Chapitre 1

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Andreï


La première note du piano résonne dans la salle, mes doigts courent sur le clavier. Jouer et chanter, c'est comme l'air que je respire. C'est ce qui anime mon âme qui me permet de ne pas devenir fou ou de me laisser aller dans la drogue et l'alcool.

Ma voix résonne en même temps que celle de mes choristes, puis le public reprend ma chanson en chœur. J'en ai des frissons tellement cette expérience est sans comparaison possible. J'en verse même quelques larmes, parce que c'est une preuve d'amour incontestable de mes fans. Je ne me sens bien que sur scène, qu'à cet endroit pour donner tout ce que je suis.

Fut un temps, j'ai vu l'horreur du monde et j'ai décidé que ce n'était pas pour moi. Tout ce dont je rêve c'est de distribuer de l'amour en pagaille. La vie est bien assez moche et tout ce que je veux c'est embellir celle de mes fans. J'aime aussi mettre des mots sur la douleur des humains, c'est comme une seconde peau.

Les notes me transportent, je me perds en elles parce que c'est ce qu'il y a de mieux pour tout le monde. Sans elles, plus rien n'a de sens ! Elles sont l'essence de mon existence, ma voix n'est faite que pour les sortir : envoûter, briser, réparer...

Les gens pensent que parce que je suis une star de la pop, je suis forcément heureux. Après tout, j'ai tout : les femmes, l'argent... Sauf que je ne suis pas de ces hommes qui se nourrissent de cupidité et les femmes pour la plupart elles s'intéressent à mon fric et aux tabloïdes. Je les évite, c'est ce qu'il y a de mieux et puis mon cœur est brisé...

Chaque jour, je me sers de cette douleur pour écrire, chanter et monter sur scène. Les gens sont persuadés qu'une peine de cœur peut se guérir, mais ce n'est pas toujours vrai. J'ai quarante un ans, il ne me semble pas être un jeunot. Mon esprit est plutôt sage, j'ai la tête sur les épaules comme le dit l'expression. Alors quand je dis que je n'aimerai plus jamais, ce n'est pas une blague. Je le sais...

La musique se termine et mon public hurle. J'affiche mon plus beau sourire sur mes lèvres, ma dépression attendra que je sois seul, pour me terrasser.

— Merci, déclaré-je, merci pour tout cet amour ! Gratitude for life !

Je viens d'entamer ma troisième salutation, je n'ai pas envie de partir, j'ai envie de continuer d'hurler ma douleur, mais mon temps est écoulé.

Je salue mon public adoré, puis je quitte la scène pour rejoindre les coulisses. Mon staff est en ébullition. Les membres de mon équipe me félicitent, je prends le temps de les remercier, je les connais presque tous. Je signe aussi quelques autographes parmi les VIP. Je finis par arriver dans ma loge, où un énorme bouquet de fleurs m'attend. Je m'en approche, mes doigts touchent délicatement les pétales d'une tulipe, mon odorat s'active. Ça sent bon et ça prolonge mon calme intérieur. Il est évident que je n'ai pas besoin de regarder la carte, c'est mon fan club qui me l'a envoyé comme à chaque concert.

Je souris en pensant à toutes ces merveilleuses personnes qui m'adorent. Si je pouvais, je les rencontrerais toutes. Il est certain qu'elles ont sûrement plus de soucis que moi. je culpabilise l'espace d'un instant de me sentir si mal lorsque je suis seul. Je secoue la tête, l'heure n'est pas à l'apitoiement.

Des coups frappés à la porte me permettent de me recentrer.

— Oui ?

— C'est moi, déclare mon manager.

Quill mon meilleur ami entre. Il me tend une bouteille d'eau avant de s'asseoir dans le canapé. Il patiente sans dire un mot. Quill est plutôt beau gosse, il arrive vers la fin de la trentaine, son corps est sculpté il s'entraîne pour ça. Ses cheveux blonds sont courts et brossés en arrière. Ses iris bleus sont un océan où la plupart des nanas se noient. C'est un tombeur si on se base sur son physique,mais dans la réalité il en est autrement. Ce mec est un célibataire endurcit, son ex femme lui en a tellement fait baver qu'il ne s'y risque plus.

Perdus entre les notes !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant