Sixieme

9 0 0
                                    

J'aurai bien voulu arrêter d'écrire ce « livre », mais je suis résolue : le dernier chapitre, il sera joyeux.
Quand je suis rentrée en sixième, un mélange de peur et d'excitation me prenait. Cette impression d'être grande, d'être mature...
J'avais 10 ans, les autres 11 : j'ai passé une classe. Je pensais que ça me rendrai un peu spéciale : je ne suis plus juste la grosse, juste la moche, juste la pleurnicheuse. Non. Maman est fière de moi, et c'était tout ce qui comptait.
C'était 2020, et la plupart de mes camarades aimaient fortnite. Je n'ai jamais vraiment accrochée au jeu, même s'il est bien sympathique.
Beaucoup disais de ce jeu que, sans les personnes nées en 2010, qui sont bien trop puériles, serait bien mieux. Ces personnes furent alors cible de harcèlement.
Je suis née en 2010.
J'étais encore plus exclue qu'avant, et si je n'était pas externe, je pense que la petite fille que j'étais n'aurai pas pu supporter le poids immense de cette douleur.
Cette douleur creuse le gouffre immense entamé par les brimades sur mon poids qui était toujours d'actualité. Et je m'y suis perdue. J'ai atteint le niveau de profondeur on l'on ne retrouve plus rien d'autre que des idées noires, et ce n'est même pas le plus profond. Je m'étais finalement laissé couler, laissé fantasmer sur ma mort et ma souffrance, en me promettant de ne jamais toucher à une lame.
Bien entendu, quelques mois plus tard, cette barrière fut dépassé. J'étais plus « la 2010 » que « la grosse ».
Et si j'avais pu choisir, je ne serai jamais née.
Je m'étais promis de tout de même garder la tête haute, de ne pleurer que la nuit, seule. Je me souviens encore fixer le plafond, le visage noyée dans des regrets. Après tout, moche et détestée, à quoi bon continuer ?
Une part de moi était déjà morte, en particulier ce soir là, ou j'eu comme une vision de mon suicide. Un soir. Sombre. Pluvieux. Je me serai défenestrée par la fenêtre de ma chambre, donnant sur le parc. C'était la nuit, aux alentours d' 01 heure du matin. Et quelques minutes plus tard, un orage éclata. Je fondis en larme.
Je n'en parlais à personne. Honteuse, sûrement bien trop fière.
Un soir, lors d'une enieme insomnie, la paire de ciseaux me tentait. Je l'attrapa, et tenta de tracer trois traits. Je n'avais jamais essayé de céder à la tentation. Ils étaient à peine visible. Cette nuit la, je n'avais pas pleuré.
À cet période, ce fut la seule fois que j'avais céder à la scarification, aussi superficielle soit elle par rapport aux crises auxquelles j'étais sujettes il y a quelques mois... Quand il me restait un espoir à mes yeux aveuglés par le déni ou le malheur que je me suis créé...
Comment oublier ce soir, quand un groupe d'élèves m'avait pris par les cheveux, et frappées dans les casiers ?
Comment oublier, les moqueries dans les rangs ? Et en classe ?
Quelques mois plus tard, à travers une lettre, je laissais enfin mon cœur parler. J'y disais mes peines et mes inquiétudes, mes remords et mes envies d'en finir. Je donne cette lettre à maman. Trou noir. Je ne me souviens que d'avoir fini dans ce bureau malodorant, celui de la psychologue scolaire. Ce fut la personne la moins compréhensive que je n'eu jamais rencontré. Et ma peine s'accroît.
J'ai préférée garder mes fantasmes morbides pour moi, me confortant dans ma peine, certainement exagérée.
On me dit souvent que je suis trop sensible. C'est vrai. Mon cœur déborde souvent. Et j'en suis désolée.
J'étais agaçante, enfin plus qu'avant en sixième. Je ne connaissais ni Lola, ni Matheo, ni aucun amis de discord...
Je commençais à me noyer dans ma solitude ...
Pourtant c'est si lointain..
Pourtant je n'étais qu'une petite fille..

J'étais LA 2010, comme si je n'étais plus humaine mais une espèce à part, stigmatisée. Déshumanisée et surtout dans le dénie, je me disais que je n'étais que trop sensible. C'était aussi en grande partie pour cela que l'on me qualifie de folle. Pourtant, plusieurs personnes se sont ôté la vie, à cause de ces moqueries sur les personnes nées en 2010.
L'année d'après, on me chantait parfois dans les couloirs ces quelques chansons moqueuses et encore aujourd'hui, le fait que j'ai passée une classe fait partie des premières rumeurs à circuler lorsque les nouveaux arrivent.
C est dommage, je m'ennuyais juste. Tout m'ennuie de toute manière, mais je vivais l'école primaire tel une prison. Je pourrai dire cela aussi du collège, mais cette fois ci, j'ai de vrais amis avec qui purger ma peine.
Beaucoup de mes « amis » de primaire ne me parlent plus. Une partie dit que c'est qu'après que j'ai passé une classe, on s'est éloignée et d'autre disent que j'ai pris la grosse tête.
En primaire tout était plus simple, je me souviens encore de ce soir de CM1 où maman était venue me chercher, nous faisions la route avec Anthony et Léo. J'avançais devant avec eux, pendant que nos mères discutaient.
Cela devait être fin mars, j'ai sautée une classe le 02 mars 2020 (honnêtement, je m'en souviens juste parce que c'était l'anniversaire de mes 10 ans). Anthony m'avait fait promettre de faire un sorte que notre amitié reste la même : la promesse fut tenu, partiellement. J'ai l'impression que nous nous parlons bien moins, néanmoins, le feeling reste le même, et ça c'est vraiment chouette.
J'ai tendance à me mettre une pression de dingue pour les cours. Je dois réussir je n'ai plus d'autre option, car sinon, toute cette douleur aura été inutile. Je m'en veux énormément, et parfois le soir, ou au beau milieu de la journée, ça me fait pleurer. Et je pleure seule désormais. Alors pour toutes les vies que j'ai gâchée, abîmée, poussée à bout, blessée, je sauverai une vie. Je veux faire chirurgienne. Je dois faire chirurgienne. Je dois y arriver. Et j'y arriverai. Il n'y aucune autre issue. Aucune.
J'en fais des crises de paniques parfois : je tremble, je respire fort, j'ai l'impression de manquer d'air, et de mourir. C'est un peu nouveau pour moi : j'en ai fait quelques unes auparavant, mais c'était largement gérable seule. Désormais ça se complique, parce que quand j'en ressors, j'ai souvent la tête qui tourne, l'impression que je vais m'évanouir... je m'endors souvent rapidement après, surtout quand ça arrive la nuit. Ça me puise mon énergie. Quand ces grosses crises arrivent en journée, j'essaie de me débrouiller du mieux que je peux, et de retrouver mes esprits le plus vite possible. Je ne suis là que pour fonctionner. Rien de plus.




















































































C'EST PUTAIN D'ANGOISSANT TU SAIS TOUT DE MOI ET MOI RIEN JE SUIS SEULE SEULE AU MONDE DESORMAIS.









































mais ça doit d'arrêter.

Vie d'une adolescente dépriméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant