Chapitre 24 : Ma faiblesse

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   Je trouve refuge auprès d'une statue représentant Zeus avec une immense éclair à la main droite qui semble être sur le point de me foudroyer, comme pour me dire qu'un être aussi médiocre et dénué de puissance n'a pas sa place à côté de lui, et que je ne vaux pas plus que les autres humains mortels. 

   Le roi des Dieux, roi du ciel et de la foudre. Personnellement c'est une des divinité que je déteste le plus, serait-ce un hasard ? je l'ai toujours haï pour son arrogance et sa cupidité. Evidemment quand on est le roi des Dieux, le plus puissant et quand on a réussi à enfermer son père dans le tartare et à le remettre à sa place,  sans oublier les nombreux titans et autres monstres, vous allez me dire qu'il a raison d'irradier d'une telle confiance en lui et d'une telle aura sans prendre en compte l'avis des autres ou essayer de comprendre ce qu'ils ressentent face à ses décisions. Beaucoup de gens disent qu'il vaut mieux avoir trop de confiance en soi que pas assez. Personnellement je ne suis pas de cet avis, je penche plutôt de l'autre côté de la balance. La confiance en soi elle se mérite, nous nous endurcissons avec le temps et les aléas de la vie. Avec le temps nous nous forgeons notre propre carapace, notre propre caractère, on ne dépend de personne, on apprend à se connaitre, c'est cela qui fait la différence. Il suffit juste de repenser au mythe de Narcisse pour voir le résultat d'une trop grande estime de soi. Il faut savoir mettre son orgueil et sa fierté de côté, pour faire de nous des êtres civilisés, raisonnants, raisonnables et raisonnées.

   Tiens, tiens cette pensée me fait drôlement rappelé à quelqu'un qui se résume à cupidité, vanité et excès de confiance en soi. Mais après tout, qui suis-je pour juger ? c'est vrai, après tout je ne suis que Patrocle, je ne suis pas le guerrier le plus puissant de Troie qui a combattu et tuer des innocents et qui a, sans oublier envoyé à proprement parlé son âme sœur dans la gueule du loup, voué à une mort atroce sans aucune issue. Il savait pertinemment ce qui allait m'arriver, mais il a choisi de m'y envoyer quand même pour sauver son honneur et sa réputation. Quel est ma place dans cette histoire ? son âme sœur ? sa marionnette ? son épaule ? son passe temps ? tellement de noms aussi dérisoire les uns que les autres me viennent à l'esprit. En faite, pour résumer le tout, je lui faisais juste pitié. Il me voyait comme un pauvre animal blessé qu'il faut soigner et choyer à son chevet. Tout ça pour ça. Perte de temps. Perte d'énergie. Perte de sentiments. Perte de confiance...

   J'aimerai quitter cet endroit et faire comme si rien de cette misérable aventure n'était arrivé. Mais c'est impossible. Quelque chose me dit que je suis voué à rester ici éternellement comme une âme en peine. Quel idiot d'avoir accepté cette quête, je ne suis qu'un bon à rien, un imbécile de première place.

    Pourquoi moi ? pourquoi Chiron m'a choisi moi au lieu de quelqu'un d'autre ? lui qui est un centaure et qui a entrainé des guerriers qui sont partis dans le tartare comme Héraclès par exemple, pourquoi ne s'en est-il pas chargé lui même après tout ? c'est vrai quoi je ne suis pas une dieu, ni une divinité. Je suis humain, et c'est dans ça que réside toute la différence.

   Je suis mortel, alors que Achille lui... mais tout le monde a une faiblesse n'est ce pas ? Par exemple, les Troyens ont choisi le mauvais cheval, Pandore a ouvert la boite... et Achille avec son talon.

   Une révélation me vient à moi, clair comme de l'eau de roche : si je suis autant affecté par ce flot d'émotions concernant un homme que je connais à peine, du moins dans cette vie, c'est peut- être parce qu'il en est une, il est MA faiblesse. Si je tombe, on tombe tous les deux, on ne peut pas être séparé l'un de l'autre, nous sommes une seule et même âme. Mon destin avec Bréseis est voué à l'échec depuis le début. Chiron m'avait dit un jour que la brume à l'effet et le pouvoir de faire croire aux humains ce qu'ils ont envie de voir. Aurai-je tout imaginer ? soit une famille idéale. Ma fatalité se résumerait donc à vivre une petite vie de famille tranquille bien au chaud comme tous le commun des mortels, alors qu'une autre vie peuplée d'aventures et de péripéties m'attend ? des bribes de souvenirs reviennent à moi ou je me rappelle toutes ces fois ou Bréseis souvent en pleine conversation semblait parfois éteinte, comme si elle était un simple automate obéissant à une puissance divine. Mais alors ma femme et mon enfant n'ont jamais existé ?

   Cette pensée me fait perdre l'équilibre, mes jambes me lâchent et je tombe par terre comme une quille, ruisselant de larmes. Jamais je n'avais éprouvé un tel chagrin et un tel désespoir. J'aimerai tellement que tout cela soit un cauchemar et de me réveiller dans mon lit à côté de ma femme. Faire comme si tout cela ne c'était jamais produit. Oublié pendant ne serait-ce quelques secondes ce voyage dans le temps, les dieux, Achille...

   En parlant de lui, je ne sais même plus quoi en penser. J'étais tantôt en colère, mais mon cœur divague de lui pardonner, quelque chose me dit que cette vie à ses côtés sera beaucoup plus plaisante que le vie des mortels. Toujours la même chose : manger, boire, dormir se reproduire, pour au final mourir.

   Une larme cavale dans le creux de mon cou, je ne prends même pas la peine de de l'essuyer. Il y a des jours ou tout n'est pas beau et rose dans la vie comme le dépeint aisément les livres, la vrai vie est plus brutale, plus dure, plus rude. La vie est injuste, semé d'embuches et d'embuscades...

    Une main s'abat avec prudence sur mon épaule, je n'ai même pas besoin de relever la tête pour savoir qui c'est. J'ai deux possibilités : soit je lui passe un savon et lui refait le portrait, soit je m'abandonne vénérablement dans ses bras et fond à chaude larmes comme je suis entrain de le faire actuellement.

Remember Me PatrochilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant