7. DARIO

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Je m'apprête à laver le sang qui commence à sécher sur ma peau dans l'évier de ma cuisine quand on frappe à la porte.

Une seule personne ose me déranger après 21h chez moi.

Et le réceptionniste de l'immeuble n'aurait pas laisser entrer quelqu'un d'autre que Lorenzo à cette heure-ci.

Je prends un torchon afin de lui déverrouiller la porte et de ne pas salir la poignée.

Tout mon corps se tend lorsque je découvre Livio derrière mon consigliere.

Quelque chose ne va pas.

Ils avancent jusqu'au salon, avisent l'un de mes flingues posé sur le plan de travail de ma cuisine ouverte, puis le sang sur mes mains.

— On avait pas prévu d'exécution, il me semble, me dit Lorenzo. Qui est le malheureux ?

— La petite merde du Catania, les informé-je en passant mes bras sous l'eau. Et tu seras heureux de savoir que je ne l'ai pas tué.

Du coin de l'œil, je les vois échanger un regard.

— Mais bien amoché, j'imagine, relève Livio.

Tout comme Lorenzo, il est l'un de mes meilleurs amis et soldat, mais il a un gros défaut qui me donne envie de l'étrangler, c'est qu'il adore s'exprimer en sous-entendus.

Je sais très bien la question que cache sa remarque : pourquoi donnes-tu tant d'importance à ce russe à la con ?

— J'aime pas trop qu'on se foute de ma gueule, marmonné-je en frottant le sang sur mes phalanges.

— Si susceptible, raille Lorenzo.

Je lui balance le torchon à la figure.

Taillader les couilles de ce gars et graver mon nom dans la chair de son ventre pour qu'il se souvienne de ne plus m'emmerder était une punition tout à fait adaptée, selon moi.

— Qu'est-ce que vous foutez là ? leur demandé-je.

— Justement, commence mon consigliere en s'asseyant sur l'un des tabourets. Livio t'a dit qu'il a suivi cette fille et que les russes étaient eux aussi sur son dos. Hé bien figure-toi que le fils de Justin, l'un de nos hommes, est serveur là-bas.

— Je sais. Et ?

— Et, la fille s'est pointée au restaurant tout à l'heure.

Je m'immobilise.

— Elle voulait savoir comment nous contacter, lâche Livio.

Je coupe l'eau et me tourne lentement vers eux. Je m'appuie contre le meuble de cuisine.

Le souvenir de cette inconnue qui exsudait de fougue ne m'a pas quitté depuis hier.

Je l'admets, c'est exactement le genre de femme qui m'excite. Forte et fière.

Mais, putain, celle-là je sens qu'elle va nous poser des problèmes.

— Gabriele pense qu'elle pourrait être une agent infiltrée de la Bratva.

— Non.

Je n'affirme pas cela parce qu'elle est canon et que, dans un autre contexte, je l'aurais mise dans mon lit, mais parce que j'en doute vraiment.

— Le peu de fois où ils ont tenté d'infiltrer nos rangs, ce n'était que des membres haut-placés de leur groupe. Pour ça, ils ne feraient pas confiance à une étrangère.

Le boss de leur branche de l'État de New-York, ce putain de Dimitri Dolov, ne le permettrait pas.

Nous nous mettons régulièrement à jour concernant leur organisation et leurs membres les plus puissants et influents, grâce à nos propres espions, et cette fille n'en fait pas partie.

TREASON OF A HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant