23. DARIO

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— Que quelqu'un fasse cesser ses larmes de crocodile, marmonne Lorenzo tandis que nous nous tenons au milieu de Danilo.

Notre conversation est ponctuée par les faux sanglots de la femme de mon soldat tué hier soir par la Bratva.

Le cinquantenaire et elle ne se parlaient quasiment plus depuis des années mais, pour faire bonne figure, elle joue le rôle de la veuve effondrée devant la communauté.

Nous nous sommes rassemblés ici pour faire un point suite à l'attaque. Me tenant aussi droit possible pour leur montrer mon assurance, je suis en train d'étirer mes plaies et je sens déjà certaines d'entre elles saigner.

Quelques-uns ont déjà fait part de leur colère et leur incompréhension face à la situation. Je suis aussi remonté qu'eux, et je n'ai aucune réponse à leur donner.

Mon consigliere tourne la tête pour cacher son bâillement. Lui et Gabriele ont pris la route très tôt ce matin pour revenir vite à New-York.

— Il parait que Dimitri est dans tous ses états après la mort de Mikhail, me dit-il.

— Il peut ajouter ça à la longue liste qu'il tient des choses qu'il souhaite me faire payer.

Je me frotte le menton, pensif. J'hésite à annoncer dès aujourd'hui mes soupçons envers l'un d'entre eux, mais cela ne fera qu'ajouter une tension dans mes rangs, et on a pas besoin de ça.

— Devons-nous déployer le même dispositif dans le nouveau lieu où vous avez déplacé le container, boss ? me demande le père de Gabriele.

Je relève la tête et fais face aux regards interrogateurs et parfois sceptiques de mes soldats.

— Oui.

Je ne les ai même pas encore tenus informé de ce lieu après la courte nuit que j'ai passée.

— Est-ce vraiment nécessaire ? me demande l'un d'eux. Ça fait presque trois semaines qu'on l'a récupéré, tous les captifs ne sont-ils pas encore à l'abri ? Avez-vous parlé avec la maire ?

Celui qui est intervenu est l'un de mes lieutenants. Un simple soldat n'aurait pas osé me questionner avec autant d'impatience.

— Je la rencontre ce soir.

Elle m'a envoyé une réponse il y a une heure.

— Vous a-t-elle bien assuré qu'elle libérerait la totalité de nos prisonniers ?

Je suppose que ses préoccupations vont vers son frère, qui fait partie de ces prisonniers.

— Oui, affirmé-je.

Je leur cache que je n'ai que sa parole comme gage de promesse et que, souvent, cela ne suffit pas, hors de notre cercle.

Mais je connais la maire de New-York depuis dix ans et nos rapports sont bons, je sais qu'elle tiendra sa promesse.

Je m'entretiens avec mes lieutenants pendant un long moment et vais réconforter la veuve de mon soldat avec quelques phrases de rigueurs.

Je ne peux m'empêcher de scruter chacun de mes hommes dans cette pièce et de les imaginer en train de me trahir. Un sentiment de de rage se diffuse dans mes veines, je suis déjà en train de réfléchir au châtiment que le coupable recevra.

Je retourne ensuite auprès de Lorenzo à l'écart du groupe.

— Tu resteras avec Aylee ce soir ? lui demandé-je. Elle doit garder son frère, ils seront chez moi.

— Dario, t'en fait un peu trop, me réprimande-t-il avec une moue moqueuse. C'est une grande fille.

— J'ai reçu deux messages de menace de Dimitri pas plus tard que ce matin alors non, je n'en fais pas trop.

TREASON OF A HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant