TREASON OF A HEART

10. AYLEE

Je tente de retrouver un semblant de normalité dans mon quotidien le lendemain de ma rencontre avec Dario.

Je me rends au Sky Inn à pieds pour entamer ma journée de boulot. J'ai à peine fait cinquante mètres que je me rends compte qu'une grosse voiture noire aux vitres teintées me suit.

D'abord terrifiée, je me détends lorsque le conducteur entrouvre sa vitre et que je reconnais celui qui est en charge de veiller sur moi, Livio. Savoir qu'il est là, à proximité, durant tout mon trajet me rassure.

Je crois qu'ils ont pris mon cas au sérieux, mais je m'efforce de ne ressentir aucune gratitude envers ces types qui puent le danger. C'est à cause de Dario que je suis dans cette merde.

J'aperçois sa voiture quand je termine le travail en fin d'après-midi. Je me mets en marche et rejoins la station de métro pas loin de l'hôtel.

Quand je vois Evan patienter devant, je soupire. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de m'occuper de lui aujourd'hui, mais j'aurais vraiment voulu éviter devoir le prendre chez moi vu l'état actuel des choses. Sauf que ma mère ne nous laisse pas trop le choix. Elle m'a prévenue ce matin qu'elle faisait une fête à la maison ce soir et c'est inimaginable qu'Evan reste là-bas avec ses amis. Comme elle n'a aucune limite, je sais qu'il y aura de l'alcool et de la drogue, ce n'est pas la première beuverie qu'elle organise sans se soucier du bien-être de son fils.

— Tu as bien toutes tes affaires pour cette nuit et demain ? lui demandé-je en passant un bras autour de ses épaules.

— Oui.

Je presse le pas parce que je suis en train d'exposer Evan à de gros problèmes.

Quand nous passons la porte de l'immeuble, je vérifie que Livio est toujours là, et c'est le cas. Il est garé sur le trottoir d'en face.

Je me dépêche de conduire Evan jusqu'à mon appartement.

Pendant qu'il s'installe sur mon petit canapé deux places du salon, je me rends dans ma chambre.

Assise sur le rebord de mon lit, j'ouvre le tiroir du bas de ma table de nuit et sors d'un coffre l'arme que je conserve ici mais dont je ne me suis jamais servie.

Elle était à mon père et il l'a laissée à la maison quand il s'est barré, j'avais onze ans. Je l'ai trouvée et l'ai cachée.

J'attrape le revolver et sa boite de munitions. Mes mains sont moites autour de l'objet.

Je suis une personne téméraire, mais je doute d'avoir le cran d'appuyer sur la gâchette s'il se passait quelque chose. Toutefois, je suis prête à la garder près de moi pour me donner un semblant de réconfort cette nuit.

Je charge l'arme et la pose sous mon lit.

Quand je rejoins Evan, il est en train de se servir du jus de fruit dans ma kitchenette.

— Tu vas bien ? m'interroge-t-il en rangeant la bouteille dans le frigo.

Non, je me rends compte que je suis morte d'inquiétude parce que je suis poursuivie par des fou-furieux, qu'ils savent où j'habite et que mon frère se trouve désormais dans leur ligne de mire si jamais ils décident de me faire du mal.

— Oui, j'ai eu une longue journée, c'est tout.

Il vient s'assoir sur le sofa à côté de moi et commence à jouer avec ses constructions de lego.

Je tire mon téléphone de la poche de mon jean et ose taper dans mon navigateur web ce nom qui peuple mes pensées depuis hier soir. Ma curiosité me dévore.

Dario Vilanti.

Je n'ai pas besoin de chercher bien longtemps des informations sur lui, il y a quelques pages qui le mentionnent. Mais ce ne sont en rien des articles sur des supposées activités criminelles.