24. AYLEE

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Je déteste cette désagréable distance instaurée entre Dario et moi ces derniers jours.

J'ai l'impression d'être une simple colocataire, un fardeau qu'il doit surveiller coute que coute, et surtout de ne pas compter pour lui.

J'appréciais la relation naissante que nous tissions. Elle ne nous mènerait pas très loin, à cause de ce qu'il est, mais au moins j'avais un semblant de sérénité quand j'étais près de lui.

Je me contente donc de trainer avec Lorenzo. Enfin, je n'ai pas le choix puisqu'il a été désigné comme mon nouveau garde du corps.

— Tu n'avais vraiment aucune autre mission des plus importantes que de veiller sur nous ce soir ? l'interrogé-je en débarrassant le comptoir rectangulaire de la cuisine où nous venons de déguster nos plats chinois.

Le mafieux m'aide à nettoyer les lieux.

— Tu es une mission importante.

— Oui, oui, ou plutôt un caillou dans la chaussure de ton boss, marmonné-je avant de demander à Evan d'aller se laver.

Une fois qu'il a quitté la pièce, Lorenzo s'appuie contre le plan de travail en croisant les bras, un sourire taquin aux lèvres.

— C'est pas comme ça qu'il te perçoit, Aylee.

Je comprends à son expression que Dario lui a fait part de notre dérapage.

— Peu importe, tout ça pour dire que les choses seraient bien plus simples si on ne s'était jamais rencontrés.

Je me demande comment sera ma vie lorsque son conflit avec la Bratva sera atténué. Je retournerai chez moi, mon quotidien morne continuera, et ça ne me fait franchement pas envie.

Mais quoi ? Je ne vais pas restée liée à la mafia italienne juste parce que j'aimerais coucher avec son chef.

— Probablement. Tout ce que je peux te dire, c'est que tu n'es pas du tout un poids pour Dario. Au contraire.

Sceptique, je me place face à lui.

— Je croyais qu'il t'avait parlé de ce qu'il s'est passé entre nous.

— Il l'a fait.

— Donc il t'a raconté qu'il m'a royalement éconduite. Si ça c'est pas être un poids pour lui, je ne sais pas ce que c'est.

Lorenzo se mord l'intérieur de la bouche, plissant les yeux.

— Son rejet est... normal. Dario a des raisons qui n'appartiennent qu'à lui de... garder ses distances avec...

— Les femmes ? Et quoi ? Tu ne vas pas me dire que c'est un gars timide ?

Son ami glousse puis reprend son sérieux.

— Non. Ce que je vais te dire va te paraitre cliché, mais il a fait ça parce qu'il pense... te protéger.

C'est grotesque, et très énervant. Les hommes qui pensent tout savoir de nous et veulent à tout prix penser à notre place sont insupportables. Je n'imaginais pas que Dario était l'un de ceux-là.

Je l'ai chevauché sur son canapé, ce que je désirais était assez clair ! J'ai toujours su ce que je voulais dans la vie.

Je balance avec excès les déchets dans la poubelle de la cuisine américaine. Mon estime pour lui est en train de chuter.

— Il est comme ça, ajoute Lorenzo. Il a quelques... blocages qui font qu'il préfère rester seul.

Je me redresse vivement.

TREASON OF A HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant