13. DARIO

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— Tout est parfait. Faites en sorte d'arriver à la frontière mexicaine pour la passer à une heure de pointe, vous avez moins de chance de vous faire contrôler, j'avertis le conducteur en lui serrant la main.

Nous nous sommes retrouvés sur le parking d'une aire de camping en pleine forêt à deux heures de New-York afin de vérifier que la cargaison est conforme à mes attentes.

L'homme retrousse les manches de son t-shirt sur ses épaules à cause de la chaleur écrasante et expire la fumée de sa cigarette.

— Noté. Nos trois camions partiront ce soir et nous arriverons dans quelques jours. On vous prévient à la minute où les plants sont déchargés chez votre producteur, comme d'habitude ?

— Oui.

Je n'ai aucun doute que le boulot sera fait correctement. Nous travaillons avec lui depuis cinq ans. Il nous met à disposition certains de ses véhicules de transport afin d'acheminer nos marchandises jusqu'au Mexique. Nous le payons toujours à l'avance et il sait ce qu'il risque s'il tente de me trahir. Une seule tentative de sa part et nous le traquerons sur des milliers de kilomètres et à l'étranger pour le punir.

Je fais signe à Renato de lui remettre le petit carton contenant sa paie en cash.

Ces plants de cannabis venant d'Asie centrale sont les plus convoités du monde. Nous avons plusieurs hectares de culture au Mexique que nous avons obtenus grâce à un accord avec nos chers amis des cartels.

C'est l'un de nos business les plus lucratifs et les plus faciles à gérer.

Le conducteur referme les portes de son camion et nous salue. En retournant à ma voiture, la sonnerie caractéristique d'une réception de mail sur mon portable retentit.

Je serre les dents en voyant le prénom de Dimitri s'afficher.

— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande Lorenzo en se retournant parce que je m'étais arrêté.

— Ce bâtard de Dimitri m'a envoyé un mail.

J'ouvre le document.

— Il veut qu'on se rencontre, grincé-je en écrasant mon téléphone dans ma main.

Chaque entrevue avec lui finit généralement très mal. Au moins l'un de nous dégaine une arme.

— Où ça ?

— Au Black Diamond.

La situation ne pouvait pas être plus complexe. Au moins, dans un lieu pareil, on est sûrs que ça ne se finira pas en boucherie.

Mais s'il a eu des photos d'Aylee de la part de ses gars, tout est peut-être calculé.

— Ça ne nous coûte rien d'accepter, dit Livio. Cela permettra de mettre au clair ses intentions et ses futurs plans.

Je fixe le sol, en pleine réflexion.

— Il y a autre chose ? m'interroge Gabriele.

Lui et Lorenzo, qui me connaissent mieux que quiconque et ont donc décelé mon trouble, me scrutent.

— Le Black Diamond, c'est là où travaille Aylee.

Immédiatement, Gabriele affiche un air méfiant et cinglant. Mon consigliere plisse les yeux.

— C'est une taupe, Dario, c'est évident. La proposition de Dimitri ne peut pas être une coïncidence, avance Gabriele.

— Ça aurait été bête de sa part de nous mettre cette coïncidence sous le nez, dans ce cas, tempère Lorenzo.

Je suis d'accord avec lui. Et je ne tolérerais pas de m'être fait berner ainsi. Et tout simplement... je n'y crois pas.

Gabriele a une méfiance exagérée en toutes circonstances. Dans notre milieu, c'est important de rester sur ses gardes à chaque seconde, mais nous devons aussi apprendre à réfléchir et analyser les évènements et les traiter de la meilleure manière possible.

TREASON OF A HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant