— T'as fini ta pause, Aylee ? C'est bientôt l'heure de pointe, y'a déjà cinq bouteilles de commandées, m'annonce l'une de mes collègues, Dawn.
J'acquiesce brièvement et me décolle du mur tagué des toilettes où je me suis posée quelques minutes. J'en suis à un niveau d'épuisement où j'essaie de fermer les yeux dès que j'ai un instant de répit, seule.
La porte qui ne verrouille pas étouffe à peine la musique de la boite de nuit où je travaille.
Je retrousse la micro robe blanche que je dois porter pour qu'elle arrive sur le haut des cuisses, sinon notre boss va me prendre la tête.
Je vérifie tout de même qu'elle ne remonte pas trop haut pour que les clients ne voient pas les marques à l'intérieur de mes jambes.
Je fais un pas vers l'extérieur de la pièce en grimaçant face à la douleur aigue provoquée par mes escarpins de dix centimètres qui commencent à s'user et me font des ampoules aux deux pieds.
Dès que je m'engouffre dans le couloir, Dawn bondit sur moi et m'enduit de la lotion pailletée et parfumée à la vanille dont nous devons nous recouvrir tous les soirs.
— T'as l'air crevée, relève-t-elle.
— Peut-être parce que je le suis.
On ne peut pas dire que Dawn soit une copine – nous n'avons pas le temps de sympathiser quand on travaille ici – mais elle et moi nous entendons bien.
Contrairement à moi, elle a choisi ce job de bottle girl et l'adore. Tout ce qui me motive, ce sont les très bons pourboires que nous récoltons après chaque nuit.
C'est l'histoire de ma vie, courir après le fric.
— Les filles, vous êtes où, bordel ?! mugit une grosse voix masculine de l'autre côté du couloir.
Dawn se précipite vers la grande salle du club et je la suis sans montrer que je rampe sous les ordres de notre patron, Ian.
Il m'adresse un regard sévère et réprobateur lorsque j'arrive à sa hauteur.
Rien de personnel, il est juste con. Il nous prend pour des robots et ses larbins, comme tous les employés de la boite. Mais il nous tient tous avec un salaire généreux.
— Si t'as pas envie de bosser, tu peux juste repartir, Aylee, crache-t-il devant ma mine blasée.
J'hésite à me moquer de son apparence de mafieux à deux balles, avec sa montre de luxe, sa chemise blanche Brunello Cucinelli et ses cheveux gominés en arrière. Il veut se donner un air de riche homme d'affaire pour plaire à tous ces clients friqués qui viennent dans sa boite de nuit.
— Depuis quand je suis obligée de jouer au rayon de soleil quand je suis en pause ? rétorqué-je en rajustant le décolleté de ma robe.
Il jette un œil dedans en me répondant :
— Si t'était pas canon, je ne te garderais pas.
— Waouh, c'est le plus beau compliment qu'on m'ait fait ces derniers mois.
Ce qui est presque la vérité. Minable.
Je remonte les marches qui mènent au club et pousse la porte donnant sur la vaste salle. Les basses font vibrer le sol sur lequel je marche, les spots lumineux virevoltent au travers des lieux.
Le Black Diamond est l'un des établissements les plus huppés de New-York. Des stars internationales s'y montrent régulièrement et les physio à l'entrée sont ultra sélectifs. Un simple cocktail sans alcool vaut minimum trente dollars.
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TREASON OF A HEART
Romance{EN COURS DE PUBLICATION} Depuis des années, Aylee se démène afin d'offrir une vie convenable à son petit frère et d'éponger les dettes de leur mère démissionnaire. Jonglant d'un boulot à un autre, la jeune femme s'inquiète de ne pas pouvoir le tire...