chapitre 16:

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… MK…

Ma vie était désespérante. « Qu’est-ce que tu as foutu, MK. »

Cela faisait 10 minutes que j’essayais des robes de mariée, avec pour spectatrice ma mère qui ne cessait de critiquer mon ventre « trop » gros, mes bras et mon visage bouffi. Un plaisir à entendre. Je crois que même la vendeuse ne savait pas où se mettre face à ses critiques. Elle me regardait de façon compatissante quand elle m'apportait les robes.

Je me regardais dans le miroir, chaque critique de ma mère résonnant dans ma tête. « Cette robe ne te va pas du tout, on dirait un sac. Essaie celle-ci, elle cachera mieux ton ventre. »

Je ne reconnaissais plus la personne que je voyais dans le reflet. Où était passée la détermination dont j’avais fait preuve hier ?

-        Pourquoi tu restes là à me regarder comme ça ? Essaie-la !

La voix de ma mère me sortit de mes pensées. Je pris la robe qu'elle me tendait et me dirigeai vers la cabine d’essayage, le cœur lourd. En fermant la porte derrière moi, j'éclatai en sanglots.

Win me manquait, pourquoi n’était-il pas présent au club ? J’aurai pu rester. S'il m’avait demandé de le faire. Même si son monde est différent du mien. Je ne savais plus quoi faire. Mon cœur avait mal d’être loin de lui, il me poussait vers lui. Je voulais le retrouver, mais la pression de ne pas décevoir ma mère était écrasante.

Je me débattis avec la fermeture éclair de la robe, mes mains tremblantes. Mes pensées dérivèrent encore une fois vers Win. Comment aurait-il réagi s'il me voyait là, dans cette robe de mariée ? « Ça le dégouterait, j’en suis sûre. Mon corps le dégouterait, les marques produites par mes changements rapide de poids lui ferait fermer les yeux. Et puis franchement, qui voudrait d’une femme incapable d’assumer ses choix et de les faire respecter ? »

-        MK, tu es prête ? La voix de ma mère était impatiente.

Je pris une grande inspiration et sortis de la cabine.

-        Voilà, c'est mieux dit-elle, une rare lueur de satisfaction dans ses yeux. Il faudra juste que tu perdes 2,3 kilos avant la cérémonie.

« Je le savais, ce n'est jamais assez pour elle. »

Me tenant là, devant le miroir, en robe de mariée, mais je ne ressentais rien d'autre que du vide. « Pourquoi fais-tu cela, MK ? » me demandai-je intérieurement. J'avais tellement envie d'entendre ma mère dire qu'elle était fière de moi, qu'elle m'aimait malgré tout. Mais chaque critique me faisait perdre un peu plus la force de me battre.

Mes pensées étaient un tourbillon de confusion. D'un côté, l'envie d'être aimée et acceptée par ma mère ; de l'autre, les sentiments que je ressentais pour Win. Je me sentais prise au piège entre deux mondes, incapable de choisir sans blesser quelqu'un.

La vendeuse ajusta la robe, essayant de masquer son malaise face à la tension palpable entre ma mère et moi. « Vous êtes magnifique dans cette robe, mademoiselle, » dit-elle doucement.

Je lui fis un faible sourire, mais mes yeux reflétaient mon désespoir. Comment pouvais-je trouver le bonheur dans ce mariage arrangé, alors que mon cœur appartenait à un autre ? Le poids des attentes de ma mère pesait lourdement sur mes épaules.

La journée d’essayages continua, et maintenant, il fallait trouver des chaussures. Le calvaire continua, chaque paire se fondant dans la suivante, chaque critique de ma mère me rongeant un peu plus. Mes pieds étaient trop petits et l’instant d’après j’avais des chevilles trop épaisses. Au fond de moi, je savais que je devais faire un choix. Mais comment pouvais-je choisir entre la quête de l'amour maternel et la recherche de mon propre bonheur ? J’avais toujours cet espoir qu’elle m’apprécie moi, sa fille.

En rentrant chez moi ce soir-là, je m'assis sur mon lit, le regard perdu dans le vide.

« Que vais-je faire ?»



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