TREASON OF A HEART

6. AYLEE

— Des types m'ont suivie, hier. J'ai besoin d'aide.

Je savais, avant même de prononcer cette phrase, que j'allais me ridiculiser.

L'officier de police m'examine sous ses lunettes de vue et pince les lèvres.

— Mais encore... ?

— Écoutez, je reprends avec le plus de calme possible parce que son air méprisant me sort par les yeux, j'ai été impliquée contre ma volonté dans un échange douteux. Et juste après ça, trois des types m'ont suivie jusqu'à chez moi.

Je passe la partie où je lui expose ma théorie complètement farfelue : que je me suis retrouvée mêlée dans leurs histoires de mafieux. Elle me prendrait définitivement pour une folle.

C'est juste le contexte de cette rencontre qui me fait délirer : un restaurant italien, quatre grands bruns ténébreux, mon esprit s'est emballé.

Mais on n'est pas dans un film, là.

— Sur le moment, insisté-je, j'ai eu peur et je n'ai pas pensé à filer dans un commissariat, et je me suis enfermée chez moi.

Puis je ne les ai plus revus, mais cela ne veut pas dire qu'ils en ont fini avec moi. J'ai passé la nuit à m'imaginer les pires scénarios.

— D'accord... vous avez les noms de ces hommes ? m'interroge la policière.

— Non...

— Des photos ? Une vidéo ?

Je ne réponds pas, réalisant ma stupidité. Qu'est-ce que je croyais ? Qu'ils allaient m'envoyer une protection policière dans la minute ?

Son expression s'adoucit.

— Je suis désolée, alors, on ne peut rien faire pour vous.

— Mais... vous n'avez pas un truc comme... programme de protection de témoin ou je ne sais pas...

— Ce genre de dispositif s'appuie sur des preuves, des faits. Pas des...

— Laissez tomber.

Je fais volte-face et m'éloigne sans un mot de plus.

Je hais ce type – leur chef, visiblement – qui m'a retenue clouée sur cette chaise, putain. Je le hais !

Pourquoi a-t-il fait ça ?

En marchant dans la rue, mes doigts effleurent ma cuisse là où les siens m'ont fermement serrée. Je ressens encore leur chaleur, leur autorité. Et ses hypnotiques yeux marrons striés d'un noir d'obsidienne profond m'ont hantée toute la nuit.

Et s'ils n'en avaient pas fini avec moi ? Et s'ils voulaient tous m'éliminer parce que j'ai entendu des choses confidentielles ?

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Il fallait que ce genre de galère me tombe dessus.

Tous ces gars transpiraient le danger. Le crime. La mort.

Je garde Evan ce soir, il n'est pas question de lui faire courir le moindre risque.

Mais comment m'assurer que ces psychopathes me laissent en paix ? Je ne peux pas vivre dans l'angoisse qu'ils me tombent dessus.

Puisque la police ne peut rien pour moi, je suis obligée de me tourner vers ma deuxième idée complètement insensée.

Toute la journée, j'ai réfléchi, pesé les pour et les contre, j'ai été distraite au Sky Inn tellement j'avais peur des représailles.

Je n'ai pas la force de continuer mon existence avec cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je dois éclaircir ma situation, sinon ça va me ronger de l'intérieur.