Chapitre 16

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Jeudi 12 mars 2015.

Quand Molly arriva devant le Globe bar & café, Peter avait garé sa voiture et l'attendait appuyer contre la portière côté passager. Alors qu'elle s'approchait de lui, elle ne put s'empêcher de penser qu'en moins d'une semaine, elle était sortie dans deux cafés avec deux hommes différents. Le premier pour déjeuner et le second pour un véritable café, puisqu'il était 16 h. Et elle se sentait actuellement terriblement coupable vis-à-vis de Josh d'avoir accepté l'invitation de Peter, qui lui avait avoué tenir à se faire pardonner sa spontanéité de la nuit de mardi. D'autant plus que sans vraiment y prêter attention, elle avait passé encore plus de temps à se préparer que pour son rendez-vous au Boston Common Coffee Co, et loin de lui déplaire, la spontanéité de Peter l'avait au contraire plus séduite qu'elle ne voulait se l'avouer. Elle se rassura cependant en se disant qu'après la question très personnelle qu'il lui avait posée, et la réponse encore plus personnelle qu'il avait reçue, il se devait bien de lui offrir un café.

Molly vérifia une dernière fois sa tenue d'un rapide coup d'œil. Elle avait opté pour quelque chose de confortable : elle portait les mêmes petits talons que lors de son entretien avec M. Collins, mais avait enfilé un jean brut et un chemisier blanc, sous un trench coat couleur crème qu'elle avait laissé ouvert. Pour ce qui était des bijoux, elle portait des petites créoles en argent, son pendentif en forme de cœur et trois bagues en or. Son maquillage restait discret, car elle s'était surtout donné beaucoup de mal pour ses cheveux, qu'elle avait attachés en une sorte de chignon ondulé dont elle avait laissé dépasser quelques mèches rebelles, afin d'avoir un look un peu moins strict.

À la façon dont Peter la regardait, elle devina que ça lui plaisait. Lui était habillé comme la dernière fois, hormis pour le polo, qu'il avait tronqué contre une chemise. Par-dessus celle-ci, il portait un caban court bleu foncé, qu'il n'avait pas non plus pris la peine de fermer. Et il ne portait pas ses lunettes.

Ils se saluèrent et, sans dire un mot, Peter l'invita à le suivre à l'intérieur du café pour aller trouver celui ou celle qui les accompagneraient à leur table. Un petit homme trapu à lunettes rondes et aux chaussures cirées les fit s'installer à la terrasse extérieure du Globe, sous un parasol bleu. Leur serveur, un jeune homme blond d'une vingtaine d'années, ne tarda pas à arriver, et se présenta sous le nom de June. Il prit leurs commandes et ne fut pas long à leur apporter le café noir de Peter, qu'il but d'abord en petite gorgée, et le verre de jus d'orange de Molly. Au bout de quelques secondes, Peter brisa le silence :

« Vous êtes la première personne que je rencontre qui commande un jus d'orange dans un café.

— J'ai mes petites habitudes. »

Il avala une nouvelle gorgée de son café, et Molly demanda :

« Vous avez vraiment prévu de toujours me parler en français ? Vous savez, je parle anglais couramment et nous sommes en Amérique, alors j'ai pris l'habitude...

— Ça me permet de travailler mon français. Je l'ai étudié comme deuxième langue au lycée et à la FAC, mais je ne le pratique que très rarement. Est-ce que vous vivez de vos romans ? »

Molly réfléchit.

« Je pense que ce serait possible si je publiais tous les ans et pas tous les deux à trois ans. En fait, non, je n'en sais rien.

— Alors, vous êtes toujours professeure des écoles ? »

Molly s'emporta :

« C'est pour ça que je n'aime pas que les hommes que je rencontre lisent ma page Wikipédia ! J'aurais dû vous demander de ne pas le faire, l'autre jour. C'est déconcertant de savoir que la personne en face de vous connait déjà une partie de votre vie sans que vous ne connaissiez rien de la sienne. Que faites-vous, vous, par exemple ?

Ce jour-là [romance] [enquête] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant