ASMA AIDARA

9.

Salam aleykoum.

Ne penses pas que tu ne peux plus replonger dans le péché car tu es un saint maintenant....Sheytan l'avait été. Il ne l'est plus....

On n'est pas directement rentrées à la maison.
Non. Kira a décidé de jouer les aventurières.

Elle prend à gauche. Alors qu'on devait filer tout droit sur l'autoroute.

Moi : Tu fais quoi là ? C'est pas l'itinéraire que le Seigneur avait prévu hein.

Elle : Fais-moi confiance, ma belle.

Moi (en la regardant du coin de l'œil) : C'est pas comme ça que les gens disparaissent dans les séries Netflix ? "Fais-moi confiance"... La prochaine étape c'est quoi ? On se réveille dans un champ avec une chèvre et un sac de ciment ?

Elle éclate de rire sans répondre.
Je souffle, je m'enfonce dans le siège et je fixe la route. Mon cerveau refait le match.

Ahmad.

Ce gars.
Il croit que je suis qui ? Son camarade de daraa ? Il m'a humiliée devant les gens comme si mon prénom c'était "Silence".

Et Lamine ? Ce serpent qui se croit python. Il pense m'avoir. Moi. ASMA. Il a cru je suis une débutante ? Et en plus y'avait son copain là, l'autre possédé de la nuit...
Je voulais porter plainte mais imagine il est mort ce soir-là ? Et que c'est sur moi qu'on met ça ? Ma réputation est déjà fragile comme le menton d'un bébé. Un rien la casse.

Non... on aurait entendu ça aux infos. "Jeune homme retrouvé sans vie. Dernier contact : une fille avec du gloss et un regard de vengeance." C'est trop.

Je ferme les yeux et pose ma tête contre la vitre.

Kira : Réveille-toi bestiiie !

J'ouvre les yeux genre ralenti de film.
Et je vois. LE SALON. Pas n'importe lequel. Le temple. Mon havre. Mon paradis capillaire.

Moi : OMG Kiraaaaaa !

Elle (pliée de rire) : Y'a deux secondes t'étais en train de réciter ton testament là, maintenant tu chantes comme une fan de Wally Seck.

Moi (en détachant ma ceinture juste parce que la voiture allait me trahir avec son "tuuut tuuut") : Toi tu connais mon cœur. Allez ! Sors la clé ! Déverrouille cette porte, avant que je casse la vitre moi-même !

On sort. Je suis déjà en train de danser en avançant vers le salon.

Puis... je m'arrête net.

Moi : Minute papillon. Qui paye ?

Elle : Hein ?

Moi : Je dis, qui sort les billets ? Parce que moi, mon compte est dans le coma. Et mes poches sont vides comme la salle d'un cours de philo à 8h du matin.

Elle : Et l'argent que Oum Kalsoum t'avait donné là ? Hein ? Les 100 000 bien frais ?

Moi : Je les ai investis au McDo.

Elle : A'oundhou billahi minash sheytani rajiim !!! Tu veux dire que tu as utilisé 100 000 francs CFA... au McDo ? Quoi, t'as acheté la franchise ?! C'est toi qui finance Ronald maintenant ?!

Moi : Pardon ? Tu veux insinuer que je mens là ? Hein Kira ? Dis bien les choses qu'on se bagarre devant les gens.

Elle (en fermant la portière avec force) : Descends Asma. Allez, c'est bon. Je vais payer. Mais sache que je garde ça dans ma mémoire jusqu'à mon mariage.