaçant. Celui-ci exerce à votre place depuis mercredi dernier. Apparemment, ils ont simplement rappelé le même que durant votre clm, justement. »

Peter ne répondit pas.

Décidément, on me remplace bien vite.

« Reposez-vous. »

Ce jour-là [romance] [enquête] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant