Quatrième

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Mon collège est assez petit ce qui fait que les bâtiments utilisées par les classes supérieurs à la cinquième sont localisée à quelques mètres du bâtiment des autres classes.
Le peu de gens avec lesquels j'avais su sociabilise n'étaient plus avec moi.
Il restait toujours Mathéo, certes, mais nous n'étions pas tellement proche à ce moment là.
J'étais seule, souvent dans les toilettes ou dans ce tunnel. Recroquevillée, je dessinais ou écrivait mes peines. Et le gouffre fut plus profond que jamais. Et depuis la sixième, je replonge dans la scarification, avant goût des crises ingérables que j'aurai un an plus tard.
Puis je me suis mise à en parler avec Mathéo, je ne me souviens plus trop du contexte.
L'année de quatrième fut mouvementé... maman qui tombe sur des textes... crises de paniques... troubles du sommeil ...
Une horreur.
Mais Mathéo rendait tout ça supportable.
Je rentrais de l'école, seule, et à chaque pas, mon corps me paraissait encore plus lourd...
Il m'arrivait de manger énormément pendant quelques jours, puis plus rien... comme pour palier à ce sentiment de vide ou de trop plein d'émotions.
Je m'enfermais dans la salle de bain, tentent de tenir debout, pencher sur le lavabo ou m'aggripant à la poignée de la porte.
Je voyais mon corps, mort, près des prises électriques et des cordes. Des fenêtres et des couteaux. Des escaliers et des poutres. Des routes. Partout. Partout...
Et une nouvelle part de moi me quitta, et je pleurais, et je pleurais... je sanglotais sans cesse, et je suppliais Dieu de me tuer de savoir que c'est proscrit.
Dans quelques moments de désespoir, je suppliait Mathéo de m'achever...
Je pleurais, je pleurais, je ne faisais que pleurer... jusqu'à ce que je tisse des liens avec Axelle.
Axelle était assez sociable, un peu le cliché de la fille populaire. Miss je sais tout...
Mais elle m'accordait de l'attention, et ce fut assez pour me redonner espoir...
Parfois, elle me fait des remarques sur mon acné, ou sur mon âge puisque je suis plus jeune que mes camarades de classe.
À cette période j'avais les cheveux très longs, et elle me taquinait avec sa paire de ciseaux, m'en donnant de petit coup sec dans le dos (cela ne me faisait pas mal).
Puis j'ai craquée, j'ai fondue un larme un soir chez moi. Je me revois tomber, littéralement, une fois dans ma chambre.
Je me sentais tellement mal ce soir là, j'allai vomir tant j'avais pleuré.
Quand je me suis levée, j'ai tout écris dans une lettre que j'avais donnée ensuite à un surveillant. De toute manière il m'a donnera au cpe à qui j'avais du envoyer mon journal intime ou je disais qu'il était inutile par rapport à mes idees noires. Dans ce journal je parlais aussi de Zoé, mais rien n'était fait. Et je commence à me griffer à sang. Quelques temps plus tard, j'entendis une discussion entre Axelle et une AVSH (vous savez, cette personne qui aide les élèves qui en ont besoin). Axelle disait de moi que je n'étais qu'une menteuse, que je l'accusais d'harcelement (terme que je n'avais jamais employé), que j'étais taré. L'AVSH, adulte je tient à le rappeler, soutenait ses propos et lui suggérant de parler moins fort, par peur que je les entendes.
Le soir, je fonds en larmes. Encore.
Le monde était plus que terne, il était gris.
Lorsque cette histoire fut bouclée, après la première fois en 6e, je pris ma paire de ciseaux. Je me trace alors une trentaine de traits sur l'avant bras gauche, pour me punir de pleurer pour rien, pour m'endurcir.
J'en parlais à Mathéo, et il incarnait mon dernier espoir. Il me répète que c'est pas de ma faute, il me le dit sans cesse...
Il rend tout ça supportable, et ça me donne l'impression de pas franchir ce gouffre seule, même si je ne peux plus lui en parler de mes soucis.
Au bout d'une semaine j'en ai parlée à ma mère. Je me suis faite engeuler, puis je suis passée a autre chose.
Ces petits traits, ce n'était rien par rapport à l'horreur qui apparaîtra sur mes cuisses quelques mois plus tard.
Un cpe qui ne comprends rien, un entourage fermé d'esprit... je n'avais que Mathéo. Mon gouffre gagna quelques mètres quand il eu enfin le courage de m'admettre que je l'agaçait avec mes questions existentielles, et le fait que je ne peux accepter que l'on m'apprécie. Il en a parlé à sa mère, qui a appelé mon CPE...
J'ai fondu en larme dans les bras de ma mère quand elle m'annonca que les services sociaux sont prévenues. Il ne peut pas être le responsable de ça. Quel égoïsme de ma part...
Et le gouffre s'approfondit...
S'il serait remplie d'eau, je serai noyée avant même d'y pénétrée : comme si j'étais conçu pour avoir mal.

Vie d'une adolescente dépriméeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant