chapitre 9 : La fête

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...MK...

Ana s’était bien rétablie, c’est pourquoi j’étais de nouveau de retour chez moi, étendue comme une crêpe sur le canapé tout en regardant une nouvelle fois les petites annonces d'appartements.

Cela faisait un peu plus de deux semaines que Paul n'était plus revenu dans sa maison. Je ne voulais pas rester plus longtemps dans une maison qui n'était tout d'abord pas la mienne et vide qui plus est ! Niet ! Mon impression de solitude grandissait en moi et la taille de la maison n’arrangeait en rien cette sensation. Je regrettais de ne pas avoir écouté Win qui m’avait gentiment proposé d’être sa colocataire. Je l’ai envoyé paitre car je ne voulais pas être un poids pour lui et surtout abuser de sa gentillesse.

D’ailleurs, après mon pseudo kidnapping car oui on ne peut pas vraiment appeler ça kidnapping comme j’ai suivi volontairement le groupe de gars, je voulais rester seule et monsieur n’avait pas compris mon soudain besoin de solitude. Nous nous sommes peut-être disputés au sujet de mon refus en ajoutant à cela le fait que suivre de totaux inconnus dans la rue n’est pas une si bonne idée.

Après ça, le beau motard avait quitté la chambre en claquant la porte pour ne jamais y revenir. Je sais que je n’aurais pas dû l’embrouiller mais je ne suis pas une petite fille ! Merde. Je suis responsable !

Des trois mois déjà passés ici, j’en avais passé deux entièrement alitée car rien que le fait de me lever me faisait mal. Heureusement que j’avais le droit à un peu plus de déplacement à présent alors je m’employais à profiter un maximum de ma vie. Mais ma session de course dans les rues n’a pas arrangé ma situation. Les douleurs musculaires qui avaient suivi dans la soirée n’étaient pas du tout d’accord avec ce que je m’acharnais à faire croire. J’ai recommencé à souffrir le martyr et cela me mettais à fleur de peau.  Personne ne pouvait le comprendre. Mes muscles me menaient la vie dure depuis le championnat. J’avais interdiction de faire du sport et devais minimiser les efforts du quotidien, ce que je faisais bien évidement. « houu, la menteuse. »

L’alarme sur mon téléphone me coupa de mes songes et me rappela que dans un peu moins de deux heures, je devais être au club pour une soirée organisée pour un membre du club qui les rejoignaient en tant que véritable membre et plus en tant que prospect. Ana m’avait expliqué que les prospects étaient des personnes qui voulait entrer dans le club. Mais comme ils ne pouvaient pas faire entrer n’importe qui, ces gens devaient passer des tests pendant quelques temps pour faire leurs preuves pour pouvoir devenir un vrai membre.

Je ne connaissais personne d’autre qu’elle et Win. Et lui et moi n’étions pas en très bons termes pour le moment donc je n’étais pas tentée de venir. Mais Ana m’avait très vite dit que j’allais bien m’amuser et que c’était le moment pour elle de me présenter d’autres personnes. J’avais donc fini par accepter.

Me levant du canapé, j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir et une voix crier : « MK où es-tu ? »

- Ana, qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être au club ?

- Si logiquement mais comme je sais que tu n’as pas de voiture. Je viens te chercher. Un peu à l’avance mais je ne n’aurai pas su venir plus tard car on a encore beaucoup de choses à préparer.

-Je m’habille et j’arrive. Dis-je en montant les escaliers.

Je passai à la douche, mis un pantalon gris taille haute, un crop-top bleu ciel, mes fidèles Converse et mes bijoux porte bonheur que je portais une fois sur trois. Je les rangeais tellement bien qu’ils devenaient vite introuvables.

Je montai dans la voiture avec Ana et nous partîmes aux clubs. Là-bas, j’aida Ana, Stecy et d’autres filles que je n’avais encore jamais vu à préparer les encas pour ce soir. J’essaya de dialoguer avec Stecy mais à part des vents dignes de tornade, je n’eus aucune réponse, mais ce n’est pas pour autant que je m’en offusquai.

