Chapitre 7

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Molly faisait tourner une cuillère dans un bol de céréales, assise devant son ordinateur. Il s'était déjà écoulé une semaine, et elle n'avait écrit que trois chapitres. Rien que cette nuit, très inspirée et prenant conscience de son retard, elle avait écrit un chapitre et demi, pour s'endormir, épuisée, vers six heures ce matin. Réveillée à 16 h, elle avait presque avalé tout le paquet des céréales préférées de Lucy. Il allait falloir qu'elle sorte pour en racheter un, si elle ne voulait pas subir son courroux. Elle pensa en souriant que si chaque fois qu'elle avait bâillé elle avait reçu un quarter, elle aurait pu acheter des dizaines de paquets de céréales.

Lorsqu'elle eut fini son bol, elle décida de sortir pour s'aérer. Elle prit ses lunettes de soleil, enfila des tenis et laissa son rouge à lèvres dans son sac à main. Elle partit fouiller dans le garage de la résidence de Lucy, pour en sortit non sans quelques péripéties un vieux vélo, sur lequel était accrochée une étiquette jaunie au nom de Lucy Stewart. Contente de sa trouvaille, Molly utilisa un chiffon pour le débarrasser des toiles d'araignées que son abandon lui avait fait gagner, et triomphante, sortit avec dans la rue. Elle l'enfourcha, puis se mit à pédaler à travers la ville, peu animée en ce milieu d'après-midi. Peut-être cette petite escapade lui permettrait-elle de trouver de l'inspiration pour son roman.

Ses lunettes de soleil posées sur sa tête et ses cheveux lâchés, Molly parcourut ainsi plusieurs kilomètres. Passant devant Harvard University , elle décida qu'elle était partie un peu loin, et fit demi-tour. N'ayant pas encore quitté le Cambridge, elle tourna plusieurs fois sur sa droite avant de s'arrêter sur le parking d'un bar.

Le nom qu'affichait l'enseigne l'interpella. Le Annie's Club.

Quel drôle de coïncidence !

Molly laissa le vélo de sa correspondante contre un lampadaire sans juger utile de l'y accrocher, vu son état.

Peut-être un signe ?

Le bâtiment n'avait rien d'extraordinaire vu de l'extérieur. On pouvait même dire qu'il ne payait pas de mine : rectangulaire, il possédait des murs jaunâtres, une enseigne en bois, trois fenêtres salent et une porte pourvu d'un vieux verrou rouillé. Rien ne donnait envie de s'y arrêter. Le parking comportait à peine six places, indice qu'en plus, la clientèle devait être rare.

Molly, animée par la curiosité, poussa cependant la porte et entra.

Une clochette en cuivre retentit pour annoncer sa présence, tandis qu'elle se sentait soudain comme transportée : le bar, effectivement assez petit et peu fréquenté, comportait trois tables en bois comme dans un minuscule restaurant. Sur chacune d'entre elles, on avait déposé un vase gris dans lequel trempaient des branches de mimosa jaune. Les nappes étaient d'un blanc cassé et on y avait brodé en rouge des petits dessins représentant des cerfs et des sapins, motifs identiques à ceux des rideaux. Au fond de la pièce, on trouvait une vieille cheminée, un feu crépitant dans l'habitacle, ainsi que des buches de bois fraîchement coupées et déposées les unes sur les autres dans un coin. Au mur étaient accrochées des photos de montagnes enneigées, comme le Mont-Blanc, une photo évidemment prise en France. Derrière le comptoir, en bois aussi, on trouvait de grandes étagères sur lesquels avait été entreposé des vins venant des quatre coins du monde. De grands crus sûrement très rares et exposés à la clientèle sans que jamais celle-ci ne puisse y déposer les lèvres sans verser des centaines, voire des milliers de dollars. C'était étonnant pour un bar de cette envergure. Aussi, on trouvait tout à gauche du comptoir du lierre synthétique qui grimpait le long d'une colonne en bois, et aux murs, des ardoises noires affichant les différents desserts préparés maison, proposés et inscrits à la craie, ainsi qu'une grande horloge murale imitant une montre à gousset de couleur bordeaux. Enfin, Molly leva la tête pour remarquer des poutres au plafond.

Ce jour-là [romance] [enquête] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant