Ce jour-là [romance] [enquête] [TERMINÉE]

Chapitre 5

Peter, toujours sur son canapé devant sa télé, venait de finir de dévorer sa pizza quatre fromages. Il était si fatigué qu'il s'endormit dès qu'il eut avalé la dernière bouchée. Réveillé à 19 h 45, il s'empara de la télécommande et changea de chaîne. Il tomba sur un film policier parlant d'un tueur en série qui reproduisait des scènes de romans à succès pour le meurtre de ses victimes. Absolument sordide. Il attendit les publicités, puis, se rendant compte du temps qu'il perdait, se leva sans prendre la peine d'éteindre la télé. Il débarrassa le courrier laissé sur la table basse et partit chercher de quoi revoir ses cours de la semaine. N'ayant justement presque rien de parfaitement fini, il savait qu'il n'allait sûrement pas dormir de la nuit, car même après ses cinq années d'enseignement, et son expérience de maître de conférences, il mettait un point d'honneur à parfaire le contenu de ses cours chaque nouveau semestre. Parti dans son bureau, il ne put voir le début d'une émission culturelle qui prévenait la sortie d'un prochain roman étranger, intitulé Annie Lily.

*

La voiture garée et la porte d'entrée de l'appartement laissée grande ouverte, Molly se rendit dans la salle d'eau pour y faire couler le bain dont elle avait tant rêvé. Elle alluma 3 bougies parfumées au bois d'orange, en huma le parfum délicieux de volupté, tourna la clef dans la serrure, laissa glisser ses vêtements un à un sur le carrelage froid et plongea doucement dans l'eau chaude. Elle resta ainsi au milieu des bulles jusqu'à se sentir totalement détendue. Les yeux fermés, en pleine méditation, elle s'imagina dans une allée de cerisiers, les branches des arbres couvertes de fleurs, dansantes sous le vent calme, et laissant tomber des centaines de pétales roses et blancs. Un bon exercice conseillé par son ancienne prof de yoga, lors des cours qu'elle avait suivis à Paris. Elle prit une grande inspiration et plongea sa tête sous l'eau, en apnée, afin d'oublier cet entretien qui l'avait tant stressée. Histoire aussi d'oublier la réflexion de Lucy à propos de sa vie sentimentale inexistante.

Remontant à la surface, Molly garda les yeux fermés et le temps sembla s'arrêter pour quelques minutes. Lorsque l'eau eue finit de refroidir entièrement, elle en sortit, dégoulinante, se sécha rapidement avec une serviette en coton, vint nourrir sa peau à l'aide d'une crème hydratante, et s'enroula dans un peignoir chaud. Elle déplaça ses bougies jusque sur la table basse du salon, main devant la flamme pour éviter qu'elles ne s'éteignent, et se dirigea ensuite dans la cuisine pour chercher sa tablette de chocolat noir. Enfin, elle se laissa tomber sur le canapé de sa correspondante, qui avait refermé la porte de l'appartement avant de sortir en boîte avec des amis.

Molly prit la télécommande et alluma la télé, planta ses dents dans le chocolat. Elle dévora quelques épisodes de sa série et à 20 h 15, après avoir soigneusement esquivé le journal télévisé de 20 h, puisqu'elle jugeait depuis longtemps que les médias ne parlaient que de catastrophes et taisaient bien trop souvent les meilleures choses qui se passaient dans le monde. Elle zappa sur une chaîne culturelle, car ce soir était un soir particulier : son agent lui avait laissé un message sur son répondeur pour l'avertir qu'il y aurait une présentation en direct de son roman. Celui qu'elle devait donc finir pour dans trois mois, et qui portait le nom de son héroïne, Annie Lily.

Après la nouvelle de la sortie d'autres romans et la diffusion de quelques bande-annonce, Molly vit s'avancer sur le plateau télé une journaliste aux cheveux blond vénitien, vêtue d'une robe bustier beaucoup trop jaune. Tout de suite, elle ne lui inspira pas confiance. Mais comment ne pouvait-on pas mépriser instinctivement la femme parfaite la première fois qu'on la voyait ?

Elle regardait fixement la caméra, sans doute un peu stressée par ce direct. Après s'être postée tout à gauche de l'écran avec son micro qu'elle tenait à deux mains, comme on tiendrait des feuillets pour s'apprêter à réciter un texte, elle attendit quelques instants avant de prendre la parole :