La musique augmenta et les personnes déjà présente dans la grande salle du club commencèrent à se tortiller, les corps bougeaient aux sons émis par les gros baffles. Et comme répondant à l’appel les derniers retardataires arrivèrent. Parmi eux, la seule personne que je ne voulais voir. Nos regards se croisèrent pendant un instant pour se détourner par la suite.

-        Il t’apprécie tu sais. Dit une voix dans mon dos.

-        Vous pensez ? Dis-je en me retournant. Tombant nez à nez avec un gars que je n’avais jamais vu.

-        Je ne pense pas. J’en suis sûr et les filles comme toi me dégoute.

-        Je... Je ne comprends pas ?

-        Arrête de jouer les innocentes, tu as réussi à te mettre Ana dans la poche avec tes airs de sainte nitouche mais c’est parce que personne ne sait pour toi.

Je me figeai automatiquement, est-ce qu’il sait ce qu’il m’est arrivé ? Non impossible ! Paul m’a assuré que personne ne connaissait les gymnastes. Il ne peut pas savoir. Cela ne sert à rien de stresser.

-        Je ne sais pas ce que tu me reproche. Et Ana est une bonne personne qui m’a aidé quand j’en avais besoin et je l’ai aidée en retour.

-        Ah ouais, Win est au courant pour ton mec ? hein, tu joues double jeu. Son air se fut de plus en plus dégouté.

Je suis figée. Il parle de Paul ? Comment est-ce qu’il sait ? Je n’ose plus rien dire. Il a raison, je n’assume pas, je prends la fuite quand ça m’arrange. D’ailleurs, c’est ce que je viens de faire à l’instant. Quand je l’ai revu prendre une inspiration pour continuer son plaidoyer. J’ai pris la fuite, toutes ses affirmations, bien que vraies, je ne veux pas les entendre alors j’ai fait ce que je sais faire de mieux, prendre la fuite. Ne pas me confronter au problème. C’est ce que j’ai fait avec mes parents, la danse et même Paul. Pour moi nous ne sommes plus ensemble mais je ne lui ai pas dit alors est ce que cela signifie que nous sommes toujours ensemble ? Surement…

Je revois le jour où tout m’a explosé au visage. Ça devait être l’un des plus beaux jours de ma vie… Et pourtant, il s’est transformé en mon pire cauchemar. Je me souviens que les spots lumineux renvoyaient différentes couleurs qui bougeaient au rythme de la musique. Mon esprit allait dans tous les sens. Je chronométrais tout, les pas que je faisais, ceux que j’allais faire, ne pas oublier de tendre les bras, les pointes de pied et surtout le sourire pour le jury et les spectateurs. Garder un visuel sur mon ballon, ma corde ou mon ruban. Ne pas oublier si ou ça. Un pas chassé, un grand écart, …

Tout allait bien, jusqu’au dernier passage avec mon cerceau, toute la pression était retombée dessus d’un coup. Mon corps avait commencé à tanguer, un brouillard me brouillais la vue. J’essayais de cligner un maximum des yeux pour garder le contrôle. Je n’avais pas le droit à l’erreur, pas après tous les sacrifices que j’avais fait pour en arriver là. Mais mon corps en avait décidé autrement. Il m’a laissé tomber, si près du but pour s’écrouler en plein milieu du tapis. Je me suis réveillée à l’hôpital en pleurs car je me souvenais de tout. J’avais lamentablement échoué. Comme elles me l’avaient dit, toutes. Cette année de compétition avait été un enfer.

J’avais énormément de mal à m’en remettre alors Paul m’a donc proposé de venir ici avec lui. La pression des journalistes, leurs articles à mon propos m’enterraient de plus en plus et mes parents et leur foutu mariage m’avais poussé à accepter.

Mais finalement j’étais plutôt contente car je me sentais bien ici. J’avais eu beaucoup de mal à m’adapter mais grâce à Ana tout se passait pour le mieux, enfin c’est ce que je pensais avant que ma relation avec Paul ne parte totalement en vrille.

Je pris le premier shot dans mon champ de vision et l’ai bu d’une traite. Je veux oublier ses pensées et quoi de mieux que l’alcool. Intérieurement, je sais très bien que ce n’est pas le mieux mais la musique, les shots que je venais d’enfiler à une vitesse folle et tous ces gens en transe m’ont fait disjoncter.

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