3. DARIO

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Les idiots sont toujours les plus difficiles à traquer.

Parce qu'ils n'ont aucune logique dans leur fuite, aucune cohérence, aucune réflexion. On ne peut pas essayer de penser à leur place, puisque le cerveau constitué de deux neurones ne pense pas.

La preuve, le pauvre type que nous poursuivons depuis un quart d'heure est en train de tourner en rond.

Je ne vais pas m'épuiser pour lui, j'ai d'autres choses à foutre.

Je m'arrête dans une ruelle et émets un sifflement sec avec ma langue.

Aussitôt, mes hommes stoppent leur poursuite et me rejoignent dans la chaleur moite de cette nuit newyorkaise.

Un filet de sueur coule le long de ma nuque tandis que j'ordonne :

— Livio, tu me trouves l'adresse de ce gars, je la veux dans moins de dix minutes.

Mon soldat acquiesce immédiatement et se met à pianoter sur son portable.

— Il nous le faut cette nuit, me dit Lorenzo en posant une main sur mon épaule, mon consigliere. On ne peut pas prendre le risque que les irlandais le trouvent.

— On l'aura cette nuit.

Je ne compte pas me prendre la tête des semaines pour débusquer un simple agent d'export de vingt-quatre ans.

Et un traitre. Leur sort est vite réglé avec moi.

On ne trahit pas la Famiglia. Et si on s'y risque, le seul moyen de se repentir est de verser le sang.

Un groupe de fille en robes de soirée pleines de strass traverse la ruelle et quelques-unes nous jettent des regards intéressés. Elles sont ivres et ne se gênent pas pour nous mater.

Soudain, j'aperçois le reflet lisse du flingue de notre plus jeune soldat.

— Renato, le réprimandé-je en lui intimant de le ranger d'un signe de tête.

À tout juste dix-sept ans, il a encore beaucoup de progrès à faire en termes de réflexes. Je l'ai fait venir ce soir car cette mission n'était pas très dangereuse.

L'adolescent écarquille les yeux, effrayé de m'avoir énervé, et s'exécute.

Je retiens un sourire, mais cela m'amuse à moitié qu'il soit aussi tétanisé quand je lui adresse un mot.

Je ne suis pas aussi cruel que ça. Quoique...

— On va en boite, vous nous rejoignez, les gars ? nous lance l'une des inconnues.

— Un autre soir peut-être, avec grand plaisir les filles ! leur répond Lorenzo avec un grand sourire avenant et charmeur.

Je lève les yeux au ciel. Il ne peut pas s'empêcher de draguer, même quand il bosse.

Leur groupe finit par continuer son chemin.

— T'as pas une fille qui t'attend dans ton lit ? lui lance Gabriele, l'un de mes meilleurs soldats et ami.

— Oui, et ? On n'a jamais assez de filles dans son lit.

Je m'apprêtais à rentrer dans leur conversation, mais Livio m'informe :

— J'ai son adresse, boss.

Deux minutes plus tard, nous nous dispersons dans deux véhicules et nous rendons à destination, un petit immeuble d'East Village.

Nous garons les deux berlines en double-file, nous avons les arguments pour ne pas que les flics viennent nous faire chier.

Comme prévu, l'employé des docks se pointe vite sans paraitre s'inquiéter que nous l'ayons suivi.

TREASON OF A HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant