chapitre 19:

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…MK…

« Qu’est-ce que je suis en train de faire ? » Ma mère n’a plus que le prénom de Paul en bouche. Je me marie demain et j’ai l’impression de tomber dans un enfer. Peut-être est-ce pour cela que j'ai envoyé un message à Ana. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. Je ne retournerai pas au club, et une fois mariée, je crois bien que je n’y remettrai plus jamais les pieds.

La nuit enveloppe doucement la ville, et mes pensées deviennent aussi sombres que le ciel nocturne. Les lumières des réverbères filtrent à travers les rideaux de ma chambre, projetant des ombres dansantes sur les murs. Allongée sur mon lit, les yeux fixés au plafond, je suis incapable de trouver le sommeil. Mon esprit tourbillonne de pensées, un maelström d’émotions que je ne peux contenir.

Je repense à Ana et à ce que le club représentait pour moi. C’était plus qu’un simple lieu de rencontre ; c’était un sanctuaire, un endroit où je pouvais être moi-même sans jugement. Ana, avec son sourire chaleureux et son énergie contagieuse, m’a aidée à traverser tant de moments difficiles. Mais maintenant, tout cela semble si loin.

Demain, je serai mariée à Paul, et une nouvelle vie commencera, une vie qui ne laissera plus de place pour ces moments de liberté.

Je soupire et attrape mon téléphone sur la table de chevet. Le message d’Ana est toujours là, lu, une petite bulle de lumière apparait sur l’écran. « Je comprends, MK. Sois heureuse, quoi que tu décides. »

C’est alors que les souvenirs de Paul et moi défilent dans ma tête. Nos premières rencontres, les moments de complicité, les rires partagés. Pourtant, chaque image est teintée de doute et d’incertitude. Quand cette relation est-elle devenue une prison dorée ?

Le lendemain matin, je suis réveillée par la lumière du soleil qui filtre à travers les rideaux. Le jour J est arrivé. Ma mère frappe à la porte et entre sans attendre ma réponse. « MK, il est temps de te préparer. » Son ton est ferme, comme si elle essayait de m’empêcher de reculer.

Je me lève mécaniquement, mon corps se mouvant sans réelle volonté. La robe de mariée est étendue sur le lit, un symbole de pureté et d’engagement. Mais pour moi, elle représente un étau qui se resserre autour de mon cœur.

Une heure plus tard, je me tiens devant le miroir, vêtue de la robe immaculée, mes cheveux coiffés avec soin, et le maquillage camouflant mes cernes.

-         Tu es magnifique dit ma mère en ajustant un dernier détail.

Moi, je ne vois qu’une version de moi-même que je ne reconnais plus.

-        Je suis fière de toi, le régime a fonctionné et tu as réussi à perdre ces horribles kilos.

C’est la première fois qu’elle me félicite. Je suis surprise et je devrais être la persone la plus heureuse. J’ai attendu ce moment pendant des années. C’est étrange, car là je ne ressent que de la tristesse et du dégoût.

Mon père entre à son tour, son regard empreint de fierté.

-        Prête, ma fille ?

Je trouve ça hilarant, d’habitude c’est à peine si il me regarde. Et aujourd’hui j’ai l’impression d’être le centre du monde, ou du moins de leur monde.  Je hoche la tête, bien que chaque fibre de mon être hurle le contraire.

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