15 - Drink before the War / Partie 2

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Andy essayait de toutes ses forces de marcher droit dans ce couloir étroit. Elle trainait avec difficulté un sac rempli derrière elle ; son visage était encore marqué par quelques bleus, même si, grâce à une certaine chance, son nez avait été épargné. Sa jambe, quant à elle, la faisait boiter, car bien que le coup qu'on lui avait donné n'avait pas été fort, il était bien placé, si bien que courir lui demandait un effort surhumain.

Et pourtant elle essayait de marcher droit, avec un visage des plus déterminés.

Parce que sa fierté la poussait à ne pas montrer sa douleur. Parce qu'il fallait qu'elle joue à leurs jeux.

La douleur était d'abord physique, certes, c'était visible, mais elle était aussi et surtout intérieure, et ça, elle le cachait. Ce bouillonnement de haine qui l'animait depuis qu'ils les avaient enfermés avec une poignée d'autres survivants.

Une rage qui était encore bien présente alors qu'elle progressait jusqu'au sous-sol aménagé en laverie.

Elle était là quand Andy ouvrit le sac pour jeter les linges sales dans la bassine. Mais aussi quand elle releva ses cheveux en l'air pour mieux voir quand ses mains frottèrent avec vigueur les taches de sang et de sueur sur chaque vêtement.

Une semaine s'était écoulée depuis qu'ils avaient mis le pied ici. Elle n'avait pas vu Joel depuis et se demandait chaque matin s'il avait porté l'un des vêtements qu'elle nettoyait.

Sept jours qu'elle se réveillait pour écouter des ordres laconices sans broncher, sans se rebeller, même si elle servait de sous-fifre au pire de ce qu'avait pu produire l'apocalypse.

Mais même après des jours à regarder ses pieds pour laver le sol, fabriquer des munitions ou sécher du linge, elle restait droite.

Même quand les jours devinrent des semaines et que son seul réconfort fut la forme rassurante de l'arme sous son matelas.

Andy attendait patiemment le jour où on l'enverrait en mission, le jour où elle reverrait Joel et ce qu'il élaborerait pour s'enfuir comme il l'avait déjà fait. Non, cette fois, elle voulait réduire en cendre cet endroit, pas juste s'en échapper.

C'est ce qu'elle se répéta à elle-même quand on lui refusa avec une certaine agressivité sa demande.

"Tu seras là où l'on veut que tu sois."

Il n'avait pas confiance en elle, ou alors considérait que c'était trop dangereux de la faire sortir à cause de ses blessures. Dans les deux cas, le résultat était le même : elle n'avait pas vu la lumière du soleil depuis trop longtemps.


Les lumières du Stroboscope faisaient danser les survivants dans la grande salle du dernier étage. Une lumière qui se refletait sur les baies vitrées épargnées par le temps, permettant une vue sur le ciel étoilé. Il n'y avait aucun nuage à l'horizon, Andy en fut reconnaissante quand, assise sur sa chaise en plastique, elle trouva du réconfort dans l'étendue nocturne. C'était la première fois depuis plusieurs jours qu'elle avait l'occasion de se mêler aux groupes, comme si elle en faisait partie. Un relan de rage la fit bourdonner quand elle aperçut le visage du balafré qui s'amusait à lancer des couteaux sur une cible de flechette.

Un instant, elle s'imagina enfoncer son couteau en lui pour effacer ce sourire moqueur. Elle retourna aux étoiles pour s'empêcher de spéculer sur toute les manières dont elle aimerait le voir pourrir au plus profond du lac Erié.

The road is long, we carry on ¦ Joel x ocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant