Cette Soirée

chapitre 23

Le ciel commença tranquillement à sombrer, emportant avec lui toute lumière naturelle. Bientôt, les rues ne se feront éclairer que par les réverbères et nous ne verrons pas les étoiles. C'est un des désavantages de vivre en ville : les étoiles ne paraissent pas. C'est pour ça que quand nous partons en vacances, on va toujours regarder les étoiles. Je suis persuadé que c'est une des choses que San préfère faire dans sa vie et je le comprends, c'est tellement beau toutes ces étoiles. Ces belles lumière qui font briller le ciel sombre. J'aimerais bien que quand je meure, je devienne une étoile. Comme ça, ma famille et mes amis n'auront qu'à regarder les étoiles pour penser à moi. Je me sens bien en me disant que quand je vais mourir, je vais ressembler à cette chose si brillante et si jolie, et l'une des choses que San préfère.

En train de marcher dans le parc, nous nous approchons d'un lac où des canards se baignent. Le coucher du soleil se reflète sur le lac et cela fait un paysage merveilleux. C'est vraiment beau. Je ne peux pas imaginer meilleur endroit qu'ici pour faire ma déclaration.

Quelques enfants jouent dans le parc, alors on entend des petits rires et des cris, mais ce n'est rien de dérangeant, ça me fait même sourire.

Depuis qu'on a quitté l'école pour se rendre ici, plus un mot n'a été prononcé. Je crois que San a remarqué que je cogitais pour ce que j'avais à dire, alors il me laisse réfléchir. Et même si toute cette situation me stresse au plus haut point, je préfère qu'il ne dise rien. Par sa présence à côté de moi, me fais un peu moins stresser.

Chaque fois que j'écoutais un film et que le personnage principal devait faire sa déclaration d'amour, je le voyais toujours stresser. Je me disais que ça ne devait pas être si pire : se déclarer à quelqu'un, tu n'as qu'à lui dire et c'est fini. Mais maintenant que je me retrouve dans cette situation, je comprends beaucoup mieux ce qu'il pouvait ressentir. Tout ce stress de, il va peut-être me rejeter, il va surement me trouver idiot d'avoir vu de l'amour dans ces gestes alors que ce n'était rien d'autre que de l'amitié. Ton cerveau qui te fait imaginer plein de scénarios, les uns pires que les autres. Je me suis imaginé des scénarios où tout finit bien aussi. Qu'il accepte mes sentiments et qu'il dit qu'il m'aime depuis des années, lui aussi. Qu'il me dise que je suis l'homme de sa vie et qu'il ne veut moi et personne d'autre. Qu'il me dise qu'il m'aime depuis longtemps, mais qu'il ne me mérite pas, plein de trucs dans ce genre, mais mon esprit divague trop, on n'est pas dans un livre.

Moi: on s'assoit ici ? " dis-je en pointant le sol près du lac"

Il hoche la tête puis prend sa veste pour la poser sur le sol avant de s'assoir dessus pour ne pas se salir, puisqu'il reste de la place sur sa veste. Je me pose dessus et on est maintenant positionné l'un à côté de l'autre. Mon épaule touche le sien alors que nos jambes se frolent. Je remonte mes genoux à mon torse et pose ma tête dessus et profite de ce petit moment avant que plus rien ne sera pareil et San fais de même. Il doit avoir remarqué que si je suis aussi long à lui parler, c'est parce que ce que je vais dire est important. Il doit se rendre compte qu'un truc cloche pour que je soit aussi silencieux, mais il ne dit rien. Un des trucs que j'aime chez lui, c'est sa compréhension. Il va attendre jusqu'à ce que je soit prêt pour parler, alors on reste là en silence en contemplant les canards et le ciel qui s'ensombrit de plus en plus.

Une trentaine de minutes plus tard, le ciel est presque noir et si on oublie le fait que je veux lui dire que je l'aime, ça aurait pu être relaxant comme soirée. Je me demande dans quel état je vais rentrer chez moi, le sourire aux lèvres ? Ou les larmes aux yeux ?

Et sans que je m'y entende, une phrase sort de mes lèvres sans que je puisse m'en empêcher

Moi: j-je t'aime!

Un souffle coupé et un corps criser, dont le mien. J'ai entendu le souffle de San se faire couper au moment où il m'a entendu parler. Je rit intérieurement en pensant que je lui ai fait peur en parlant : il ne s'entendait pas à ce que je parle après autant de temps dans le silence.