17 - God knows I tried

66 8 15
                                    



꧁꧂



"Eh bien t'as qu'à essayer pour voir ?"

La boite de conserve tomba de ses mains au moment où Andy se releva. Elle ne prit pas le temps de la ramasser en pestant face à la réprimande de Joel.

"Si tu ne le cuis pas, on va choper une maladie et on n'a pas besoin de ça en ce moment." Répéta-t-il en essayant de récupérer les dégâts par terre.

"Je fais ça depuis des années et je vais très bien."

"Je n'y toucherais pas, je te préviens."

Il la défia en relevant la tête vers elle. Andy n'avait pas l'habitude de céder si facilement, surtout face à lui, et il le savait bien. Alors le silence s'installa entre les murs de l'appartement à l'intérieur duquel ils avaient établi leurs camps.

Depuis qu'il était parti ensemble, elle était sure qu'il n'avait pas passé une journée sans s'engueuler. Tellement qu'Andy avait l'impression d'entendre un soldat de la FEDRA la gronder lorsqu'elle faisait mal son travail il y a des années.

À présent, ils n'étaient plus qu'à deux pas de Chicago, on pouvait presque apercevoir le Canada à l'horizon. Les jours continuaient à passer avec un bon rythme de progression et les nuits dans une confiance telle qu'elle dormait sur ses deux oreilles quand il faisait le guet.

Sauf qu'à défaut de réussir à voyager en évitant tout encombre sur plusieurs centaines de kilomètres, les deux survivants semblaient être faits pour ne pas se supporter. Chaque fois, le moindre accrochage finissait en bataille sans fin pour obtenir la satisfaction d'avoir raison.

Peut-être que c'était à cause du froid qui rongait leurs os à chaque pas, ou alors du manque de nourriture de plus en plus flagrant.

Quoi qu'il en soit, cela se finissait toujours lorsqu'il cessait de répondre en se renfermant sur son habituelle expression impassible ou quand elle s'éloignait sans un mot pour revenir un peu plus tard.

Joel détestait peut-être ça encore plus que son air supérieur, quand la noiraude partait en étant sûre d'avoir raison. Observer son dos s'éloigner seul alors qu'il se mordait la langue pour ne pas la forcer à s'asseoir et ne pas risquer quelque chose dehors par simple énervement. Mais il ne le faisait jamais.

Cette fois là, Andy shoota dans un vieux oreiller deux étage en dessous, extériorisant son ressenti dans un silence de plomb.

Son coéquipier avait des qualités, elle n'en doutait pas, et les découvrir au fur et à mesure des jours de voyage était comme ouvrir un cadeau après l'avoir observé toute la soirée sous le sapin. Mais parfois, sa froideur était encore plus glaçante que l'hiver. Elle tenait à s'ouvrir à lui quand il la questionnait de temps à autre. Mais lui ne parlait jamais trop de lui, comme si c'était une porte fermée dont il avait jeté la clé si loin que personne ne pourrait jamais la retrouver. Trop souvent, quand elle creusait trop loin, il récupérait cet air inflexible. 

La mention de leurs morales divergentes dans ce monde était aussi sujette à débat. Elle lui reprochait sa facilité à tuer sans nécessité, et lui, il lui reprochait de jouer la gentille alors qu'elle agissait comme lui. Alors ils se disputaient encore.

Sauf que, plus que cet aspect de Joel, Andy détestait être seule, la peur primaire qui la saisissait quand elle se souvenait d'où elle était, comme si toute sa vie depuis huit ans n'était qu'un long cauchemar. Le bout de ses articulations qui tremblaient et son cœur qui remontait battre dans le creux de sa gorge. Cette sensation qu'elle chassait comme un virus. Elle ne pouvait pas voyager à travers les États avec sa seule compagnie, car ce n'est pas les infectés qui la tuerait, ni des groupes itinerants, mais sa propre folie. C'est pourquoi la compagnie de n'importe qui, même de Joel, avait un côté sécurisant qu'elle ne pouvait se permettre de perdre.

The road is long, we carry on ¦ Joel x ocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant