La situation ne pouvait pas être plus délicate que maintenant.
Gabriele et Livio se placent de part et d'autre de l'ilot de cuisine pour être sûrs de bien dissimuler le corps trainé derrière, et Lorenzo cache son flingue dans son dos.
Le gamin nous scrute, l'expression curieuse et pas encore effrayée.
Aylee est encore un peu en état de choc, je le vois sa respiration saccadée et rapide et à ses tremblements.
Je fais un énorme effort pour me détourner de son beau visage submergé par toutes ces émotions intenses et anarchiques.
Elle vient de tuer un gars, mais n'est pas accablée par ce qu'elle vient de faire. Tout ce que je décèle en elle... c'est de la colère, et de l'inquiétude pour le petit.
— On est venus aider ta maman, commence Lorenzo.
Le petit grimace.
— C'est mon frère, articule Aylee.
Oh. La ressemblance entre eux est frappant, en effet. Leurs cheveux blonds sont dans les mêmes nuances mais ceux d'Aylee sont bien plus clairs.
Je fais un signe de tête à mon consigliere pour qu'il tente de nouer un dialogue avec lui. Lorenzo aura bien plus de tact que si c'était moi qui ouvrais la bouche.
— Salut, je m'appelle Lorenzo, lui dit mon ami en s'approchant prudemment de lui.
Le petit interroge sa sœur du regard.
— T'inquiète pas, ils sont gentils, confirme-t-elle.
J'évite de regarder mes camarades pour ne pas rire de ce mensonge.
— Moi c'est Evan.
Tandis que mon bras droit lui pose quelques questions bateaux, je glisse à Aylee :
— Vous ne pouvez pas rester ici cette nuit. Ils ne vont pas vous lâcher.
— Et je fais quoi, alors ?
Ce qui lui arrive est ma responsabilité. Ce qui pourrait lui arriver dans le futur l'est encore plus. Je fouille ses beaux yeux bleus qui semblent inondés d'une colère sourde malgré leur douceur. Je suppose qu'elle me déteste, et c'est justifié.
— Je vais vous héberger, prépare quelques affaires.
Aylee me fixe d'un air ahuri.
C'est honnêtement la meilleure solution pour tout le monde. Je n'aurai pas à affecter des hommes à sa surveillance, et je serai certain qu'ils ne risquent rien sous mon toit.
Ce que je ne lui dis pas tout de suite, c'est que le mieux serait qu'elle reste chez moi à long terme parce que les russes ne vont pas renoncer à elle. Ils pensent à présent qu'elle est mon point faible.
Je n'ai pas de point faible, mais ça me ferait chier qu'ils lui fassent du mal et je ne permettrais pas qu'une innocente paie pour mes crimes.
Bien qu'une proximité avec une fille comme elle ne m'arrange pas.
— Je ne vais pas... je ne vais pas aller chez toi.
— Si. Fais ton sac.
Toute trace de confusion disparait et elle me fusille du regard. Je n'ai pas l'habitude qu'on discute mes ordres, et j'ai oublié qu'elle ne faisait pas partie de la Cosa Nostra. Pour autant, je ne vais pas la laisser épiloguer pendant des heures, j'essaie de la mettre en sécurité, merde !
Gabriele nous surveille près du comptoir. Il a dû entendre ma proposition et la réprouve, je le sais. Je n'ai jamais autant pris à cœur la protection d'une simple femme rencontrée dans un bar.
VOUS LISEZ
TREASON OF A HEART
Romance{EN COURS DE PUBLICATION} Depuis des années, Aylee se démène afin d'offrir une vie convenable à son petit frère et d'éponger les dettes de leur mère démissionnaire. Jonglant d'un boulot à un autre, la jeune femme s'inquiète de ne pas pouvoir le tire...