8. AYLEE

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J'avais réussi à contenir ma peur jusqu'à ce qu'il me pose cette question.

Je savais que ça allait se finir ainsi.

Cet homme... je l'aurais supplié de me prendre contre le mur de cette pièce glauque s'il n'avait pas été un probable criminel.

J'avais un souvenir précis de ses yeux mais, dans ma confusion, je n'avais pas pris le temps de détailler son visage.

Sa mâchoire carrée recouverte d'un fin duvet de barbe, ses lèvres pleines, ses cheveux courts et noirs dont je devine les ondulations... mais surtout ce danger latent, cette brutalité qui émane de lui provoquent des réactions incompréhensibles en moi. Il a une petite cicatrice en arc de cercle près de la tempe, une autre verticale qui descend le long de sa gorge. Ses marques ne font que renforcer cette bestialité qu'il dégage.

Son acolyte, aussi beau et troublant que lui, n'apaise pas cette agitation dans mon corps.

Et je me rends compte que ma peur est là, palpable, mais qu'il y a autre chose qui fait trembler mes jambes, palpiter mon cœur plus vite.

Il y a un truc qui ne va pas chez moi.

Je déglutis et lui réponds :

— Quelque chose me dit que peu importe ce que vous allez me demander, vous le prendrez tout de même sans permission.

Une ombre passe sur le visage de l'homme en face de moi. Le chef de leur organisation, et j'aurais voulu avoir le courage de leur soutirer plus d'informations.

Quand j'ai évoqué la mafia, son copain a nié, mais la lueur dans son regard à lui m'a mis le doute.

C'est impossible... surréaliste.

Il fait un petit signe de tête à son complice. Le deuxième homme fait quelques pas derrière moi, puis j'entends le raclement de la chaise.

Je recule d'un pas, et c'est sur son torse musclé que je rebondis doucement.

Mon interrogateur fait un autre pas il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi.

Un courant de chaleur irradiant me parcourt.

— Et tu penses qu'on va exiger quoi de toi ? murmure-t-il en m'effleurant de son t-shirt noir.

Je vais peut-être passer pour une illuminée, mais pas question de rester muette. Alors je tente :

— Les hommes comme vous, je suppose qu'ils sont familiers avec les meurtres et le viol.

Ma voix n'est plus qu'un murmure.

Il échange un regard avec son ami par-dessus mon épaule.

Le bras de ce dernier me ceinture par la taille. Je m'attendais à plus de rudesse, mais son geste est étonnement doux.

Mon rythme cardiaque continue de s'emballer, et une pulsation nait entre mes jambes.

Le leader glisse une main sur mes côtes, au niveau de ma poitrine, et l'autre sur ma nuque.

Leurs parfums musqués m'enveloppent. Ce ne sont pas des hommes bien, je le sais pertinemment, et pourtant j'éprouve une vague d'apaisement, prise en sandwich entre eux deux.

Je contiens ma respiration erratique et l'envie de me frotter contre ces deux corps musclés.

Les lèvres du chef chatouillent mon oreille de façon délicieuse et il me dit :

— Peut-être, peut-être pas.

Sans comprendre ma réaction, je pose une main sur son pectoral, près de son cœur.

TREASON OF A HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant